Posté le : 07-02-2008 à 22:50
Un peu de lecture... [color=darkblue:a3990ab6e2]Que risquent de changer les trois arrêts de la Cour de cassation, rendus mercredi, sur l’inscription à l’état civil d’un enfant né sans vie? 20minutes.fr fait le point.
Qu’a décidé la Cour de cassation?
Elle a rendu, mercredi, trois arrêts donnant la possibilité aux parents d’inscrire un fœtus né sans vie à l’état civil, quel que soit son niveau de développement.
Le texte des arrêts emploie le terme «fœtus», pris dans son «acception courante», selon Alain Legoux, avocat général de la Cour. «La différence entre les termes de fœtus et d’embryon n’est pas définie par le droit mais par les médecins», a-t-il précisé à 20minutes.fr.
Ainsi, l’inscription dans les registres d’état civil des fœtus de moins de 12 semaines de grossesse, délai légal en France pour l’avortement, deviendrait possible.
Que dit la loi actuellement?
La décision de la Cour de cassation s’appuie sur l’article 79-1 de la loi du 8 janvier 1993 qui régit l’inscription des fœtus nés sans vie à l’état civil. Selon l’alinéa 2, cette inscription ne saura être subordonnée «ni au poids du fœtus, ni à la durée de la grossesse».
Mais dans l’usage français, seuls les fœtus nés sans vie à partir de 22 semaines et pesant 500 grammes peuvent être inscrits à l’état civil. Et ce, conformément à une circulaire datant de 2001, reprenant une directive de l’Organisation mondiale de la santé.
Problème, cette circulaire n’a pas de force de loi. La Cour de cassation a donc jugé que seul l’article 79-1 du code civil pouvait être retenu dans le cas des trois affaires sur lesquelles elle s’est prononcée.
A quelles suites peut-on s’attendre?
La loi française ne statue donc pas sur la question de la viabilité du fœtus. Ainsi le médiateur de la République, Jean-Paul Delevoye, en a appelé ce jeudi au législateur pour «définir très clairement» cette notion. «Aujourd’hui, la notion de viabilité dépend de l’appréciation du médecin. Il faut que le politique définisse très clairement, à partir des critères de l’OMS, ce qu’est la notion de viabilité», a-t-il demandé.
Comme le souligne notre blogueur avocat, «la balle est renvoyée dans le camp du législateur, et c’est un débat essentiel qui va s’ouvrir devant notre vaillant parlement».
Comment ont réagi les associations qui défendent le droit à l’avortement?
Elles parlent de «scandale», de «négationnisme» et de «dérapage juridique». Selon Chantal Birman, la vice-présidente de l’Association nationale des centres d’interruption de grossesse et de contraception, cette décision «va donner un argument» aux opposants à l’avortement. «Je respecte la détresse des parents, je les accompagne tous les jours», raconte-t-elle, «je ne peux qu’adhérer à leur demande de respect du deuil, d’avoir le droit d’enterrer l’enfant. La société ne fait pas ce qu’il faut. Mais l’inscription sur le livret de famille est un scandale».
«Un enfant se constitue jour après jour dans le corps d’une femme et dans son psychisme, explique Chantal Birman. Il y a le temps des fausses couches spontanées ou provoquées. C’est une vraie détresse pour les femmes mais par pitié, ce n’est pas un enfant qui meurt. Il ne faut pas que les femmes aient un cimetière dans la tête.»
Même son de cloche pour la secrétaire générale du Mouvement français pour le planning familial. «On respecte les familles, assure Maïté Albagly. Mais avec cette décision, on ouvre une brèche. On va finir par déclarer un embryon dès la conception. On monte quelque chose qui à la longue peut mettre en cause l’avortement.»
Que disent les associations anti-avortement?
Elles saluent la décision de la Cour de cassation: elle «suit l’évolution de la science qui reconnaît de plus en plus l’humanité du fœtus, la réalité de sa vie intra-utérine aux plans physique et psychique», indique l’Alliance pour les droits de la vie. L’association indique également ne pas «rêver» que cette décision puisse remettre en cause la loi sur l’avortement. Et elle exhorte le Planning familial à reconnaître le deuil causé par la perte d’un fœtus.
SIPA ¦ La cour de cassation a autorisé l'inscription des foetus à l'état civil
Alexandra Nawawi avec agence [/color:a3990ab6e2]