Bonjour à toutes,
je profite de cette rubrique pour raconter la venue au monde le 9 janvier de notre petit prince. je pense que ça va me faire du bien de mettre tout ça par écrit. ce n'était pas vraiment long mais éprouvant moralement. on a bien cru le perdre.
je faisais un diabète gestationnel qui commençait à se dérégler. l'écho de contrôle ne montrait aucun signes que BB était affecté (pas de gros cœur, assez de liquide, poids estimé à 3kg100, pas de gros cordon....). les SF hésitaient à me déclencher. à la fin, c'est nous qui avons demander le déclenchement. mon mari étant infirmier de nuit, il angoissait de ne pas être là pour accouchement. du coup, d'une naissance prévue le 21 janvier on est passé au week-end du 6 au 8 janvier.
je vous passe le premier essai de déclenchement au gel le vendredi 6. les contractions se sont calmées d'elles-même dans l'après-midi.
retour à la mater le dimanche pour une 2ème pose de gel. au TV la SF me dit que je suis dilatée à 2 avec un col mi-long et mou. au monito je contracte gentiment toutes les 4-5 min mais tout à fait gérable, ça ne devient pas plus fort ni plus rapproché. je fais du ballon, marche dans le couloir. au bout de 2h elle nous envoie marcher pendant 1h pour voir si ça accélère le processus. à 14h retour à la mater, monito plus TV: col un peu plus court et ouvert. du coup elle nous renvoie à la maison pour que je puisse prendre un bain et m'activer. arrivés à la maison, j'envoie mon homme se coucher (il avait dormi seulement 5h en 2 jours) et je me fais couler mon bain. ça me calme pendant 10 min puis les contractions repartent de plus belle, assez fortes pour que je doive me lever car petite baignoire et pas la place de bouger.
je ne tiens pas assise, je fais les 100 pas dans le salon, pliée en deux à chaque contraction. je prends du spasfon, ça ne me calme pas. je tiens, je tiens, je tiens jusqu'à 18h où j'en peux plus. je réveille mon homme et direction la mater.
au TV dilatée à 3, col quasiment effacé, "c'est bon, on vous passe en salle de naissance". elle me propose de me percer la poche des eaux en attendant que l'anesth arrive pour gagner du temps (eh oui chochotte comme je suis, je n'ai pas supporté les contractions alors franchement j'admire celles qui l'ont fait sans).
la pose de la péri était parfaite, je n'ai rien senti et elle était suffisamment bien dosée pour que je n'ai aucune douleur tout en sentant mes jambes et en pouvant les bouger sans pb.
à 21h je suis dilatée à 6. la SF me dit tout va bien......... malheureusement c'est là que ça a commencé à dérailler :(
BB supporte de plus en plus mal les contractions et reste très haut. son rythme descend à 90... le truc c'est qu'avec nous la SF était obligée d'être cash vu qu'on est du métier, on sait très bien à quoi s'en tenir. elle décide d'arrêter la perf d'ocytocine pour laisser notre petit prince récupérer. en plus le pauvre bout de chou se présente tête vers le haut et vu qu'il fatigue elle me dit on va l'aider un peu à se tourner. et me voilà à 4 pattes sur la table d'accouchement, les bras autour du ballon, faisant des va-et-vient pour aider mon ange. il est 22h.
à 23h, elle remet un peu la perf, me remet sur le dos. malheureusement il n'a pas réussi à se retourner. "ne vous inquiétez pas , c'est moi qui l'aiderait à le faire". ne vous inquiétez pas..... pas facile quand on voit bien que le petit ne va pas fort. la preuve, on m'enlève le capteur pour lui mettre une sonde directement sur le crâne pour pouvoir mieux surveiller son rythme cardiaque. il récupère mais pas suffisamment vite, on sent que qqch cloche, BB ne progresse pas assez vite malgré les contractions efficaces, il se fatigue.
et puis la phrase qui tombe comme un couperet: "tu peux biper le médecin?" ça y est, ça se confirme, ça ne va pas se passer comme on l'avait rêvé. on se regarde sans parler, on se sert la main plus fort, on pense ensemble: "lâche pas petit coeur, papa et maman sont là"
le médecin arrive, m'examine: "allez on s'installe, il est haut mais faut le sortir vite, on rase la dame au cas où pour la césar, on se dépêche"
je regarde mon mari et je lis sur ses lèvres "ça va aller ma puce"
moi je me dis "va falloir pousser ma grande, de toute tes forces, il n'y arrivera pas tout seul"
et là on me demande de pousser. une auxiliaire m'explique qu'elle va pousser sur mon ventre les fesses du BB. ok, de toute façon ça m'aide à savoir comment pousser, j'essaie de repousser son bras. on me dit que c'est bien, de continuer. on pose une ventouse sur le crâne de notre fils pour le faire progresser plus vite. en poussant j'entends son pouls qui ralentit.... ne pas paniquer, inspire et pousse de toute tes forces!
