Bonjour Coco,
Je suis contente que tu répondes et je te remercie pour ton MP. Je compatis et imagine clairement ton appréhension quant à l'avenir de ta fille. L'encoprésie dévaste tout sur son passage et complique tout ce qui semble si simple aux yeux de tout le monde : l'école, le centre aéré, la piscine...
Je viens t'apporter un grand message d'espoir. Nous ne voulons pas nous réjouir trop vite, alors nous attendons le prochain rendez-vous avec le gastropédiatre, le 07/09/09, pour crier notre joie : Pierre semble enfin sorti d'affaire. Quand nous regardons dans le rétroviseur, nous réalisons aujourd'hui que nous venons de traverser une énorme tempête de douleurs physiques et de souffrances morales. Et nous sommes là, toujours unis, à goûter à cette nouvelle sérénité, encore un peu sonnés par ces deux années hors du temps, à courir de spécialistes en spécialistes.
Dès le départ, nous avons eu la chance de rencontrer le spécialiste de cette maladie dans la région. Sans même nous questionner, il nous a raconté le début de la vie Pierre. Nous buvions ses paroles car, d'un coup, tout nous semblait évident, limpide. Il nous a appris que cette pathologie se traite sur deux tableaux : un traitement de fond contre la constipation et une prise en charge psychologique. Il nous a proposé plusieurs pédopsychiatres, mais nous avons choisi le CMPP et, avec du recul, nous pouvons maintenant dire que nous avons eu raison. Nous imaginions mal Pierre, à peine 3 ans à ce moment-là, parler au pédopsychiatre de son caca pendant 1h toutes les semaines. Au CMPP, le travail du pédopsychiatre fût de trouver l'origine de l'encoprésie. Pour Pierre, c'était finalement assez simple : la séparation d'avec sa 1ère nourrice, combinée avec la maltraitance chez sa seconde nourrice, tout ça pour un petit bonhomme plutôt réfléchi et angoissé. Le pédopsychiatre du CMPP nous a donc orientés vers la psychomotricienne pour "travailler" sur les angoisses de Pierre. Pour se rassurer, il avait besoin de tout maîtriser autour de lui : son entourage, son environnement, son emploi du temps, et bien évidemment son propre corps. Le maître mot de cette maladie est la maîtrise. A force de jeux et d'expression corporelle, elle lui a appris peu à peu à lâcher prise et ainsi, indirectement, à se libérer de ses angoisses. Au début, elle laissait Pierre jouer seul et l'observait. Puis, peu à peu, elle intervenait dans ses jeux. Ensuite, elle nous a intégrés aux jeux : "aujourd'hui, c'est maman qui choisit le jeu" ou "c'est papa qui décide de la fin du jeu"... Le résultat est absolument spectaculaire car Pierre a aussi lâché prise sur son corps. Depuis, le début de l'été, il nous surprend chaque jour un peu plus. Il a commencé, en Juin, par être propre pour le pipi. Depuis maintenant 3 semaines, il laisse ses selles sortir dans les toilettes chaque jour. Nous avons instauré un rituel. Avant la sieste et la nuit, nous nous installons avec lui dans les toilettes et prenons le temps de lui raconter une histoire. Il ne porte plus de couche à la sieste. La couche de la nuit est simplement humide et ne porte plus de traces de selles. Il n'a plus de ventre et peut s'habiller comme tous ses copains.
Toute cette expérience m'amène à dire que le problème des selles n'est que la partie émergée de l'iceberg. La plus grosse partie, celle que personne ne voit alors que c'est pourtant notre quotidien, se trouve en dessous. Il ne sert donc à rien de gronder, de faire laver les culottes... car ces enfants se trouvent dans une immense souffrance morale, proche de la dépression. Ils nous lancent un signal qu'il convient de recevoir et d'interpréter : pas simple !!!
Je te souhaite de trouver la clé pour aider Pauline également. Chaque enfant est différent, et a sa propre histoire. Je pense qu'il existe une thérapie adaptée à chaque âge. Pour la petite enfance, la psychomotricité fait vraiment des miracles. Je ne peux que t'encourager à te tourner vers cette discipline. Au cours des séances hebdomadaires, alors que j'étais usée par toutes ces lessives et l'intendance qu'implique l'encorpésie, une complicité est née entre Pierre et moi. Quelque part, je prenais enfin le temps de jouer avec lui et uniquement avec lui, loin du quotidien, du téléphone, de la petite soeur, de la machine à laver...
Bonne continuation. N'hésite pas à me contacter : je pourrais écrire un roman sur cette maladie (d'ailleurs j'ai déjà commencé sur ce post...).
Anne