Pour celles qui me connaissent déjà, me voici avec le triste récit de mon accouchement, qui ne se trouve pas tout à fait dans la rubrique que j'aurais espérée...
Et pour celles qui ne me connaissent pas encore, je suis Véronique, j'ai 37 ans, la maman de deux grandes filles de 12 ans et demi et 7 ans, puis d'un petit garçon de deux ans et demi que j'ai eu avec un autre papa, mon grand Amour de jeunesse, retrouvé 17 ans après avec qui on ne s'était jamais oublié. Je l'ai même épousé il y a 2 ans.
Tableau idyllique me direz-vous? Mais qui est venu s'assombrir ce 12 septembre 2009 à 6h28...
Ma date présumée d'accouchement était le 30 septembre, mais on me prédisait encore un gros bébé! Donc, j'étais "à terme"!
En fait, avec les copines "fins-septembrettes" du forum, nous en avions toutes marre de cette fin de grossesse (si j'avais su...) et les premières naissances de notre "post" avaient commencé depuis quelque jours. (Moi, c'était ma première fin de grossesse estivale, ou plutôt caniculaire! Et puis même si je ne me sens pas vieille, je ne l'ai pas vécu non plus comme celle de mes 25 ans!). Je me souviens aussi, que si nous rêvions toutes d'accoucher un 09-09-09 (je m'étais mariée un 07-07-07...), aucune d'entre nous n'était attirée par la triste date du 11 septembre...
Cet après-midi là, donc, du vendredi 11 septembre, mon Homme m'a appellé en me disant que ce soir il a invité des collègues (des potes) à manger, et que si je me sentais en forme dans la soirée, on sortirait et ne voulant pas être un boulet je lui dis qu'il pourra éventuellement sortir quand même sans moi et me répond que : non, on sortira tous les deux, sinon il ne sortira pas sans moi, qu'il n'en voit pas l'intérêt et qu'il ne me laisse pas! Trop mimi!
Les potes sont arrivés chacun avec quelquechose à manger, en plus on avait prévu grillades, donc pas de grosse fatigue ou d'effort particulier pour moi, à part couper des tomates assise sur une chaise!
La soirée se passe, on rigole bien, mais je me sens très fatiguée, tout le monde s'en rend compte et me trouve même très blanche. On me conseille d'aller me coucher... j'obéis "vanée" et m'en vais au lit (tant pis pour la soirée, encore plus pour la sortie : pas grave!). Je me couche donc, et sens même les petits coups de pieds de mon bout de chou, en haut à droite, et ça, je ne le savais pas encore, mais pour la dernière fois...
Je passe ma première très bonne nuit, depuis longtemps...
Et le matin à 5h30, le réveil de mon mari sonne, car il est chauffeur-livreur, et qu'il était censé travailler ce samedi matin là...
Ayant très envie de faire pipi (en plus ne m'étant pas levée de la nuit), je me lève pour aller aux toilettes, et à peine assise dans mon lit, je lui dis : "Ben non, finalement tu vas pas bosser, je perds les eaux, on part à la maternité!".
