Bonjour à toutes,
Après 5 mois et demi dans mon ventre, le 26 juillet 2007, notre petite Océane nous a quitté.
Depuis ce jour, je suis régulièrement sur les forums, à vous lire les filles...
J'ai d'abord beaucoup lu les posts des filles qui ont vécu une terrible expérience, sans jamais participer. Aujourd'hui je parcours toujours ces posts mais également les posts plus joyeux, car je sais que mon tour viendra et que je mettrai au monde un joli petit bébé en pleine santé...
Voila, en fait, pour les filles qui, comme moi, ont besoin de trouver dans ces forums des similitudes, qui ont besoin de sentir qu'elle ne sont pas seules et qu'on peut s'en sortir, j'ai décidé de partager notre histoire...
Le 11 juillet, avec mon ami nous avons rendez-vous chez notre nouveau échographe (je ne sais toujours pas si échographe se dit!), un sage femme qui a très bonne réputation dans la région. (j'étais en hollande pour le début de ma grossesse, je suis arrivée en france au milieu du 4eme mois).
Nous étions impatient de connaître le sexe du bébé, ravi de revoir notre bébé. Bien sur on se dit que le principal est qu'il soit en bonne santé. Mais on ne pense pas que ça va nous tomber dessus... Lors de l'échographie, nous sommes content de voir notre bébé, on est même excité, on pose plein de questions, on est en admiration devant son petit coeur qui bat... Mais très rapidement, Christophe, notre sage-femme nous dit qu'il va devoir nous annoncer une mauvaise nouvelle, sans rien dire de plus. Je fond en larme, mon ami reste confiant, me réconforte, mais j'ai compris. Christophe nous dit qu'il doit encore prendre quelques mesures et qu'il nous expliquera ce qui se passe, on pose des questions, Christophe à ce moment ne nous répond que brièvement en ajoutant tout de même, c'est un genre d'Osteochondrodisplasie. Hein quoi? Ca veut dire quoi? Qu'est-ce qu'il dit?
Nous n'osons plus regarder l'écran, nous sommes perdus, qu'est-ce qui se passe?
Nous retournons à son bureau et la le verdict tombe. Notre bébé est atteint d'une grave maladie des os. On va probablement vous proposer une interruption de grossesse. Sur ces mots, tout s'écroule. On ne peut pas y croire, pourquoi nous? La grossesse se passait parfaitement bien, nous allions avoir un magnifique bébé. Pourquoi?
Malgré son expérience, son professionnalisme et sa fiabilité, Christophe n'est pas médecin il doit donc nous diriger vers un gynécologue pour une confirmation du diagnostic. Il n'y a pourtant aucun doute mais pour les papiers nous devons suivre a nouveau une demie heure de torture pour une nouvelle échographie qui aura lieu le surlendemain. Christophe nous explique que tout les mardis, pédiatre, gynéco, médecins légistes se réunissent pour parler des cas comme nous. Plusieurs signatures sont nécessaires pour une interruption de grossesse. Christophe s'occupe donc de prendre RDV pour nous chez un gynéco référent et nous dit que nous devons attendre mardi soir pour avoir plus d'informations. Nous sommes jeudi, j'ai un monstre dans mon ventre, je n'en veux plus, faut que ça aille vite, vite, aidez-nous... Nous sommes passés par tout les sentiments sans jamais s'arrêter de pleurer. Le rdv chez le référent est une horreur. Il me demande "vous allez accoucher ou?" Hein, qu'est-ce qu'il dit? Je vais devoir accoucher? Ce n'est pas possible! il hallucine lui..
Jusqu'au mardi, avec mon ami nous nous sommes senti très seuls, perdus, plein de haine, de tristesse, d'incompréhension et de doutes. Nous avons essayé de rencontrer la gynéco qui devait m'accoucher mais elle nous dit au téléphone qu'elle ne pouvait rien nous dire de plus, que ça servait à rien de venir, qu'il fallait attendre mardi. MERCI! je crois qu'à se moment nous avions besoin d'être rassuré, qu'on nous dise ce qui allait se passer...
Mardi midi, coup de fil. C'est Christophe qui nous annonce que le diagnostic est confirmé, que le bébé n'a pas de chance de vivre à la naissance. Nous lui confirmons que nous désirons une IMG.
Christophe propose de s'occuper de tout pour nous arranger les rendez-vous au CHU si nous n'arrivons pas a joindre rapidement ma gynéco qui devait m'accoucher dans une clinique.
Nous le rappelons rapidement pour accepter. Nous voulons que ça aille vite, que ce cauchemar se termine.
L'hôpital c'est la meilleur chose qui nous soit arrivée. Une semaine après la terrible nouvelle, enfin nous nous sentons encadrés, compris, aidés.
Nous rencontrons une gynéco, encore une nouvelle, mais vraiment différente, elle est la première a demander comment on se sent et la première à nous parler clairement de la suite. Merci docteur. Puis le même jour nous rencontrons une sage femme qui nous parle de tout l'administratif puis une autre sage femme qui est notre aide psychologique.
