AAD : la naissance de Sanaha (Page 4)

Attention, récit-fleuve ! La naissance de Sanaha racontée par Aurore, c’est un long et merveilleux voyage qui s’est déroulé à domicile ! Un récit d’AAD très détaillé, qui profitera à toutes, même à celles qui n’envisagent pas d’accoucher chez elles : toutes les phases du travail, le ressenti précis des contractions, les trucs et astuces de cette maman pour gérer au mieux la douleur en l’absence de péridurale, et toutes les émotions qui vous submergent : un témoignage précieux !
AAD : la naissance de Sanaha
AAD : la naissance de Sanaha

Puis je me dépêche de rentrer dans l'eau, j'enlève ma tunique pratiquement dans l'eau tellement que je suis pressée, il est 10 h. Que c'est agréable cette chaleur sur tout mon corps ! Je sens que mes muscles se détendent encore plus. Ah tiens, une contraction, on va voir si ça me soulage encore plus. Elle paraît moins forte. Je suis totalement plongée dans l'eau, allongé sur le coté, collée aux parois de la piscine. Je pars dans ma bulle, je flotte, une vague qui monte doucement, et moi qui me balance à l'aide de mes mains, je me sens en lévitation. Le son "Mmmmm" est toujours présent. Entre chaque contraction, maintenant, je n'ai plus du tout envie d'aller aux toilettes. Tant mieux, ça n'aurait pas été pratique ! Je ferme alors les yeux pour me reposer.
 
J'entends parfois un bruit de fond : mais oui, c'est bien de la musique, la playlist que j'ai sélectionnée ! J'entends aussi la sage-femme et mon homme qui murmurent un peu, mais je repars vite dans mes pensées, l'eau qui est chaude contre moi, mon bassin qui s'ouvre et mon bébé qui sera bientôt là ! Un air me vient en tête entre les contractions, "Sache que". Ça me motive. Je me laisse totalement aller. Parfois j'entends la sage-femme parler et je réponds.. On me donne de l'homéo, afin d'aider le travail et la douleur. Je me sens bien.
 
Je commence à changer de son, mon "Mmmm" passe à un "Ooooo" bien grave et profond. Les contractions sont plus fortes. La position allongée dans l'eau sur le côté devient un peu dure à supporter. Je n'ai pas réussi à me mettre dans ma bulle. Dans ma tête, je m'entends dire "Oh non ça fait mal !". Oh non… Je me repose très vite dès qu'elle est passée. Mais j'en sens une qui revient. Oh non ! Je sens des mains qui m'agrippent le bassin et qui me font basculer tout doucement à genoux. Je me laisse faire, car même si la contraction m’envahit et que la douleur est très forte, je fais tout mon possible pour garder mon bassin détendu ! J'arrive donc à quatre pattes, je mets ma tête à moitié dans l'eau, je recherche la chaleur de l'eau pour me reposer et me laisser bercer par les vagues de mon corps.
 
Chaque moment de calme, je le prends et me ressource avec. Je sens une nouvelle vague, je me concentre dès son arrivée, il faut absolument que je continue à gérer mes contractions, je sais que j'en ai encore pour un moment. La position me soulage, c'est incroyable ! Je peux continuer mes "Oooooo", mon balancement, je re-rentre dans mon monde. Je sais que tout est géré autour de moi, je n'ai plus qu’à me concentrer sur ce petit être qui travaille très bien.
 
Je sens des mains sur mes reins, ces mains appuient lors de la contraction et me bercent dans l'eau lorsque tout s'arrête. Je n'ai même plus besoin de faire d'effort pour me bercer ! C'est magique. Je ne sais pas qui me tient. Je pense au début à la sage-femme, mais je me rends compte plus tard que c'est mon homme qui, à genoux, ne me lâchera pas une minute (ou presque). La douleur étant redevenue à peu près gérable, je repars dans ma bulle. J'entends toujours un petit fond de musique par-ci par-là, la douce voix de la sage-femme qui m'encourage, j'entends aussi qu'elle prépare l'arrivée du bébé, quelle pose des questions à Nicolas. Mais je ne suis pas capable et je ne veux pas écouter.
 
