Posté le : 19-04-2010 à 13:23
bonjour.
je ne sais pas trop pourquoi aujourd'hui j'ai ce besoin d'écrire ce post. peut-être que j'ai besoin de parler à des personnes qui seront sensibles de me comprendre. peut-être que j'ai besoin de me sentir moins seule face à l'insoutenable. peut-être que j'ai aussi envie de montrer à celles qui souffrent que malgré tout, la vie leur réserve encore de belles surprises.
mon histoire est la vôtre. un couple, un désir d'enfant, une grossesse... jusque-là, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. et puis, grosse déception: à 10 semaines, une fausse-couche met un terme à l'euphorie.
bien sûr, j'étais secouée, mais jusque-là, rien d'insurmontable. je me galvanisais avec des statistiques (1 grossesse sur 3 se termine en fausse-couche), des faits scientifiques (mon corps l'a rejeté car il était anormal) et les promesses de l'avenir... huit mois après, j'étais à nouveau enceinte.
cette fois, la grossesse s'est bien déroulée et le 1er octobre 2007, Jacques est né pour notre plus grande joie. il était beau, calme et tout se déroulait comme dans un rêve... pendant 24 heures.
car le lendemain de sa naissance, le rêve a viré au cauchemar: bébé bleu, trop calme, sans forces. je tenais mon bébé dans mes bras et, impuissante, je voyais la vie le quitter. j'ai appelé au secours et on me l'a pris des bras pour l'ausculter.
lorsque je l'ai à nouveau eu contre mon coeur, 2 jours après, la vie l'avait quitté depuis 40 minutes.
Jacques souffrait d'une malformation cardiaque. tout a été tenté pour le sauver mais rien n'y a fait et ce n'est peut-être pas plus mal: il aurait été un enfant différent, ne pouvant vivre comme les autres, allant d'opérations en opérations et aurait eu une mort prématurée de toute façon...
j'ai cru que j'allais sombrer dans la folie et je me suis raccrochée à l'amour des miens. bien sûr, j'ai vu certaines personnes nous tourner le dos, certains sont allergiques au malheur, mais une vraie chaine de solidarité s'est créée autour de nous.
abandonner ce monde m'a vaguement effleuré l'esprit et puis c'est une soif de vie qui a pris le dessus: la vie est un cadeau et je ne devais pas y renoncer alors que mon fils n'avait pas eu ce bonheur. je voulais prendre soin de ce corps en bonne santé pour lui qui n'avait pas la même chance...
nous avons avancé, d'abord en clopinant puis d'un bon pas. la plaie s'était refermée même si la cicatrice était toujours visible, indélébile.
mon caractère a changé depuis: je suis plus dure et paradoxalement, plus émotive aussi. mais je vais bien.
nous avons un peu attendu et aujourd'hui, nous avons un magnifique petit Simon qui illumine nos vies. mais je pense toujours à Jacques...
il aurait deux ans et demi et voir son petit frère grandir me rappelle tous les jours qu'il restera à jamais ce petit nourrisson dormant sur ma poitrine, et que lui, il ne grandira jamais.
j'avais peur de l'oublier avec la venue au monde de ce nouvel enfant mais c'est tout l'inverse: il est là, à jamais, accompagnant chacun de mes pas. il est cette boule dans ma gorge. et pleurer de temps à autre est ma façon de lui dire "je t'aime, mon bébé. ta maman ne t'oublie pas".
je ne sais pas par quel prodige l'on peut aimer un être à ce point alors qu'il n'a vécu que 73 heures... c'est peut-être ça, d'être une maman...
à toutes les mamanges: n'ayez pas honte de continuer à vivre. c'est le plus bel hommage que vous puissiez leur faire. nos bébés vivent dans nos coeurs. ils aiment,rient et pleurent avec nous. ils ont fait de nous des mamans, [u:10e3130082][b:10e3130082]leurs[/b:10e3130082][/u:10e3130082] mamans alors ne les décevons pas.