Les françaises allaitent encore trop peu de temps
La durée du congé maternité, l'influence du père et le manque d'information seraient responsables d'un temps d'allaitement estimé trop court par l'Organisation Mondiale de la Santé. Un allaitement devrait être poursuivi exclusivement pendant 6 mois puis partiellement jusqu'aux deux ans de l'enfant.
La France mauvaise élève de l'Europe
En effet, selon l'étude Elfe sur la durée de l’allaitement publiée ce mardi dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), les françaises allaitent en moyenne 7 semaines, une durée parmi les plus courtes d’Europe.
« Dans les pays nordiques, la durée de l’allaitement est plus longue parce que celle du congé maternité l’est aussi », explique Sandra Wagner, chercheuse à l’Inserm et auteur de l’étude.
Toutefois, les femmes en congé parental allaitent plus longtemps que celles qui ont repris le travail, de même que les mères cadres ou celles qui ont suivi des séances de préparation à l'accouchement.
Selon l'étude, « la reprise du travail peut être un frein à l’allaitement ». A ce moment là, les femmes préfèrent donc sevrer leur bébé ou passer à un allaitement mixte, qui associe le sein au biberon.
Le manque d'information nuit à l'allaitement
Le rôle du père est également un facteur important dans la longévité de l'allaitement. Si, comme l'affirme Sandra Wagner, « sa présence à l’accouchement est associée à un allaitement plus long », sa position sur l'allaitement va également influer sur sa durée.
On remarque d'ailleurs que la pratique de l'allaitement est plus longue lorsque le père, ou les parents, sont issus d'un pays ou il est pratiqué avec naturel.
Le manque d'information et l'angoisse des mères sur la pratique est aussi un frein. Les femmes craignent souvent que leur lait ne suffise pas à nourrir leur bébé, en particulier les plus jeunes, de moins de 30 ans ou celles qui n'ont pas fait d'études supérieures.
« L’allaitement est recommandé pour la santé du bébé, c’est scientifiquement admis. Mais certaines mères ne veulent pas, ou ne peuvent pas allaiter, et ressentent une énorme pression de leur environnement. Mon travail consiste aussi à déculpabiliser ces mamans : il vaut mieux un bon biberon qu’un mauvais allaitement », reprend la chercheuse.
* L’étude Elfe a suivi plus de 18 000 enfants nés en 2011 dans 320 maternités françaises sélectionnées de manière aléatoire. Les informations ont été recueillies auprès des mères par un entretien à la naissance, par téléphone et par des auto-questionnaires mensuels.