On saute dans des vêtements, un coup de brosse, valise, je réveille ma fille aînée pour qu'elle surveille son frère et sa soeur, passage à la salle de bain pour mettre une serviette hygiénique et là j'opte pour la serviette de toilette dans le pantalon... je saigne... c'est trop abondant. Mais, je ne m'inquiètes pas, j'avais plus la trouille d'accoucher à la maison très rapidement, donc on file! Dans la voiture, j'appelle la maternité, ils nous attendent, un petit texto adorable de ma grande, tout va bien "elle gère"... Je n'ai pas mal au ventre, rien, juste très peur, vu mes "pertes" que tout aille très vite et que j'accouche dans la voiture, donc mon mari speed et en à peine dix minutes nous voilà arrivés. On nous ouvre, je descends de la voiture, et là du SANG rouge, en flaques! :shock: On me suit à la trace! Arrivés au 3ème étage, on se présente, on me déshabille, m'enfile une blouse, et ma seule hantise toujours, c'est d'être à dilatation complète et de ne pas avoir de péridurale! La sage-femme m'ausculte, je lui demande ou j'en suis et me répond : "2-3". Ouf! Par contre, ce n'est pas ça qui la préocupe, en s'adressant à ses collègues, ele n'arrête pas de dire : "Je n'ai que du cordon, je n'ai que du cordon", elle me fait mal, mais me dit qu'elle est "obligée", qu'elle est désolée, et qu'elle ne doit pas le lâcher, elle garde sa main "en moi", pas agréable... Sa collègue tente un monitoring qu'elle abandonne très vite (je croyais qu'elle était débutante...), je ne comprends toujours pas... lui dit d'aller chercher le médecin et de revenir avec la "machine" à échographie... Ils reviennent tout de suite, et là tout s'enchaîne : Leurs regards, ils cherchent, "ne trouvent rien", nos regards à mon mari et moi, on commence à paniquer, à commencer à comprendre que quelquechose ne se passe pas comme prévu... mon mari me rend un regard genre "t'inquiètes pas" mais rempli de tereur qu'il n'a pas pu me cacher, je commence à m'ennerver : "Mais comment ça vous trouvez rien, "il" a pas disparu, "il"est toujours dans mon ventre... mais dites moi quelquechose!". C'est la panique! Et là le cauchemard commence... (Je ne faisais que le dire d'ailleurs : "C'est un cauchemard, c'est un cauchemard!"). Le médecin pose l'appareil à échographie, prend un ton grave, et nous dit : "Bon, il se trouve qu'à l'heure actuelle des choses, le coeur de votre bébé ne bat pas, car le cordon s'est présenté en premier et les vaisseaux ont été comprimés le privant d'oxygène. On va vous faire une césarienne car vous perdez beaucoup de sang, on essayera de réanimer votre bébé, mais c'est peu probable qu'on y arrive"... LE COUPERET EST TOMBE! Je regarde mon mari les yeux remplis de larmes, il est livide, et tourne la tête de gauche à droite, en fermant les yeux, comme pour dire "c'est trop tard, mais faut penser à toi".
Et à partir de ce moment là, cette impression de "subir les choses" ne me quittera plus...
On dit à mon mari qu'on va me préparer pour le bloc et qu'on l'appellera ensuite, on m'emmène, je ne pense à RIEN, le vide, le néant, je me laisse transporter dans les couloirs. (Lui de son côté, je l'ai su après est parti fumer une cigarette et appeler notre meilleure amie à tous les deux, qui sera là immédiatement...). Au bloc il fait froid... (J'oubliais que lorsqu'on m'a dit césarienne, je répétais en boucle : "Je veux une anesthésie générale, je veux une anesthésie générale!" Et l'anesthésiste m'a dit très calmement : "Non, madame, je vous fais une rachi-anesthésie". Je n'ai pas eu le choix... ils doivent savoir pourquoi...).
On me prépare, perfusion, électrodes, bétadine... leurs gestes, leurs pas sonts lents, trop lents... ils mettent du temps, je comprends alors clairement qu'il n'y a plus rien à faire pour mon bébé... je me laisse faire sans voix... on m'explique tout ce qu'on me fait, avec douceur... j'm'en fous... qu'il fassent ce qu'ils veulent... je suis passive, muette, inexistante... mon bébé est déjà parti, je le "sens", je le sais...
L'opération commence, on me dit que je vais sentir comme si on me "remuait dans tous les sens" car on va "m'étirer la peau", mais je ne sens rien, le bas de mon corps est insensible, (et je m'en fous toujours), c'est une sensation qui me fera paniquer ensuite... On me dit que mon mari ne souhaite pas être présent finalement, je dis que ce n'est pas grave, et d'aller le rassurer, qu'il ne s'en veuille pas... et puis finalement à la dernière minute le voici... mon Amour, mon pauvre Amour, qui me tient la tête entre ses mains en m'embrassant et en pleurant... en me disant des mots tendres, tout en pleurant (en fait, il a aussi très peur pour moi!)... des mots, des regrets, "et si... et si...", on est déjà malheureux!
