Déni de grossesse : une étude dérangeante
Les faits divers de ces dernières années ont abondamment relayés des cas tragiques de dénis de grossesse, débouchant sur le meurtre de l’enfant dès la naissance. Mais une étude vient ébranler ce schéma : la plupart du temps, le déni de grossesse ne serait pour rien dans ces drames…
Selon le docteur Anne Tursz, pédiatre et épidémiologiste de l’Inserm (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale), presse et avocats ont évoqué beaucoup trop légèrement le déni de grossesse lors des affaires qui se sont déroulées dernièrement. Selon ses observations, basées sur 22 cas de mères néonaticides (c'est-à-dire ayant tué leurs bébés dans les 24h suivant la naissance), l’immense majorité ne présentait pas de réel déni de grossesse.
Dans le détail, 17 d’entre ces mères se savaient enceintes, ainsi que leur entourage. Elles n’auraient donc pas agit sous le coup de la sidération ! L’origine de ces drames aurait, selon le médecin, des racines bien plus profondes (isolement social et psychologique, environnement familial, situation matérielle…). Le déni de grossesse réel reste, rappelle-t-elle, une situation rarissime, et l’utiliser comme prétexte dans le cadre d’affaires tragiques a deux conséquences néfastes : faire passer toutes les femmes souffrant d’un vrai déni de grossesse pour des meurtrières potentielles, et permettre, parfois, "d’excuser" un véritable meurtre d’enfant…