je sens qu'il sort, il est là mais je sens que ça ne va pas. je n'entends pas ce que j'attends, un pleur, un cri. on me le pose sur le ventre: mon pauvre amour est bleu, ne réagit pas, je vois qu'il ne respire pas. 2 secondes seulement sur mon ventre et elles l'emmènent.
c'est maintenant que je craque. je sais qu'il est entouré de toute l'équipe (j'étais seule en salle de naissance), cette merveilleuse équipe qui nous a entouré jusqu'ici, en nous expliquant tout au fur et à mesure, en prenant en compte le fait que nous soyons soignants etc.
au bout d'un quart d'heure la SF revient: "Lorenzo respire mais très difficilement, il faut qu'on l'aide beaucoup. on a essayé de l'intuber mais il ne voulait pas. le pédiatre arrive. Mr si vous voulez venir le voir, vous pouvez" je regarde mon mari et lui dit: "va le voir, qu'il ne reste pas tout seul" après, on s'est aperçu qu'on avait tous les deux pensé à la même chose à ce moment-là. s'il meurt, il faut qu'il ait un de ces parents avec lui, surtout qu'il ne parte pas tout seul, que mon mari puisse au moins lui faire un signe de croix sur le front.
après c'est mon mari qui m'a raconté: après l'avoir ventilé au ballon, notre petit père respirait difficilement sous masque à haute concentration avec une saturation à 68%. son papa n'osait même pas le toucher. les SF tout autour l'encouragaient pour qu'il se batte. là il y en a une qui s'adresse à mon mari en lui disant qu'il peut le toucher, lui parler. mon chéri s'approche plus près, lui caresse le pied, la main, lui parle "allez bonhomme, n'abandonne pas, je suis là, maman t'attend". eh ben coïncidence ou petit miracle appelez ça comme vous voulez mais notre petit bout a commencé à remonter la pente, sa saturation remontait petit à petit.
moi pendant ce temps-là, la délivrance ne se passe pas comme il le faudrait. le placenta ne veut pas sortir. seul abruti au milieu d'une équipe génial l'obstétricien ne me calcule pas, ne m'explique rien. c'est l'interne qui s'adresse à moi. "on vous a fait une épisio, là le placenta ne veut pas venir, va falloir que j'aille le chercher". moi de toute façon, je suis en pleurs, dans un état second, les yeux rivés sur la porte, toute mon attention focalisée à l'extérieur de la salle. l'interne essaie une fois, deux fois, elle s'excuse mais n'y arrive pas.
au bout d'un quart d'heure mon mari revient en salle de naissance pour me donner des nouvelles, essayer de me rassurer. c'est à ce moment que l'autre mufle décide que son interne met trop de temps et prend le relais. bon d'accord j'avais une péri mais même si je n'avais pas mal, je sentais tout. il était tellement délicat qu'il faisait bouger la table d'accouchement! :evil: j'ai cru que mon mari allait lui en décoller une. finalement le placenta est évacué et c'est l'interne qui me recoud.
la SF revient régulièrement nous donner des nouvelles: "là on lui a posé une perf de glucose pour l'aider un peu vu qu'il a souffert à la naissance et puis comme ça on a fait un bilan complet pour voir s'il n'a pas d'infection parce qu'il chauffe un peu à 38°. on lui a prélever du liquide gastrique aussi et fait une radio." finalement l'hyperthermie c'était parce que moi j'ai chauffé un peu à la fin donc pas d'infection.
au bout d'une heure, elle revient encore: "la radio est bonne, les résultats sont encourageants mais Lorenzo n'arrive toujours pas à se passer d'oxygène donc le pédiatre se demande s'il ne va pas falloir l'intuber quand même. on lui laisse encore un peu de temps pour voir s'il récupère". oh non, pas ça! je sais ce que ça veut dire avant même qu'elle ne me l'annonce. c'est une maternité de niveau 1 donc pas équipée pour surveiller un BB sous respirateur donc il va être transférer loin de nous et je ne pourrais pas le suivre! je recommence à pleurer de plus belle, la SF et mon mari tentent de me calmer.