Ils ont sorti notre bébé... on ne s'en est même pas aperçu... entre temps je panique, je m'ennerve, je fais tomber une "planchette" sur laquelle un de mes bras étaient posé... je vomis... je ne me sens pas bien... je les entend, comme dans les films, me "passer des ampoules d'adré" (!)... Je reprends mes esprits, retrouve mon calme, la crise est passée, mon mari à nouveau près de moi et la pédiatre (très gentille) vient nous voir en nous disant : "Comme on vous l'avez dit, j'ai essayé de la réanimer, mais sans succès, elle pesait 3kg700... Vous voulez la voir maintenant?... Vous la voulez en peau à peau ou non?"... Je ne l'écoutes plus... nos pleurs ont pris le dessus lorsqu'en plus de tout ça, elle a prononcé le mot "LA"... (on ne savait pas si c'était un garçon ou une fille... pour cette dernière grossesse on voulait garder le suspens...en rêvant secrètement d'une fille pour mon mari qui n'est pas le papa de mes deux premières!)..."LA" : c'était donc une petite fille... Nous n'étions pas encore tout à fait décidés pour les prénoms (nous hésitions entre deux), et là, la pédiatre nous demande comment nous souhaitons l'appeller... Mon mari a répondu spontanément "Liséa", et effectivement c'était ma Liséa, notre Liséa, cela ne faisait aucun doute!
La pédiatre est arrivée doucement près de nous, avec elle, et mon mari a pris sa petite fille dans les bras en pleurant et me la mise dans les miens...... Oh, mon bébé, mon pauvre petit bébé, mes larmes coulaient, mais j'étais sereine, comme je la trouvais belle ma jolie Liséa, je lui ai enlevé son petit bonnet, je lui carressais ses petits cheveux bruns, comme elle est belle (je n'arrivais pas à en parler au passé!), je lui dégageais son petit drap bleu qui l'envellopait, son petit torse blanc tout dodu, sa petite main dans la mienne, sa petite bouche "de côté", on aurait dit qu'elle dormait... seuleument je ne l'ai jamais entendu pleuré, je n'ai jamais vu ses yeux dans les miens, tout est trop calme autour de nous... juste nous trois, nos sanglots à tous les deux, nos petits mots d'amoureux liés à jamais par cette "poupée" et ses petites mains, déjà si froides, dans les nôtres... C'est déjà tellement difficile, et ça ne fait que commencer. (Il y aura d'autres étapes cruelles, l'annonce de ce drame à mes grands, nos adieux tous les cinq devant ce petit berceau inanimé, le séjour à la maternité près des autres bébés qui pleurent, les complications médicales pour moi, la transfusion, le retour à la maison sans elle, les obsèques, le retour à la réalité du quotidien... et sans doute bien d'autres encore à venir?).
Notre jolie Liséa s'est envolée, après neuf mois de vie en moi... je me sens vide, perdue, désabusée... je dois la laisser seule, toute seule... mais elle ne l'est pas, un bout de moi est partie avec elle à ce moment là... Elle est partie... a laissé derrière elle le plus inconsolable des papa, deux "grandes" soeurs et un "grand" frère, bien trop petits pour vivre un tel malheur ("Ils n'avaient pas besoin de ça, qu'est-ce que je leur ai fait"... a été la première phrase que j'ai dite en pensant tout de suite à eux!) et une maman qui se sent tellement seule, cruellement vide de sa présence, et tant d'amour à lui donner... mais une seule chose est sûre, elle s'est envolée trop loin de nous, mais elle est à jamais dans nos coeurs à tous les cinq...
Ma Liséa,
Même si je pleure parfois, je t'ai fait la promesse d'être forte pour toi... tu le sais.
Tu me manques tant...
Maman t'aime... Je suis toujours près de toi, par mon coeur et mes pensées...
Dors ma Liséa, vole mon ange...