Il m'arrive d'entendre que la sage-femme et mon homme m'aident pour les sons. Ils me guident quand parfois je me perds. Mon homme me dira plus tard que ça se sentait quand je me concentrais un peu moins, et que du coup, ils faisaient le son pour me recaler. Ça a super bien marché, puisque qu'à chaque fois, je me suis remotivée !

Je contrôle l'heure, il est 11 h 30… Je suis fatiguée, ça devient douloureux. Il faut absolument qu'on m'appuie très fort au niveau des reins. Qu'est ce que ça peut faire mal ! Je me répète plusieurs fois la même chose dans ma tête en même temps je fais des sons, ça me permet de me concentrer. Je m'entends dire : "J'ai mal, mon dieu que ça fait mal !", "Allez allez allez !", bref des petits mots… On me dira plus tard que j'en ai dit plein à voix basse, que je marmonnais en fin de contraction, répétant plusieurs fois la même chose. J'ai les yeux pratiquement tout le temps fermés… Je dis du charabia comme pour enlever toute cette douleur accumulée en quelques secondes. Une fois partie, je me repose et respire.
 
Je contrôle par moi-même plusieurs fois où j'en suis, afin de me motiver, de sentir ce bébé avancer. J'ai senti la tête, la poche des eaux, et ce col, qui entoure encore la tête de mon bébé. Je demande une vérification, elle me confirme (même si je sens que la position devient acrobatique pour elle) que je suis à 6-7 d'ouverture… Je suis un peu déçue, car j'ai mal, et le temps semble avoir ralenti. Je me remotive, c'est pas si terrible que ça, j'arrive à bien respirer entre les contractions. Cette absence totale de douleur est tellement agréable ! Je la savoure.
 
A chaque contraction, je me dis : "Allez, on approche, ça monte ça monte, ouvre-toi !". Je fais tout mon possible pour m'ouvrir ; c’est dur, mais je sens que ça m'évite bien des douleurs ! Je me fais surprendre par 2 ou 3 contractions, qui sont arrivées plus vite que prévu, je ne suis donc pas dans la bonne position, celle qui me soulage, je suis déconcentrée ! Ça fait 2 fois plus mal, j'entends les sons de ma sage-femme et de mon homme, je me concentre dessus mais c'est dur, je ne vais jamais tenir ! Ouf, ça repart, je suis à moitié en train de chouiner, je ne vais jamais y arriver, c'est trop douloureux… Mes reins me font très mal. Je sens que le bébé est derrière et qu'elle pousse à chaque contraction. Heureusement que mon homme m'appuie fort, très fort, comme pour aider bébé à descendre. Je contrôle mon col, je ne sens plus rien, mais je ne suis pas sûre, je sens cette poche des eaux très bombée et la tête de mon bébé juste là, derrière, elle est proche ! Mais la contraction suivante arrive, j'ai mal, je fais tout ce que je peux pour essayer d'ouvrir mon bassin et ne pas bloquer le travail. La pause est courte, mais tellement bien, que dès que je sens la contraction suivante qui arrive, je dis à voix haute : "Non pas encore, c'est trop tôt !" (J’aurais aimé faire une sieste !). Je veux qu'elle contrôle, que cette poche des eaux se perce, je veux accoucher, j'en ai marre, ça fait mal !!! Je crois que je suis en pleine phase de désespérance, enfin j'espère, parce que sinon, c'est sûr, je ne tiendrai pas ! Je me remotive pour 2 contractions, en me traitant de douillette : "Allez, tu vas pas chouiner pour si peu, c'est qu'une contraction ! ". Ça ne marchera pas pour la 3e, je m'en fous d'être une douillette, j'ai mmmaaaalll… Tout en gardant mon bassin ouvert, je pousse mon son au plus profond de mon corps ; j'ai l'impression que je vais réveiller tout le village (mais on me dira que non, mon son était parfait, fort mais régulier et que c'est sur un "si" que je chantais mon "Oooooo" !). Bref, panique totale dans ma tête, je parais pourtant sereine à l'extérieur, à part mes murmures ….
 
