Comme je te comprends. Je suis dans un cas un peu différent car j'ai déjà mené à terme une première grossesse. J'ai aujourd'hui une petite fille de trois ans que tout le monde considère comme en parfaite santé, tout le monde sauf ceux qui savent. Elle est belle, intelligente, peut être un peu petite, un peu indisciplinée aussi mais bon je crois que cela n'a rien à voir :oops: . A l'écho du 5ème mois, elle avait un retard de croissance marqué, qui a inquiété tout le monde, amniosynthèse, résultats, examens poussés en anténatal, à la naissance et beaucoup de temps nécessaire après la naissance pour me rassurer. Nous savons qu'elle rencontrera des difficultés, à laquelle la médecine apporte des réponses, mais nous ne savons pas quand. Heureusement, le quotidien reprend ses droits et on vit, tout simplement, avec bonheur.
Aujourd'hui, je suis enceinte de bébé 2. Nous sommes déjà passé par son cariotype donc je sais que nous sommes tranquilles sur les anomalies chromosomiques mais je m'attends tout le temps à une mauvaise nouvelle, j'ai presque du mal à m'attacher à cette grossesse et mon mari, c'est pire (à chaque bonne nouvelle, il dit toujours que tout va bien jusqu'à ce qu'on nous annonce un problème...). C'est bizarre, toi tu crains un problème à l'écho morpho et tu as eu des FC, moi, c'est l'inverse, je crains qu'on m'anonce que la grossesse s'est arrêtée alors que précédemment c'était un problème à l'écho morpho.
Pour compliquer en plus, dans mon cas, la fin de la première grossesse aurait pu tourner au cauchemard mais s'est bien terminée.
Je te comprends MAIS je vais aussi te dire ce que me dise les médecins :
- mon gynéco : "toutes les grossesses sont différentes, vous avez évité les difficultés de la première, je vous dis que tout ira bien". Je crois que cela s'applique très bien à ton cas, tes fausses couches n'étaient pas liées à une anomalie de l'embryon ou du foetus mais à des GEU, c'est derrière toi, ton bébé est bien dans l'utérus.
- la psychologue que j'avais vu à la fin de la première grossesse m'avait dit la chose suivante : tous les parents doivent faire le deuil de l'enfant imaginaire, leur enfant parfait. Aucun enfant n'est exactement tel que les parents l'attendaient et inversement aucun parent n'est exactement le parent imaginaire parfait de son enfant, et tant mieux.
Elle m'avait aussi dit qu'on ne peut pas tout prévoir, tout savoir et que les examens sont là pour nous rassurer....un peu ou nous permettre de prendre de chercher mieux, de regarder avec plus d'attention, parfois, dans les pires cas, de prendre des décisions. Dans notre cas, nous savions ce qui "clochait" mais j'avais peur de découvrir encore autre chose à la naissance, elle m'avait dit, c'est vrai, c'est possible mais on n'y peut rien, on doit accepter, moi comme n'importe quelle autre mère, y compris une pour laquelle tout va bien.
Je crois fondamentalement qu'il ne faut pas redouter les examens mais les voir de façon positive, c'est une chance qui nous est offerte mais qui ne change rien à une situation existante. A chaque instant de la grossesse, il y a une séparation entre deux évolutions possibles : 99.9999... % partent vers "tout va bien", les autres vers "problème", nous nous avons déjà passé les premiers embranchements sur lesquels nous avions rencontré "problème", on doit donc se dire que le destin ne va pas bégayer...mais c'est vrai, nous vivons nos grossesses avec un poids "savoir que la grossesse n'est pas toujours un long fleuve tranquille, que c'est pas toujours que du bonheur" mais nous devons nous convaincre que ce "savoir" n'est pas la cause des difficultés que nous avons eu.
C'était long, j'espère t'avoir apporté du soulagement et pas déprimé. Je l'ai fait car je n'aime pas qu'on occulte ce que nous et tant d'autres (dans des situations bien pires, souvent, malheureusement) avons vécu, qu'on nie notre passé, en nous disant qu'un problème ne peut pas arriver. Bon je t'avoue quand même que je stresse à chaque examen.
Bon courage.