La naissance de Malo
C’est pendant une nuit de juillet que nous avons conçu notre petit poisson. Je m’en suis doutée très vite, je le sens toujours … mais la douloureuse épreuve que nous avions traversée récemment m’a fait aller très doucement, et j’ai attendu d’avoir 15 jours de retard avant d’oser y croire, et faire enfin un test, avec Thierry. Je me souviens de cette période d’espoir, d’intuition, que j’ai vécue en même temps que ma « jumelle de grossesse », nous étions sans le savoir encore enceinte quand nous nous sommes vues : beau souvenir …
Nous étions sur la réserve malgré le joli + qui s’affichait. Heureusement, très à l’écoute de mes sensations, j’ai senti très tôt mon petit poisson en moi, comme une boule qui se déplaçait au creux de mon ventre. Ça m’a beaucoup rassuré. Pour Thierry, il a fallu attendre la première écho tant redoutée … mais cette fois tout allait bien !!! Notre petit poisson était bien là, ses petites mains qui bougeaient au dessus de sa tête, le bruit rassurant de son cœur qui battait régulièrement …
Peu à peu, nous sommes devenu plus confiants, et nous nous autorisions à nous projeter… mais il me faudra arriver quand même au 5ème mois avant d’être enfin complètement sereine pour cette grossesse…
Grossesse qui aura été vécue pour moi moins bien que celle de Titouan, en raison de pas mal de choses qui aura fallu surmonter(le deuil), ou supporter (les petits soucis de santé, bénins mais pesants… la taille de mon ventre, très encombrant… ) Peut être aussi le fait de ne pas connaitre le sexe, j’ai eu plus de mal à me projeter…
En revanche, le suivi de ma grossesse par Sylvie, la sage femme qui me suivrait en accompagnement global tout au long de la grossesse, de l’accouchement et de ses suites, je l’ai adoré : c’est exactement ce que je voulais, dans le suivi, dans l’approche, et les propositions thérapeutiques.
Puis il y a eu de vrais moments bonheurs pendant cette grossesse : la petite escapade en Dordogne avec mon chéri, une parenthèse magique au cœur de l’hiver, et surtout, mon blessingway, cet après midi unique, forte en émotions, et inoubliable, entourée de mes amies les plus proches, où j’ai fait le plein d’amitié et de forces en vue de mon accouchement prévu à la maison.
Voilà déjà des semaines que j’attends avec impatience la venue de mon « ptit poisson ». Mon ventre m’encombre, j’ai du mal à me bouger, je fais de l’œdème … et surtout, surtout, j’ai hâte de vivre ce moment tant attendu de l’accouchement à la maison, et de la découverte de ce bébé mystère…
Lundi 18 avril : cette nuit, il y a une lune… Titouan se lève 2 fois dans la nuit pour venir nous voir dans notre chambre, il ne l’avait jamais fait … en même temps, je ressens de petites contractions dans le dos … je suis depuis quelques jours déjà aux aguets, là, je me lève, un peu excitée... Je vais dans le séjour, éclairé par cette lumière si particulière que projette la pleine lune... je passe le bracelet de Julie, je marche un peu... Puis je vais me recoucher. Rien de plus. Quand j’en parle aux filles sur le forum, c’est le début de la grande attente, toutes pensent que ça ne devrait pas tarder... Moi je suis vraiment pressée, les jours me semblent longs, presque vides parfois … mais ça va mieux quand je suis occupée.
En fin de semaine, nous sommes allés Thierry et moi à la piscine, un très bon moment de relaxation et de détente, la sensation d’être en symbiose avec mon bébé, tous les 2 dans l’eau, à quelques jours de sa venue…
Des amis de longue date se sont donné le mot pour passer nous voir le samedi puis le dimanche de Pâques, je n’arrêtais pas de me dire que j’allais commencer mon travail en leur présence !!!
Dimanche soir, le 24, un gros orage a éclaté, juste au moment où Titouan se couchait. Il a eu très peur, nous l’avons pris avec nous dans le salon, on a regardé ensemble un dvd de Shrek pour l’apaiser …il tombait de sommeil, mais impossible de le coucher dans son lit, il était paniqué. Thierry, qui était de matin le lendemain, est donc allé se coucher avec Titouan dans notre lit.
