Les couples homosexuels condamnés à adopter des enfants « dont personne ne veut » ?
Les homosexuels sont « eux-mêmes un peu atypiques par rapport à la norme sociale mais aussi à la norme biologique donc il faut que leur projet [d'adoption] supporte des profils d'enfants atypiques, un enfant dont personne ne veut ».
Cette phrase prononcée au micro de France Bleu Normandie par Pascale Lemare, responsable du service adoption du département de la Seine-Maritime a fait bondir les associations.
D'autant que la déclaration concernant l'adoption par des couples homosexuels ne s'arrête pas là. Pascal Lemare poursuit, en déclarant que les couples gays ne sont pas prioritaires. S'ils veulent tout de même se lancer dans un process d'adoption, il faudrait qu'ils soient prêts à accepter un enfant « atypique », « puisqu'il y a des gens qui ne veulent pas adopter des enfants trop cassés, trop perturbés psychologiquement, trop grands, handicapés... Ces enfants-là ont des perturbations qui ne sont pas recherchées par les couples et c'est normal ».
L'indignation et la condamnation
Cette déclaration a provoqué un tollé. Le président du conseil départemental de Seine-Maritime, Pascal Martin, « condamne ces propos avec fermeté ».
L'Association des familles homoparentales (l'AFDH) de son côté, a annoncé avoir déposé une plainte. « Cette plainte vise la responsable du service adoption de Seine-Maritime, directement. Nous l'attaquons pour discrimination. L'adoption est difficile de manière générale, mais pour les familles homoparentales, elle l'est encore plus » indique Alexandre Urwicz, le président de l'Association. Il poursuit : « Tout ça c'est de l'homophobie, cela relègue l'idée qu'on serait des sous-citoyens, qu'on devrait passer après tout le monde ».
Le Défenseur des droits, Jacques Toubon, s'est également saisi du dossier. Dans un tweet publié mardi 19 juin, il déclare : « Les enfants sont égaux. Et toutes les familles aussi. Le Défenseur des droits se saisit d'office afin d'enquêter sur les pratiques du service d'adoption du département de la Seine-Maritime.
Les couples homosexuels discriminés face à l'adoption ?
Les couples gays qui souhaitent adopter semblent faire face à un véritable parcours du combattant. S'ils souhaitent adopter à l'étranger, plusieurs pays refusent d'ouvrir l'adoption aux couples de même sexe. Seuls 27 états l'acceptent.
En France, il n'existe pas de chiffres officiels permettant de connaître le nombre d'adoption. Cependant, les associations constatent des difficultés plus importantes chez les couples gays, qui se tournent finalement vers la PMA, dans le cas de couples lesbiens ou vers la GPA. Certains couples adoptent même seul pour se marier ensuite avec leur conjoint.
Pour contrer cette possible discrimination, l'Association des familles homoparentales réclame depuis plusieurs années l'anonymisation des dossiers d'adoption.