Informer les patientes sur les risques liées au déclenchement de l'accouchement est une priorité
Le congrès GynMonaco 2015, qui s'est tenu du 11 au 13 juin dernier, a accueilli le gynécologue lyonnais Jean-Michel Dreyfus, qui est revenu sur les conditions légales à appliquer lors du déclenchement d'un accouchement.
Les déclenchements, une pratique à risques
En hausse constante depuis les années 2000, les déclenchements de l'accouchement représentent presque un tiers des accouchements (22,7%). Cette pratique, qui se banalise, n'est pourtant pas dénuée de risques. Les cas de morbidité maternelle et néonatale qui en découlent ne sont pas rares et surtout, le nombre de césariennes s'en retrouve presque triplé.
Pourtant, les patientes sont souvent mal informées de ces dangers. « L'information doit être orale et écrite. La fiche d'information doit préciser ce qu'est un déclenchement et mentionner les motifs médicaux ou de convenance, ainsi que les risques de contractions violentes, de césarienne et de rupture utérine », rappelle le docteur Jean-Michel Dreyfus, membre de l'Association de prévention du risque opératoire (Asspro). De plus, la patiente doit donner son consentement par écrit et son dossier doit rendre compte de toutes les étapes qui ont conduit au déclenchement.
Un travail en équipe
L' équipe qui encadre un déclenchement est également essentielle : sages-femmes, gynécologue, anesthésiste et pédiatre, tous ont un rôle à jouer qui doit être clairement défini.
« La décision du déclenchement appartient à la sage-femme, avec le contrôle du gynécologue obstétricien », reprend le gynécologue. « L'examen du col est à réaliser systématiquement au début du déclenchement. C'est également à la sage-femme d'évaluer les difficultés pouvant survenir pendant l'accouchement. »
Lorsqu'un déclenchement est réalisé sur un utérus cicatriciel, le gynécologue doit pouvoir être présent dans un délai de 10 à 15 minutes, car le recours à une césarienne en urgence est fréquent.
De plus, le contrôle de la mère et du fœtus à travers des écrans de contrôle centralisés est cruciale, le rythme cardiaque fœtal doit, par ailleurs, être surveillé en continu.
Un déclenchement ne se décide pas au hasard, il doit se justifier par un dépassement du terme (à partir du sixième jour après 41 semaines d'aménorrhée), une rupture prématurée des membranes, un diabète mal équilibré, des grossesses gémellaires, un retard de croissance intra-utérin ou une pré-éclampsie.
Le docteur Jean-Michel Dreyfus a insisté sur le respect de ces conditions. En effet, les gynécologues doivent fréquemment se défendre face à des plaintes qui indiquent des manquements à ce protocole.