Moi, pendant tout ce temps, je sentais des contractions très régulièrement, et déjà assez rapprochées… mais pas très intenses. Je l’avais dit à Thierry. J’ai commencé à aller sur internet, puis je voulais mettre un dvd mais les contractions étant toujours là, et la fatigue pointant son nez, je suis allée me coucher dans le lit de Titouan, en me disant que si c’était le travail qui commençait, j’aurais au moins ça de pris en repos. J’ai dormi pendant 1h30. A mon réveil, plus de contractions. Je me suis levée et j’ai marché tout un moment dans le séjour et le salon, pour voir … mais rien… alors, je suis allée remettre Titouan profondément endormi dans son lit, et j’ai regagné le mien pour une nuit très calme.
Quand le réveil de Thierry a sonné, il m’a demandé s’il allait au boulot ou pas. Je ne ressentais rien de spécial, je lui ai dit qu’il pouvait y aller.
Peu après son départ, Titouan s’est mis à pleurer dans son lit. Je suis allée le chercher pour qu’il finisse sa nuit près de moi. Nous nous sommes endormis un peu. J’ai été réveillée par des contractions, ressemblantes à celles de la veille. Nous nous sommes levés, avons pris notre petit déjeuner… les contractions s’intensifiaient, et étaient rapprochées (j’avais trouvé un logiciel sur le net, en cliquant au début et à la fin de chaque contraction, il calculait leur durée et leur fréquence : je savais que je n’aurais pas envie de faire du calcul à ce moment là !!!)
Je sentais que cette fois c’était la bonne... je peinais à m’occuper de Titouan, lui voyait bien que chaque contraction était douloureuse, alors je le rassurais... il a vraiment su trouver sa place et est resté très calme et discret pendant que je contactais Xavier pour le prévenir qu’il allait récupérer Titouan, et Thierry pour lui demander de rentrer.
J’ai aussi commencé à essayer de joindre Sylvie, mais ça ne répondait pas sur son fixe, et je tombais sur la messagerie sur son portable. Je lui ai laissé un message.
Les filles du forum étaient évidemment à l’affut, elles savaient que j’avais eu des contractions la veille, elles se sont doutées elles aussi que c’était le grand jour quand je leur ai décris mes contractions. Elles étaient bien plus inquiètes que moi, au vu de leur fréquence, elles pensaient que l’accouchement était imminent. Pas moi, même je trouvais que c’était plus rapide que pour Titouan.
Thierry est arrivé, il a terminé le sac de Titouan et commencé à préparer le salon, pièce que nous avions choisi pour mettre au monde notre petit poisson. Il m’a mis de la musique, les playlists que j’avais préparées, puis il est rapidement parti emmener Titouan à Xav, tellement rapidement que je n’ai pas pu l’embrasser, il avait très vite installé dans la voiture… ça m’a fait un petit pincement au cœur.
Pendant son départ, j’ai allumé les bougies et l’encens du blessingway, mis le collier et le bracelet, sorti la boite et tout ce que nous avions préparés pour ce moment là … puis j’ai envoyé un message à chacune des amies présentes ce jour là, comme je le leur avais promis. Elles m’ont toutes répondues presque aussitôt, chacune à leur manière, ça m’a beaucoup touché.
Je m’apprêtais à entrer dans un bain chaud et relaxant quand j’ai pu avoir Sylvie au tel, elle se levait. Elle m’a conseillé d’attendre un peu pour me mettre dans le bain, car ça pouvait accélérer les choses… et elle avait de la route !!!
Thierry m’a trouvé sur le matelas à son retour, dans le salon, j’avais baissé les volets, seule la fenêtre du salon laissait filtrer le soleil. J’étais calée contre le canapé, assise avec des coussins, la bouillotte chaude derrière mon dos. Je soufflais bien pour gérer les contractions.
Thierry a allumé le feu dans la cheminée. Je voyais la fumée passer au dessus des buissons, par la fenêtre, c’était un peu surréaliste avec le beau temps qu’il faisait !!! Il a essayé de me masser la tête, et contrairement à toute attente, moi qui adore ça habituellement, je n’aimais pas du tout !!!
J’ai continué à me concentrer pour gérer mes contractions, en m’aidant de la musique, pendant que Thierry mettait les serviettes à chauffer près du feu.