ça fait une heure et demi maintenant que j'ai accouché. je veux voir mon fils, je n'en peux plus, il me manque. j'entends du bruit dans le couloir, la porte s'ouvre et là je vois la SF avec un pousse-seringue dans la main et derrière l'auxiliaire qui me l’amène enfin, mon ange, mon petit amour...
et voilà le moment que j'ai tant attendu. on me pose Lorenzo sur moi, il a les yeux grands ouverts, il me regarde, il respire, il est rose, il est beau, il est chaud et il est enfin dans mes bras.... papa et maman pleurent de bonheur, on le couvre de bisous, il est calme, serein, il nous regarde avec ses grands yeux ouverts. l'équipe s'éclipse pour nous laisser entre nous.
au bout d'une heure, la SF revient: "on va l'habiller et le mettre dans une couveuse. ne vous inquiétez pas, il ira dans la chambre avec vous. on lui laisse pour l'instant le capteur de sat pour bien le surveiller" c'est bien, il va rester avec moi, je ne veux pas qu'il s'éloigne, j'ai encore trop peur de le perdre. pendant qu'on l'installe, on me déperfuse, on m'enlève le cathéter de péridurale et on m'aide à m'habiller. la pédiatre revient l'examiner une dernière fois. c'est bon il va bien, on peut nous monter dans la chambre.
voilà pour le récit de mon accouchement. désolé pour la longueur mais ça m'a fait du bien d'écrire tout ça.
pour ce qui est des suites de couches, moi ça va. l'épisio a été, selon les SF, très bien recousue et avec l'homéopathie ça ne me faisait pas trop mal. j'ai du tardyféron pendant un mois car je suis anémiée mais c'est pareil c'est pas grave.
par contre pour notre petit prince les ennuis n'étaient pas fini. l'allaitement se passait plus ou moins bien (au début c'est toujours un peu difficile) mais avec l'aide des SF et des auxiliaires je me débrouillais.
à J-2, on lui diagnostique une jaunisse. faut dire qu'il cumulait les facteurs de risque: diabète gesta, ventouse et donc hématome, soufrance et mal adaptation à la naissance.... c'était évident qu'il allait en faire une. donc on lui fait des séances de photothérapie. lui ne bronche pas, ne pleure jamais sauf quand il a faim: c'est un ange. 3 séances de 3h sur une nuit. ça me permet de me reposer un peu. résultats 12h après toujours élévés. bon ça résiste un peu. on recommence 2ème série de 3 sénaces..... résultats à 12h encore plus élévés qu'avant!
:shock: c'est pas vrai mais il en aura jamais fini!! chaque jour on repousse la sortie, je veux rentrer à la maison avec mon BB, je veux voir mon mari ( eh oui il avait recommencer à travailler du coup il nous voyait 3h/j parce qu'il fallait qu'il dorme un minimum). le pédiatre décide de faire une grosse cure pour enfin casser toute cette bilirubine (le pigment responsable de la jaunisse) surtout que ça le fatigue, sa courbe de poids monte, descend. à j-7 il n'a toujours pas repris son poids de naissance. et c'est parti pour 12h de photo non stop avec sortie juste pour les tétées... je craque. mon pauvre petit coeur lui ne dit rien, il ne se plaint pas, un vrai petit soldat.
12 heures plus tard les résultats sont bons, on envisage peut-être la sortie 48h après. mais déjà au bout de 24h ça se voit à vue d'oeil il redevient jaune. du coup, on s'inquiète. pourquoi son foie n'arrive pas à éliminer la bilirubine? est-ce qu'il a un pb? les pédiatres s'interrogent et nous ça fait déjà 9 jours qu'on est enfermés à la mater. je pète complètement les plombs. du coup ils m'autorisent à aller faire un tour avec papa pendant que notre loulou est en séance de photothérapie, encore... au retour elles me font un super cadeau. elles mettent l'appareil dans ma chambre pour qu'il soit avec moi. je lui prends les constantes, gère les tétées, ça me fait du bien d'être actrice dans ses soins.
J-10 vendredi 20: toujours cette foutue bilirubine... encore une série de séances, est-ce qu'on va en voir le bout? et puis à 15h, alors que notre loulou est dans le poste de soins dans l'appareil, la pédiatre déboule dans la chambre: "bon vous sortez demain mais j'ai besoin de votre numéro de téléphone. vous avez rdv lundi à st antoine avec une spécialiste de l'ictère du nourisson". euh quoi? qu'est-ce qu'elle a dit la dame? mon coeur, j'ai bien entendu hein, elle a dit qu'on s'en allait demain?
et voilà. sortie (enfin!) à j-11, retour à la maison avec mes 2 hommes. tout se passe bien. on m'avait dit qu'il fallait le complémenter en plus de la tétée pour qu'il prenne du poids vite afin qu'il élimine sa bilirubine. il a toujours refusé le moindre bib mais lundi le verdict était sans appel: 3kg 200 (poids de naissance +80g trop bien!!). la pédiatre nous a rassurés. notre petit ange va bien ( taux de bili en chute à la prise de sg du jour), il boit bien donc il est sorti d'affaire.