[color=indigo:cd0f0ce755][b:cd0f0ce755]J'ai perdu un petit garçon à 23 semaines et j'ai dû l'accoucher par voies naturelles également.
Ce qui m'a le plus énervée, de la part des gens, c'est quand on me disait que j'avais fait une fausse couche, ce qui est une manière de grandement diminuer la douleur physique et psychologique que ça a représenté et le deuil qui était à faire. Il m'a semblé qu'ils essayaient plus de se rassurer eux-mêmes ("ce n'est pas si grave, une fausse couche") que d'être sensibles à ce que j'avais pu vivre. Mais bon, à force de répéter et d'expliquer, les gens ont fini par comprendre. En plus, j'ai été surprise de constater que souvent, ils connaissaient quelqu'un d'autre à qui c'était arrivé. Je me sentais donc un peu moins seule. Et parmi le lot de mamans que je voyais avec leur bébé, peut-être qu'il y en avait qui avaient vécu la même chose que moi avant. Peut-être qu'il y en avait qui étaient vraiment conscientes de leur chance.
Ça a été un peu dur de me confronter aux jeunes mères, mais ça a passé assez vite. Mes sentiments étaient clairs : je ne leur en voulais pas d'avoir ce qui moi m'avait été refusé, j'avais de la peine d'avoir perdu mon petit bébé.
Aussi, j'ai pleuré autant que j'ai voulu, les soirs surtout. Comme j'avais déjà un petit garçon, trop jeune pour comprendre ce qui se passait, j'évitais de pleurer devant lui. Le plus difficile, ça a été de ranger les photos d'échos, les quelques petites choses que j'avais eu le temps de préparer.
Il faut aussi dire que, dès le début de la grossesse, j'étais certaine que quelque chose clochait. C'était un sentiment diffus et angoissant, par dessus lequel j'ai dû passer parce que bon, toutes mes échos étaient belles. Finalement, c'est mon intuition qui était bonne. J'étais donc à la fois atterrée, mais pas complètement surprise. Et en même temps, c'était culpabilisant : si j'étais autant convaincue que ça n'allait pas, est-ce que inconsciemment, je n'étais pas réellement prête pour ce nouveau bébé, est-ce que inconsciemment, je l'avais rejeté ? Il a donc fallu faire du ménage dans mon coeur et dans ma tête pour réaliser que je n'étais coupable de rien et que, à quelque part, ça me confrontait à mon impuissance, ce qui était peut-être finalement le plus dur à accepter. Tu vois le lien ? Si je ne suis coupable de rien, c'est aussi que je n'ai de pouvoir ou de contrôle sur rien, donc que je suis vulnérable aux coups du sort. Et ça, c'est angoissant.
Je savais que je voulais réessayer le plus vite possible - à condition d'avoir minimalement fait mon deuil - mais il a fallu laisser le temps à mon corps de se replacer. Quatre mois plus tard, j'étais de nouveau enceinte, et j'en suis à compléter ma 31e semaine. Le bébé bouge bien, je suis bardée de symptômes et cette fois, depuis le début, j'y crois, je la sens bien, cette grossesse. Ça m'encourage donc et j'essaie d'avoir foi en nos chances, mon petit bébé et moi. De toute façon, je sais que si quelque chose se passait mal, je n'y pourrais rien. J'aurais de la peine, je souffrirais - et franchement, perdre un enfant, n'est-ce pas une des raisons les plus justifiées de souffrir pleinement ? Je sais aussi que la vie continue quand même et que j'aurais à faire le choix de comment je veux la continuer.
Bonne chance pour la suite des choses. Tu as le droit de souffrir, de pleurer autant que tu veux, d'en vouloir à la Terre entière et à toutes les autres mamans qui ne savent pas leur chance, bref de ressentir ce que tu ressens. Si tu le peux, prends tout ton temps et ne laisse personne te dire comment tu devrais vivre ton deuil. Et sache que tu n'es pas si seule ;).[/b:cd0f0ce755][/color:cd0f0ce755]