Sylvie est arrivée vers 12h, je guettais le bruit de sa voiture, je me suis détendue quand je l’ai entendu. Elle est venue s’assoir à coté de moi, me demandant comment je me sentais. Elle m’a examinée : j’en étais à 4/5 !!! J’étais vraiment contente, j’avais fait la moitié, sans avoir l’impression que ça aie été si difficile à gérer. D’autant que je me suis surement retenue inconsciemment jusqu’à son arrivée. Je pouvais maintenant prendre un bain, Thierry est allé le faire couler, il y a mis des HE de girofle et lavande. Je m’y suis glissée, une serviette calée sous le dos, l’autre sous la nuque. Le contact de l’eau chaude me faisait du bien. Thierry faisait couler de l’eau sur mon ventre pendant les contractions, ça me soulageait. Je ressentais le besoin de bouger, j’ai essayé le 4 pattes, mais c’était étroit et je n’étais pas à l’aise. J’ai repris ma position initiale. J’avais perdu le bouchon muqueux, et un peu de liquide dans l’eau. Thierry m’a mis de la musique (Jewell) ; je commençais à avoir froid aux épaules et à tout ce qui dépassait de l’eau. Thierry m’a donc installé une serviette sur le corps, je l’ai remontée comme une couverture, j’étais bien. Sylvie venait régulièrement me voir, elle me donnait de l’homéo de temps en temps.
Assez rapidement, j’ai eu envie de bouger, l’eau me soulageait énormément, mais j’étais coincée sur le dos et je voulais autre chose. Alors je suis sortie, j’ai regagné le salon enveloppée de ma grande serviette. Sylvie était venue exactement au même moment pour me proposer d’essayer d’autres positions. Elle proposé de m’examiner : j’étais à 8 !!! Ça allait vite, mais pour autant bizarrement (intuition ?) je n’avais pas le sentiment que mon bébé allait sortir dans peu de temps. Sylvie écoutait régulièrement le cœur du bébé, tout allait bien. J’avais très chaud avec le feu de cheminée, Thierry me mettait du brumisateur sur le visage.
J’ai essayé le 4 pattes, Sylvie a montré à Thierry un geste de massage dans le bas du dos, comme un bercement : efficace, ça me faisait du bien. J’ai essayé aussi en position accroupie, suspendue aux bras de Thierry. Je sentais quelque chose qui descendait, Sylvie m’a dit que c’était la poche des eaux, qu’elle la sentait au doigt et qu’elle veillait à ne pas la rompre, pour ne pas que tout descende d’un coup, et que le cordon passe avant le bébé. J’étais à dilatation complète.
J’ai marché un peu, j’ai trouvé une nouvelle position, sur les WC. Thierry m’avait amené « l’échelle » de Titouan, pour mettre sous mes pieds, il a ajouté une bassine à l’envers avec par-dessus un livre de pêche (!!) pour que j’ai un appui sous chaque pied. Je m’étirais avec les bras de Thierry, j’étais mieux ainsi qu’accroupie, au moins je me reposais, assise. A mon retour dans le salon, j’ai repris la position suspendue, et tout à coup un claquement à l’intérieur de moi, et splashhh !!! La poche était rompue, j’ai sursauté et crié de surprise. Il y en avait partout, y compris sur les pieds de Thierry ! Sylvie s’est précipitée pour voir si le cordon descendait… mais non, bébé était resté bien haut … si haut que je le sentais contre mes côtes pendant les contractions !!!!
Je me concentrais toujours pendant les contractions, qui du coup étaient devenues plus intenses. J’ai commencé à émettre un son grave pour m’aider à les passer, Sylvie et Thierry me soutenaient de leur voix en même temps.
Le temps passait, je variais les positions, mais bébé ne descendait pas. Sylvie nous a alors proposé le rebozo : une écharpe tissée mexicaine, donc on s’est servi pour me « secouer » le bassin, chacun participait : l’un me soutenait pendant que je me laisser aller accroupie, sur la contraction, l’autre secouait l’écharpe, c’était très physique et épuisant, pour tous.
J’ai aussi essayé de me suspendre à l’écharpe accroché à un anneau dans le plafond, mais ce n’était pas évident de me concentrer sur mes mains pour la tenir, en même temps que sur la contraction : j’ai du en passer juste 2 comme ça, et préférer très vite les bras de Thierry.
