Coucou les filles,
Je vais vous raconter mon histoire que j'ai encore du mal à réaliser moi-même...
Mon mari et moi essayions d'avoir un enfant depuis plus de 4 ans et nous avons traversé un parcours médical assez compliqué... Nous nous étions même fait à l'idée que nous n'aurions peut-être jamais d'enfant "naturel" et que notre destinée était peut-être d'adopter un petit enfant venu d'ailleurs. Nous avons donc commencé toutes les démarches que nous faisions en parallèle de notre parcours médical. D'ailleurs, nous nous étions toujours dit que, même si je réussissais à être enceinte, nous adopterions un petit frère ou une petite soeur à notre bébé car nous nous investissions également beaucoup dans ce projet.
Le 28 novembre dernier, on me transfère 2 embryons lors d'une FIV. Quelques jours avant la prise de sang de contrôle, j'ai des saignements donc je suis persuadée que la FIV a échoué. Le 12 décembre, jour de la prise de sang obligatoire, je n'ai même pas envie de la faire tellement je suis persuadée que le résultat est négatif... Je vais quand même au labo car c'est obligatoire dans le protocole de FIV et miracle... Je suis enceinte !!!! Quand l'infirmière me l'annonce par téléphone, je lui dis qu'elle a dû se tromper, que ce n'est pas possible... Je n'y crois tellement pas que je vais à la pharmacie acheter un test pour vérifier !!! Et il est positif... Mon rêve se réalise enfin... Je suis la plus heureuse femme enceinte du monde !!!
Ma grossesse reste une grossesse à risques car j'ai un utérus de très mauvaise qualité... Je reste donc allongée un maximum et un mois après le début de la grossesse, j'ai des saignements... Panique à bord, je pars aux urgences et finalement, je perds un embryon sur les 2 mais le 2ème a décidé de s'accrocher ! Je suis exemplaire pendant toute ma grossesse... J'ai un régime sans sucre à suivre par rapport à la qualité de mes ovaires que je suis de façon très stricte. Je ne fais pas de voiture, je ne porte rien, etc. Je suis d'ailleurs arrêtée donc je me préserve un maximum. En plus, j'ai la chance d'avoir un mari génial qui me bichonne sans arrêt !
Tous mes RDV chez la gynéco se passent à merveille... Notre bébé grandit bien et nous avons la chance d'avoir des petites échos à chaque RDV ce qui nous permet d'entendre son petit coeur et de le voir évoluer... Avant la 2ème écho officielle, ma gynéco nous annonce que ce sera sûrement une fille car elle n'a rien vu qui dépassait entre les jambes mais le bébé bouge tellement qu'elle attend le prochain RDV pour confirmation ! De toute façon, nous n'avons pas de préférence du moment que notre bébé va bien. A la 2ème écho, notre gynéco nous confirme que c'est bien une petite fille et nous sommes aux anges. Elle va bien, moi aussi donc je commence vraiment à croire à notre bonheur... Pour l'instant, par superstition ou par peur, nous n'avons encore fait aucun achat. Là, on se dit que nous allons commencer doucement... Tout se passe toujours aussi bien mis à part que je fais du diabète gestationnel mais avec mon régime, il n'y a aucun souci. Je ne prend pas beaucoup de poids mais notre puce grossit bien et est même en haut des courbes donc tout va bien ! Nous passons la 3ème écho, notre princesse est déjà bien placée et se porte à merveille.
Ma DPA est prévue pour le 27 août et nous avons notre dernier RDV chez la gynéco le 19 juillet avant son départ en vacances. Là, elle nous dit que notre princesse va très bien, que sa tête est déjà bien descendue dans mon bassin mais que mon col est bien fermé donc elle ne devrait pas arriver de suite. D'ailleurs, je n'ai aucune contraction ! Notre fille est déjà estimée à 2,6 kgs donc c'est un beau bébé en perspective. Moi, je n'ai pris que 5 kgs mais comme le bébé se porte bien, il n'y a aucun soucis. En plus, toutes mes analyses sont bonnes donc tout va bien. Comme tout se passe bien, ma gynéco m'autorise à bouger donc je marche, je fais de l'aquagym mais je reste quand même raisonnable. Je ne porte rien, je ne fais pas de longs trajets de voiture, etc.
