Bonjour les filles,
je n'ai pas de mots assez fort pour vous dire à quel point j'apprécie votre soutien. Même si le sentiment de culpabilité est là, je me sens moins seule et surtout, comprise.
Mitimitys, ce que tu écris m'a fait pleurer. Je n'avais pas vu les choses de cette façon, quand tu dis qu'il y a moins de mérite à porter la vie quand tout va bien, mais qu'il y a du mérite à se battre et se sacrifier pour la donner. En fait, je me sens plus forte aujourd'hui après tout ce que l'on a traversé, donc une partie de moi est fière de ce que l'on a fait. Mais l'image de la grossesse dans la société est tellement idyllique qu'une grossesse pathologique et les prémas mettent les gens mal à l'aise. Personne ne me parle jamais de ma grossesse.
Merci v@!1989 pour tes encouragements, ça fait tellement de bien de lire ces mots-là.
jnyfer54 je ne peux que te comprendre. Je te souhaite de retrouver ton bébé le plus rapidement possible.
Si cela peut te rassurer, moi aussi j'avais du mal à me dire que c'était d'autres personnes qui s'occupaient de mon bébé à ma place quand ma fille était en néonat. Quand j'arrivais ou quand j'appelais, on me disait "elle a passé une bonne nuit, elle a pris 15 grammes, elle a réussi à boire à la paille aujourd'hui"... et je me disais, "c'est moi qui devrais savoir ça, c'est moi qui devrais comme toutes les autres, savoir ce que fais mon bébé, comment a été sa journée". J'avais l'impression d'arriver comme une touriste tous les jours. Mais dès que j'ouvrais la couveuse et que je respirais l'odeur (celle de ma fille mélangée à celle du Stérilium évidemment), ça me donnait une bouffée de courage, je l'admirais tellement à se battre comme ça, je devais être forte aussi.
J'ai moi aussi beaucoup de mal avec toutes les autres femmes enceintes, quand j'allais voir ma fille à l'hôpital et que j'en voyais une avec un énorme ventre, en train de marcher tranquille dans la rue, c'est horrible ce que je vais dire mais je la détestais et j'avais presque envie qu'elle tombe, tellement j'étais malheureuse. J'espère que je ne vais choquer personne en disant ça, si c'est le cas, je m'en excuse.
Quand elle est rentrée à la maison, au fil des semaines, le sentiment de culpabilité n'a jamais régressé, mais il y a un autre sentiment qui est venu, celui d'avoir l'impression d'être une bonne mère pour elle. Et c'est à cela que j'essaie de m'accrocher quand les mauvais souvenirs reviennent. Tu verras, tu seras une mère merveilleuse, j'ai une relation très forte avec elle et je pense que le combat que nous avons livré ensemble y est pour quelque chose.
Manie62, je crois que tu as raison, même si c'est un peu dur d'admettre que c'est un sentiment qui ne partira jamais, j'ai même du mal à retenir mes larmes en écrivant parce que c'est dur à écrire. Dans l'album de naissance d'Ellie, j'ai collé des scopes nounours que j'avais récupéré, un morceau de blouse bleue, son étiquette de matricule et un dessin de cigogne que les infirmières ont collé sur sa couveuse quand elle est arrivé en réa. Ca m'aide à peu car je dédramatise la situation dans cet album, c'est son histoire de toute façon, je ne veux pas que plus tard elle sente que j'en souffre. Je ne pourrai de toute façon jamais faire comme si tout s'était bien passé.
Moi par contre, les gens ne m'ont pas félicité à l'accouchement, par pudeur bien sûr, mais j'ai trouvé ça dur, comme si j'avais raté quelque chose qu'on ne félicite pas.
Pour ta question, la grossesse a été écourtée à cause d'un hématome qui ne s'est jamais résorbé, j'ai fait beaucoup d'hémorragies et eu beaucoup de contractions, tout cela certainement parce que je suis tombée enceinte juste après mon RDC (après un oeuf clair en novembre 2006). Mais les médecins m'ont toujours dit qu'on ne pouvait pas tout expliquer, et que c'était de la malchance... comme la tumeur d'ailleurs ! C'est quand que j'aurai de la chance alors ??? :)
Vanessadu57, merci pour ton message. En fait ces épreuves ont cassé quelque chose en moi, ma naïveté peut-être ou mes illusions sur la vie. Et en même temps elles m'ont rendu plus forte.
Quand on m'a annoncé cette tumeur en me parlant d'un possible cancer du pancréas (le plus meurtrier, chances de rémission 10%), je me suis dit que la vie s'acharnait sur moi. J'avais eu tant de mal à mettre ma fille au monde et à la faire vivre, et peut-être ne la verrai-je grandir que les 5 années à venir ??? Aujourd'hui, je suis hors de danger, l'opération s'est très bien passé, pas de cancer à l'horizon, ma fille va bien donc j'essaie de relativiser les choses. Ca fait comme toi en fait, je me sens fière de ce qu'on a fait, mais je reprends aussi des claques de temps en temps, comme des piqûres de rappel qui nous redisent que pour nous, c'est pas comme pour tout le monde.
Je vais aller faire un tour sur le post que tu as créé.
J'ai été longue, mais je voulais vraiment vous remercier toutes de votre précieux soutien et votre attention.
Merci. Lucie