Sylvie continuait à m’examiner régulièrement, le bébé ne descendait pas, pas de souci avec son cœur, mais ça commençait à être très long. Le pire, c’est que mon col n’ayant plus rien qui appuyait dessus depuis la rupture de la poche, s’était oedèmacié, et … n’était plus ouvert qu’à 4/5… (Je n’aurais jamais imaginé qu’on puisse revenir en arrière ainsi …)
Sylvie a commencé à nous préparer doucement, le liquide était teinté un peu au-delà de la limite qu’elle se donne en aad, le bébé ne descendait pas, il allait peut être falloir aller à la mater… on a continué à faire plein de positions pour qu’il s’engage .Sylvie me donnait de l’homéo, de la phyto, je marchais dans le couloir en levant les genoux, on a refait du rebozo … je commençais à sentir la fin de notre projet d’aad, j’étais si déçue… je parlais au bébé, avec Thierry, en lui demandant de descendre en lui disant qu’on voulait le voir, qu’on avait tout préparé pour bien l’accueillir ici à la maison…
Rien ne bougeait… devant le risque d’un obstacle mécanique, bretelle ou circulaire, le liquide teinté, et le temps qui passait, il a fallu accepter le transfert à Challans. Thierry a complété le sac, et m’a aidé à m’habiller. Je me disais alors que de toute façon, mon aad était fini, que j’accoucherais à la mater, et que ça allait me casser ma bulle... je savais que je n’arriverais plus à gérer aussi bien… donc j’ai décidé à ce moment là de demander la péri une fois là bas.
Le trajet n’a pas été facile, je fermais les yeux pour gérer mes contractions (toutes les minutes en gros), ma bulle était déjà brisée.
Nous sommes arrivés devant les urgences, là, l’horreur, pendant que Thierry allait chercher quelqu’un, il y a avait ces gens, juste devant la vitre de la voiture, qui parlaient fort, riaient, et disait « oh là là elle accouche », ça m’a énervé…
Un brancard est arrivé, je me suis hissée dessus tant bien que mal, ils m’ont transportée à toute vitesse dans les couloirs, mais alors ils ont encore plus cassé ma bulle, pendant que j’essayais au mieux de gérer la douleur, en fermant les yeux et en faisant « ooooo », ils me posaient des questions « vous en avez tous les combien, c’est votre premier ? » MAIS LAISSEZ-MOI TRANQUILLE !!!!!!!!
J’ai rejoins le service de mater, la chambre de travail... un air déjà vu 2 ans et demi auparavant... la ceinture pour le monito, la chemise de bloc … la sage femme s’est présentée, 2 fois même, Anna, elle était très attentive à tout nous expliquer et avait lu mon projet de naissance. Elle m’a félicitée car elle trouvait que je gérais bien, et quand j’ai demandé la péri elle a vraiment approuvé en disant que ça devait être très dur sans (ben oui, à l’hôpital forcément…)
Je suis allée tout de suite en salle d’accouchement, il devait être 18h30. Je me suis mise assise sur le coté de la table, les pieds appuyés sur le marchepied, Thierry devant moi. J’appuyais ma tête contre son torse et faisait « ooooo » pendant les contractions, mais ma voix déraillait, je n’en pouvais plus, je me demandais quand l’anesthésiste allait arriver. Ils m’ont fait boire un médicament contre les maux d’estomac, première cochonnerie …
Le médecin est enfin arrivée, à peine bonjour, aucune humanité, même pas avec les sages femmes… Elle m’a piquée, Thierry me soutenait toujours. La deuxième cochonnerie était posée, j’aurais tellement aimé pouvoir m’en passer, mais dans ce contexte je n’en ai pas eu la force… du coup, je me détendais enfin, je ne sentais plus les contractions, je pouvais bouger mes jambes, mon bassin…
Anna est revenue nous voir, on a reparlé un peu de notre projet, je lui ai demandé aussi dans quelle position j’allais pouvoir accoucher. Elle m’a conseillé avec les bras tendus en arrière prenant appui sur Thierry pour me donner de la force, me confiant qu’elle avait fait comme ça pour son accouchement. Elle m’a parlé aussi d’un point d’acupuncture utile pour la délivrance du placenta.
Le temps passait, bientôt 20h, changement de garde. Anna est venue nous le dire, en nous rassurant sur le fait qu’ils travaillaient tous pareil. J’aurais aimé que ce soit elle qui m’accouche pourtant. Thierry a ensuite eu droit à un café et des gâteaux secs, le pauvre, lui comme Sylvie n’avaient rien mangé. Comme il les a eus dans la salle, il m’en a donné un peu, je mourrais de faim !! Je me dépêchait de les manger avant que quelqu’un n’arrive !