Le 3 août dernier, je me réveille et je m'inquiète car ma puce ne bouge pas alors qu'elle bouge souvent quand je me mets sur le dos au réveil. Je secoue un peu mon ventre et rien... En même temps, elle avait beaucoup bougé la veille donc je me dis qu'elle doit dormir et j'essaie de rester zen. Je pars me balader en ville à pied et je ne me rends pas trop compte si elle bouge ou pas car quand je marche, c'est plus difficile à évaluer. En plus, à 3 semaines du terme, elle n'a plus beaucoup de place donc elle ne bouge pas de façon aussi franche qu'avant. Le midi, quand mon mari rentre, il me dit d'aller au bloc faire un contrôle pour me rassurer si j'ai un doute. Comme j'ai une copine qui passe me voir l'après-midi, je me dis que je vais bien surveiller et que je vais voir si elle va se mettre à bouger. Il y a des fois où, quand je regarde mon ventre, je n'arrive pas à me dire si c'est moi ou si c'est elle qui bouge. Vers 20h, quand mon mari rentre, je suis en larme car j'ai peur... Nous partons donc au bloc obstétrical de la clinique pour un contrôle. En même temps, on se dit qu'ils vont nous rassurer et que tout va bien. En arrivant, Les sages-femmes de garde m'ont fait un monitoring et n'arrivaient pas à entendre le coeur... Elles m'ont dit que cela pouvait s'expliquer soit, parce que le bébé était de dos, soit parce que c'était plus grave. Elles ont donc appelé le radiologue de garde pour faire un contrôle échographique. Nous avons attendu le radiologue au moins 30 minutes ce qui nous a semblé une éternité... Et là, le verdict est tombé. Le coeur de notre fille ne battait plus. J'ai fait une véritable crise de nerfs dans le cabinet car nous ne pouvions pas y croire... Pourquoi nous ? Pourquoi maintenant ? Qu'est-ce que j'avais fait de mal ? Que s'était-il passé ? Nous sommes retournés auprès des sages-femmes qui m'ont pris au moins 10 tubes de sang pour faire des analyses et essayer d'expliquer pourquoi, elles m'ont fait un prélèvement vaginal et les urines et nous aurons certains résultats que dans plusieurs semaines. Mon col étant encore bien fermé le vendredi soir, elles m'ont dit qu'on verrait l'évolution le lendemain avec le gynéco de garde. Elles nous ont donné des médicaments (somnifères et calmants) pour mon mari et moi mais nous n'avons pas pu dormir. Nous avons été mis dans un service autre que la maternité pour nous éviter d'être confrontés à des nouveaux-nés... Nous avons beaucoup parlé et pleuré...
Le lendemain matin, le gynéco est venu nous expliquer la "procédure" car maintenant, il va falloir que j'accouche de notre petite Charlotte... Mon col n'était toujours pas mûr donc nous avons passé la journée à "attendre" à la Clinique (horreur absolue). Le dimanche matin, idem. Du coup, nous avons eu une autorisation de sortie pour la journée et nous sommes allés prendre l'air. Le coeur n'y était pas et mon chéri et moi essayions de nous soutenir au mieux dans cette épreuve... Nous ne savions plus à quoi nous raccrocher étant donné que toute notre vie était tournée vers Charlotte depuis plus de 4 ans et encore plus depuis un peu plus de 8 mois...
Le lundi 6 août au matin, même si mon col est toujours très tonique et bien fermé, ils décident de ma provoquer l'accouchement en me mettant du gel pour commencer à le travailler. Le médecin me dit que cela peut prendre jusqu'à 3 jours... C'est tellement long de la savoir encore en moi alors qu'elle est morte... Malgré tout, je ne suis pas du tout dégoûtée par elle, c'est mon bébé et je l'aime... Dans un sens, j'ai envie qu'elle sorte pour la voir et dans un autre, j'ai envie de la garder en moi pour prendre soin d'elle...Si le déclenchement par voies basses ne fonctionne pas, ils me disent qu'ils seront obligés de me faire une césarienne... Ils aimeraient éviter un maximum cette solution car vu mes antécédents expliquant notre recours à la FIV (c'est notamment dû à un problème d'utérus de ma part), la césarienne risquerait de l'endommager encore plus et de me rendre stérile à vie... A côté de cela, s'ils n'ont pas le choix, ils feront une césarienne dans 3 jours car, dans l'état actuel des choses, je risque une infection et une hémorragie qui pourraient m'être fatales si l'accouchement ne se fait pas rapidement.