Ces 3 rendez-vous ont été un soulagement, une véritable aide. Grâce a ces 3 femmes, la semaine qui a suivie, nous avons progressé, avancé. Nous avons ré accepter d'avoir un bébé dans mon ventre. Un petit être malade mais un bébé, notre bébé. Nous commençons a retoucher mon ventre, a accepter sa présence. Nous travaillons sur l'accouchement. Et oui, après réflexion, je veux accoucher de mon bébé. On lui choisira même un prénom, mon ami propose Océane.Ca sera Océane si c'est une fille. Nous lui achetons une tenue, préparons une petite couverture, son doudou. Nous sommes fières d'avoir déjà accompli ce chemin même si le plus dure reste a venir...
Ce n'est que 2 semaines après l'annonce de la maladie de notre bébé que je rentre à l'hôpital pour l'IMG. Nous trouvions que c'était long, nous voulions au départ que ça passe vite. Mais finalement, il fallait bien ces 2 semaines pour accepter tout ça et surtout pour dire au revoir a notre trésor.
Le 26 juillet a 9 heure nous arrivons a l'hôpital et nous sommes tout de suite très bien pris en charge dans ce service qui pratique 1 à 2 IMG par semaine tout de même. 10h je quitte mon amis pour le bloc. Je suis encore en larme, j'ai peur. Je suis effondrée dans ce couloir de la mort ou j'attend ma place dans un bloc. Les gens qui passent près de moi me rassure. Enfin une tête familière, ma gynéco qui va pratiquer l'infanticide vient me saluer. Puis le médecin et l'infirmière anesthésiste viennent se présenter, me réconforte.
Le bloc se libère, ouf, merci, mais je suis toujours terrorisée.
Nous nous retrouvons donc dans ce bloc, les anesthésistes, le gynéco et moi. Je reçois la péridurale, elles sont très douces, très attentionnées, je ne sens rien. Puis je sens mes jambes s'endormir puis tout le bas de mon corps. L'infirmière reste près de moi, me propose sa potion magique pour me calmer. J'accepte tout de suite, je ne veux pas pleurer, j'ai assez pleuré, je veux que ce moment se passe bien. Elle ne fait donc un rhum coco comme elle le dit si bien. Et la, je me sens zen, beaucoup mieux, presque décontractée. Je demande a ma gynéco de m'annoncer le sexe si elle l'aperçois...Rapidement elle m'annonce que c'est une fille. Je ne pleure plus mais des larmes coulent a nouveau, ça sera Océane. Elle m'explique tout ce qu'elle fait. Elle endors Océane puis pratique l'infanticide. On me proposera encore 2 rhum coco!!! Ca peut sembler ridicule mais ça détend. Ce passage au bloc c'est finalement bien passé. Merci a toute.
Retour dans ma chambre ou mon ami me retrouve souriante. Que lui ont-il fait? Je lui annonce que c'est une fille, nous sommes heureux.
Maintenant il faut provoquer cet accouchement. On me dit que ça ira vite...
Il est 12h, on me pose les premières pilules dans l'utérus pour provoquer les contractions. Je ne supporte pas ce produit et je passe la journee a trembler, allant jusqu'a 40 de fièvre. Mais tout va bien, nous restons forts, fiers de nous de traverser tout cela calmement.
20h on m'emmène en salle d'accouchement, le moment approche.
Je rencontre donc mon accoucheuse et son élève sage femme. Ils sont tout les 2 adorables.
21h45,Océane est la. Il me l'apporterons habillée, dans son pyjama avec son doudou. Elle est belle, petite mais magnifique. Loin d'être un monstre comme nous avons pu l'imaginer la première semaine.
L'accouchement c'est super bien passe, aucune douleur, pas de stress. J'en garde un très bon souvenir. Bien sur, je n'ai pas de bébé mais je suis tellement fier de nous.
Nous retournons mon amis et moi dans la chambre vers 2 ou 3 heures du mat. Un lit d'appoint nous attendait pour mon homme.
Le lendemain, a notre demande, nous rentrons a la maison. Reste maintenant a faire le deuil de notre bébé, a se reconstruire.
Petit a petit, nous commençons a en parler a notre famille et a nos amis. Nous n'avions que très peu parle jusque la.
Aujourd'hui, 3 mois après, j'ai repris le boulot et nous arrivons a en parler sans pleurer. Nous sommes fiers d'avoir traverse cette épreuve et de s'en être sorti. Un grand merci a nos familles et a l'équipe médicale du CHU de Grenoble. Je comprend que l'on puisse sombrer et avoir beaucoup de mal a s;en remettre. Mais nous avons décide de nous en sortir. Il faut être fort . Battez-vous les filles... Faut avancer, pas oublier mais vivre avec.
Apres autopsie de notre petite Océane, et un rendez vous chez un généticien, nous tournons la page. Océane avait un nanisme tanatophore, c'est un accident génétique (1 cas sur 10000). Il y a 1% de risque de récurrence. Grand soulagement, nous allons reprendre les TP.
Nous sommes toujours très tristes pour Océane, elle est toujours présente dans notre coeur et sera toujours la...
C’est une très dure épreuve que je n’aurais pu traverser seule, merci a toi ,mon amour,tu as ete tres patient, je t’aime.