Thierry s’était absenté pour aller voir Sylvie, qui nous avait accompagnés mais qui devait rester dans la salle d’attente malheureusement. Il est revenu avec elle, ça m’a fait plaisir de la voir ! elle m’a rassurée, me parlant aussi de l’effet positif que pouvait avoir la péri sur mon col, jetant un œil au monito pour voir que j’avais une bonne dynamique utérine… elle devait partir, et elle nous a demandé de la prévenir de la naissance, même tard dans la nuit. Elle m’a embrassé avant de partir, non sans donner à Thierry de l’homéo et des gouttes de phyto pour que je les prenne en douce (interdiction de boire ou de manger quoi que ce soit, pfffff ) Elle nous a aussi laissé son rebozo pour qu’on continue à faire le travail avec.
Thierry s’est donc débrouillé pour mettre les gouttes dans de l’eau, que je puisse les avaler, et me donnait régulièrement les granules. Nous avons recommencé à faire du rebozo, une des sages femmes qui est arrivée pendant a trouvé ça bien et m’a proposé de me faire de l’acupuncture si le bébé ne descendait pas. L’autre sage femme, celle qui m’accouchera, a ouvert de grands yeux « c’est quoi ça ?? » Il me faisait respirer aussi l’odeur de l’he de girofle, et m’a massé le dos avec.
Juste après l’examen de cette dernière, qui montrait que mon col était toujours gonflé et pas ouvert tellement plus, un médecin est arrivé, et nous a tout de suite braqués !!! En gros, il nous reprochait d’avoir voulu faire l’aad, que si il arrivait quelque chose ça serait pour sa pomme, et qu’il allait me passer du syntho pour accélérer les choses !!!! Dit comme ça, on n’avait aucune envie qu’il le passe ce syntho !!! On savait qu’il y avait plusieurs autres accouchements à coté, on s’est demandé si ça n’était pas plutôt pour que ça aille plus vite, pour l’arranger lui. On a protesté, et demandé de respecter aussi notre projet de naissance. On lui a signifié notre souhait de posturer encore un peu pour essayer de le faire descendre, avant de penser au Syntho. Il est parti pas content. Nous ne l’étions pas non plus.
Nous avons continué le rebozo, la sage femme m’a aidé à me placer sur le coté, et je bougeais tout le temps mon bassin. A l’examen suivant, mon col n’était plus gonflé et quasi effacé !!! Merci Sylvie !!!!
Le médecin est revenu, il s’était radouci et nous a présenté les choses autrement, en nous expliquant pourquoi il voulait me passer du syntho, ce qui était déjà plus compréhensible (un travail qui durait depuis longtemps, un liquide teinté, un bébé qui ne voulait pas descendre... Il fallait faire quelque chose.) On a donc accepté. Je n’ai par contre pas du tout apprécié qu’il me dise « vous avez déjà pris la péri ?? Alors, pourquoi vous refuseriez le syntho !!!!!!! » ( --envie de meutre---)
Finalement, le syntho sera passé, mais beaucoup plus tard (complicité de la sage femme ou réel oubli… ???), et en fait Thierry me dira plus tard que notre bébé avait déjà commencé à descendre au moment où ils l’ont passé. En effet, toujours sur le coté, je sentais que ça commençait à pousser, de plus en plus fort… j’étais ravie !! La sage femme m’a fait un peu peur en me disant que ce serait bien qu’il soit né dans l’heure, car ça commençait à faire trop long… l’idée d’une césarienne m’a trotté dans la tête, mais je n’ai pas trop voulu penser à cette éventualité. Et puis je le sentais, il était là, il poussait, il voulait enfin sortir mon petit poisson !!! Donc on s’est installés pour la poussée, position gynéco, mais ça ne m’a pas dérangé car je me voyais ainsi le sortir et le poser sur mon ventre. La sage femme m’a prévenu que, contrairement à mon souhait, ça serait préférable de faire le « bloquer-pousser » pour qu’il sorte au plus vite. Je comprenais, moi aussi j’avais envie qu’il sorte de toute façon… j’ai quand même demandé à ce qu’elle m’applique des compresses chaudes au niveau du périnée, elle ne l’aurait pas fait sinon.