Ils me posent donc le gel à 7h le matin et me font attendre 4h pour voir comment le col évolue. J'ai quelques contractions irrégulières et pas encore douloureuses. Après, ils décident de rajouter à ma perfusion un produit censé accélérer les contractions. Ca a l'air de fonctionner mais mon col est toujours très tonique même si le gynéco y passe désormais un doigt. Ils me percent la poche des eaux pour essayer d'accélérer le travail et me posent une péridurale. Malgré la péri, j'ai mal au dos et les douleurs sont de plus en plus intenables... Je sens que ça commence à pousser et j'ai très mal, je pleure, je crie... Ils me changent de salle en urgence pour procéder à un endormissement flash de 10 minutes au moment de l'expulsion. A 18h20 le lundi 6 août, notre petite Charlotte; Mohea (signifie "très belle petite princesse" en polynésien) est morte née à notre plus grand désespoir... Elle fait 2,680 kgs. Ils nous demandent si nous souhaitons la voir avant qu'ils l'habillent et nous disons oui. Elle est sublime et nous n'aurions pas rêvé d'un plus beau bébé. Nous sommes partagés entre les larmes et la joie de la connaître enfin malgré les circonstances. Ils nous la reprennent ensuite pour l'habiller et me transfère dans la salle où j'étais au départ. Pour l'instant, ils ne comprennent pas ce qui a pu se passer car elle n'a aucune séquelles physiques, le cordon était en bon état, elle n'a pas de malformation cardiaque, etc. Nous profitons d'elle jusqu'aux environs de 22h30 en prenant un maximum de photos pour immortaliser ces moments que nous ne voulons absolument pas oublier... Après, ils veulent que je mange un peu car je suis à jeûn depuis la veille à minuit et, vue les circonstances, je n'ai pas trop mangé ces derniers jours... Ils nous disent que nous pouvons revenir la voir dans la nuit si nous le souhaitons ou le lendemain matin. Je mange donc un petit peu, je prends une douche et, vers 23h30, je demande à mon mari d'aller la revoir... Je veux en profiter un maximum car je ne pourrai déjà pas en profiter toute ma vie comme je l'aurais rêvé... Mon mari me dit ok mais pas plus d'1h car il veut que je dorme. J'ai une tête de déterrée et je suis très faible. Les sages-femmes et l'équipe médicale ont été formidables... Elles nous ont apporté Charlotte et nous ont demandé si nous voulions passer la nuit avec elle... J'ai tout de suite dit oui et ce fut une nuit magique malgré les circonstances. J'ai pu lui parler, l'embrasser, la caresser, lui dire que je l'aimais. Ils m'ont proposé un berceau mais j'ai préféré la garder au lit avec moi. Ils ont installé un lit d'appoint pour mon mari et nous avons pu profiter d'elle toute la nuit... Je n'ai pas dormi car je ne voulais pas perdre une seule minute passée avec ma fille. La nuit fut à la fois joyeuse et malheureuse. Tous les sentiments sont passés... Nous avons beaucoup pleuré mais en même temps nous étions heureux de veiller sur elle. Le lendemain matin, nous lui avons fait nos adieux définitifs et elle a été remise en chambre froide.
Elle est partie le mercredi matin pour une autopsie et on espère savoir un jour ce qui lui est arrivé... Nous n'aurons pas les résultats avant plusieurs semaines. Nous savons que nous ne sommes pas sûrs d'avoir une réponse mais nous en avons pourtant besoin. Je ne peux m'empêcher de culpabiliser et me demander ce que j'ai pu faire de mal... Comme, pour moi, cela ne peut pas être de sa faute, c'est obligatoirement de la mienne... Même si les médecins et mon mari me disent que non, il me faut un coupable et c'est moi...
Nous avons récupéré son corps vendredi et nous l'avons faite incinérée vendredi matin sur Toulouse. Comme nous sommes originaires de Champagne, nous avons prévu des obsèques jeudi prochain dans la plus stricte intimité avec juste nos parents et nos frères et soeurs sans leurs enfants. Il y aura une petite messe (1 chant et 1 prière) et son urne sera déposée dans le caveau où repose mon père afin qu'il prenne bien soin de sa petite-fille...
Nous sommes repartis de la Clinique mercredi et depuis le retour chez nous, c'est très dur... Nous n'aurions jamais imaginé un retour dans de telles circonstances... En plus, il a fallu affronter sa chambre que nous avions préparé amoureusement pour elle... Nous avions fait des folies dans les achats mais rien n'était trop beau pour notre princesse si longtemps désirée... Nous ne savons pas comment nous allons pouvoir nous remettre d'une telle épreuve... C'est tellement injuste, tellement dur... Croiser des femmes enceintes, des bébés, des gens heureux m'insupporte tellement... Je souffre... Et mon mari est comme moi...
Voilà notre histoire…