Elle me contrôle donc, me dit qu'il reste un tout petit peu de col, que je gère très bien, que bientôt bébé sera là. Mais je suis obsédée par cette poche des eaux, je n'arrête pas de me dire que la petite ne sortira jamais tant qu'elle n'est pas rompue. Elle sent mon désespoir et me propose de la rompre… Merci, merci, je n'osais pas demander ! Elle perce donc la poche des eaux pendant une contraction, et me dit que finalement la poche s'est rompue en même temps… J'ai encore plus mal, quand la poche s'est rompue j'ai eu l'impression de hurler de l'intérieur…
 
Allez, maintenant que cette poche est partie, je sais que c'est pour bientôt. Je ne trouve pas ma position. La sage-femme me demande si je veux sortir de l'eau. C’est hors de question ! J'ai tellement peur d'avoir encore plus mal ! Je demande un peu plus d'eau chaude, mon homme s'absente donc pour en remettre, je regrette, où sont ses mains qui me soulageaient les reins ? la sage-femme voit que ça ne va pas et prend vite le relais. Ouf, ça va mieux ! Mon homme revient, reprend le relais. Je me tords un peu dans tous les sens dans la piscine à la recherche d'une bonne position, je prends appui sur la piscine de mes 4 membres, je pousse tant que je peux les bords, la vague se retire ; je souffle, soulagée, comme si de rien n'était. J'essaye de me remettre à 4 pattes afin de me libérer le bassin et faire descendre le bébé. La position ne me convient plus du tout, j'ai mal, la sage-femme ne voit rien, en plus. Elle me tourne délicatement dans l'eau pour que je me retrouve sur le côté, oh non, ça fait trop mal, je n’ai pas assez de souplesse pour cette position, je ne sais pas si c'est la contraction ou mon manque de souplesse qui me fait le plus mal ! Je me mets donc sur le dos, bassin en bas, jambe en appui sur les bords de la piscine, semi sur le côté (ok, je pense que personne ne va comprendre la position, mais c'était assez particulier !) et j'attrape le cou de mon homme.
 
Maintenant j'ai besoin de pousser à chaque contraction pour me soulager et pour continuer d'ouvrir mon bassin. Je revérifie, je sens bien la tête, elle est presque là. Ça fait mal, mais c'est bientôt fini. Je m'accroche à mon homme, pense à ce bébé qui descend, pense à ouvrir mon bassin et à le laisser souple, je pense toujours à mon son (il ne m'aura pas lâché d'une contraction !), il devient "Aaaaaa". Je pousse, il faut que je pousse, ça soulage. Je me repose, respire pendant que je ne ressens plus ces douleurs. Je marmonne encore des choses pas très compréhensibles. Je pousse, je pousse à chaque fois, jusqu'à ce que je sente sa tête s'engager vraiment ! Mon dieu, que ça brûle ! J'étais au courant de cette sensation, mais je pensais que, dans l'eau, je ne l'aurais pas… Grossière erreur. Ça me brûle, ça pousse, ça sort ! Elle arrive, il faut absolument que ça aille vite, ça fait trop mal ! Je suis motivée, ce n'est qu'une question de minutes.
 
Je pousse, je touche sa tête entre mes cuisses, je pousse, la tête sort ! Mon dieu que ça fait du bien ! Je n’y crois pas, ça soulage, merci merci merci ! Je souffle, j'entends mon homme sourire de joie, la sage-femme a plongé la main dans la piscine, afin de réceptionner bébé, mes bras étant autour du cou de mon homme, et mon homme entrain de me soutenir ! La petite a deux tours de cordon autour du cou, et une bretelle qui lui sert de ceinture de sécurité ! Le cordon est long, la petite n'est donc pas étouffée, juste emmitouflée. Une autre contraction arrive, je pousse, elle glisse et se loge directement sur mon ventre.
 
Publié le 16-09-2013 à 10:58 | Mis à jour le 18-05-2018 à 20:59 | Rédacteur :
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2 commentaires

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  • angely49
    angely49 - Il y a 11 ans

    Joli récit et félicitations à toute la famille !

  • Anna012
    Anna012 - Il y a 7 ans

    Coucou les filles, je m?appelle Perle. J?ai 38 ans et je me suis mariée et j?ai fais 4 ans sans avant quand bien même je me pressais à cause de mon âge. Entre 28 et 30 ans, j?ai subi deux IVG. Quand je me suis mariée j?ai fait des fausses couches à plusieurs reprises. Ces deux évènement ont causé un dysfonctionnement de mes ovaires. Pour avoir recours au don d?ovocyte ma gygy m?a orienté vers l?Ukraine dans une clinique à Kiev. C?est là j?ai eu ma petite jolie fille.

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