Et c’était parti … contraction, il était là, j’ai poussé de toutes mes forces, accompagnée par la sage femme qui me guidait pour que je sois efficace… je sentais sa tête progresser en moi, il arrivait !!! j’ai eu très mal pendant le passage de la tête, au moment ou on vous dit « ne poussez plus « et que c’est son diamètre le plus grand qui tend tous les tissus… aussitôt la contraction suivante, j’ai poussé de toutes mes forces, je le sentais, sa tête était presque passée...
Petit moment drôle : j’étais dans ma bulle, concentrée sur ma poussée et les sensations du bébé qui progressait, quand j’ai entendu « tends les bras ». Repensant à ce que m’avait dit Anna, et la position qu’elle m’avait conseillé… j’ai tendu mes bras... En arrière !!!!! Je n’avais pas compris que le bébé était déjà sorti et que je pouvais aller le chercher !!
Mais je me suis reprise instantanément, et je me suis penchée pour aller accueillir mon bébé, mon petit poisson tout chaud et humide, j’ai senti son corps glisser hors de moi, et je l’ai posé sur mon ventre !! Quel bonheur !! ce contact, si émouvant … cette sensation d’être remplie de lui, rien que de le sentir sous mes doigts… je le voyais, je regardait son visage, je le voyais prendre ses premières respirations... j’ai eu un mouvement pour glisser ma main sous ses fesses et découvrir qui il était… et je ne sais pas pourquoi, je me suis interrompue dans mon élan, et au même moment Thierry s’est exclamé « c’est un garçon !!! », mais c’est étrange, c’est comme si il ne faisait que dire tout haut ce que j’avais déjà deviné, sans rien voir…
Mon enfant, mon petit garçon, tu étais là, tout contre moi …enfin … 22h28, lundi 25 avril …
Il a fallu couper rapidement le cordon qui était très court, Thierry a pu le faire. Puis je t’ai remonté sur moi, déjà avide de sentir ce petit corps tout chaud encore plus proche, nos deux corps s’étaient « séparés » pour qu’on puisse se découvrir enfin et se retrouver autrement. Je t’ai trouvé très beau, différent de Titouan, avec tes grands yeux qui me dévoraient, et tes jolies joues à bisous…
Thierry t’a accompagné avec la sage femme, elles t’ont fait quelques soins, mis une couche… et pesé !! Et là, surprise : tu n’étais pas du tout un « petit poisson » mais bien un beau bébé de 4kg010 !! C’est vrai que je t’avais senti un peu potelé sous mes doigts en te posant sur mon ventre!!
Je t’entendais pleurer dans la pièce d’à coté, pendant que le médecin procédait à la délivrance dirigée. J’ai repensé aussitôt au point d’acupuncture, que Sylvie nous avait montrée du coup lors de son passage. Je l’ai fait, et aussitôt le placenta est sorti, en douceur… nous souhaitons le conserver pour le planter au pied d’un arbre, ils l’ont donc identifié et congelé, nous devrons écrire un courrier au directeur de l’hôpital pour le récupérer (!!!)
Peu après, je t’ai retrouvé mon beau Malo, je t’ai pris au chaud contre moi pendant qu’on me réinstallait, puis je t’ai mis devant le sein… il t’a fallu un peu de temps avant de trouver comment faire, mais tu avais envie en tout cas, et dès que tu as pris le mamelon, j’ai découvert que tu étais un petit glouton !!! Première tétée, partage d’émotions, de sensations, avec ton papa juste à coté… on te dévorait des yeux, on te comparait avec Titouan… Thierry a pris quelques photos... On était bien, tu étais là, cette longue journée s’était bien terminée.
J’ai rejoins ma chambre, en fauteuil, tu étais blotti contre moi. Je garderais toujours en mémoire ta bouille d’ange endormi, posé sur le lit juste à coté de moi … nous ne passerons qu’une nuit ici, nous te ramèneront à la maison dès le lendemain midi…
Ton grand frère, Titouan, t’a découvert à la maternité, pendant que je te donnais le sein. Il s’est montré intrigué mais intéressé, et très tendre.
Nous avons pris le chemin de la maison tous les 4, pour démarrer cette nouvelle vie avec toi.
Nous aurions voulu de toutes nos forces t’accueillir à la maison, dans d’autres circonstances… ça n’a pas pu se faire, il me faudra un peu de temps pour le surmonter… mais je te regarde, je te respire, je t’embrasse… tu es là, et ça, ça compte plus que tout…
Je t’aime Malo.