Voilà, j’arrive enfin à prendre le recul nécessaire pour raconter mon accouchement.
Jusque là je n’arrivais pas à le raconter sans en pleurer (c’est pas vraiment un problème si je pleure en écrivant sur le forum me direz-vous !) et puis j’ai préféré ne pas trop en dire plus tôt car certaines de mes copines septembrettes n’avaient pas encore accouché quand je suis rentrée de la maternité et je n’ai pas voulu les effrayer.
Pour moi ça a été une journée d’horreur, un souvenir que je n’arrive pas à effacer et qui me dégoûte complètement de la grossesse.
Si vous n’avez pas de temps à perdre, ne lisez pas ceci, ça sera long ! sûrement trop long d’ailleurs mais j’ai besoin d’en parler en détails, et faire sortir tout ça par écrit est bien plus facile que d’en parler à une psy (que j’irai voir de toute façon, mais plus tard).
Dès la 3ème écho (à 32SA) on a vu que mon bébé était un peu trop gros par rapport aux courbes. Il faisait déjà 2,420kgs quand ses camarades faisaient 1,800kgs/2,100kgs !
A chaque rendez-vous avec une sage-femme ou un gynéco, on me disait la même chose : « oulaa il est gros votre bébé !! » (pas mal non pour faire paniquer une future maman ?)
A partir de là j’ai commencé à m’inquiéter : ma mère mesure 1m48 et a eu deux césariennes pour ma sœur et moi (pourtant ma sœur pesait 2,100kgs !), donc comme moi je mesure 1m52 et qu’on me disait que mon bébé était bien gros, je me suis dit qu’il y aurait peut-être un problème pour le passage par voie basse.
C’est pas que je redoutais la césarienne, et je ne préférais pas la voie basse mais je voulais simplement que l’équipe médicale puisse prévoir au cas où.
A chaque fois, même réponse (à croire qu’ils s’étaient donné le mot !) : « mais non, ne vous inquiétez pas, il passera, la nature est bien faite, ne stressez pas pour rien !!! »
Un peu contradictoire quand 2 minutes avant on me disait que le bébé était gros et que ça semblait les étonner !
De là j’ai été « fichée » ! dans mon dossier il était écrit noir sur blanc que j’étais une angoissée !! je trouve ça un peu limite ! du coup, on me parlait chaque fois comme à une gamine qui stresse pour une interro ! « mais nooon ma p’tite dame, faut pas stresser pour rien ! » avec un petit sourire…
Bref, la fin de grossesse arrive. A 8 mois et demi on me propose un rendez-vous avec une sage-femme qui pratique l’acupuncture dans le but de m’aider à me détendre. Ça marche plutôt bien, mais seulement 2 jours.
N’en pouvant plus de mon état (15kgs pris depuis le début), souffrant d’une horrible sciatique, et ayant accumulé beaucoup de fatigue, j’ai tout tenté pour essayer d’accélérer les choses. Ménage, carreaux, danse, aérobic, marche, sexe, etc… rien n’a fait à part une balade en 4x4 à J-8.
Dans la nuit à 4h15 du matin (J-7) première contraction. Wouaw c’est quoi cette crampe ?!!
10 minutes plus tard rebelote, là je comprends tout de suite (malgré 4 faux travails où j’y ai cru dur comme fer) que cette fois-ci c’est la bonne ! je tente quand même de me rendormir histoire d’essayer de prendre un peu de forces. Impossible, l’intensité des contractions devient très vite intenable. J’essaie de m’occuper pour ne pas y penser, de manger un peu mais c’est impossible, ça fait vraiment trop mal.
Tant bien que mal je résiste jusqu’à 6h30, et je prends ma douche. Mon homme est réveillé par mes cris de douleur. J’ai des contractions jusque dans les reins et les cuisses, je ne peux plus rester debout et absolument aucune position ne me soulage.
Elles sont là toutes les 4 minutes et j’imagine pas une seconde tenir le coup sans péridurale quand je vois à quel point je souffre alors que j’en suis qu’au début du travail !
8h20 on arrive à la maternité, on me fait prendre encore une douche pour me faire patienter le temps qu’on sorte mon dossier.
A 9h30, la douleur est bien trop forte, je gère pas du tout donc l’anesthésiste est appelé pour faire la péri tout de suite. Je suis dilatée qu’à 1,5 c’est décourageant quand on sait que je suis dilatée à 1 depuis 3 semaines et que là ça fait déjà 5heures que je souffre ! Mes cris traversent tout le service, tout le personnel est en rogne contre moi car j’arrive pas à gérer la douleur et que le bruit les dérange...
Je demande à l’anesthésiste si c’est pas un peu trop tôt et si ça pourra faire effet jusqu’au bout, le gars est sûr de lui et me dit de pas m’inquiéter, que si j’ai pas accouché d’ici la fin de l’anesthésie il m’en remettra une dose.
10h15, je suis sur un petit nuage, je bénis l’inventeur de la péridurale ! un accouchement comme ça, j’en fais un par semaine !!
Les heures passent, tout va bien, le col se dilate peu à peu, je perds les eaux vers 12h.
15h00, la péridurale ne fait plus effet, en quelques contractions, la douleur est revenue aussi forte qu’avant la pose. Je fais appeler l’anesthésiste qui remet une dose. On attend… rien ne se passe.
J’arrive plus à gérer, j’ai l’impression qu’on me broie le bassin, qu’on me roule dessus à chaque contraction. Une heure après, je fais revenir l’anesthésiste, il me dit qu’il remet encore une dose… toujours aucun effet… Encore une heure plus tard, j’ai la voix cassée à force de hurler de douleur, les sage-femmes font des aller-retours dans ma chambre pour tenter de me faire taire. Elles me disent toutes la même chose : « Vous voyez, vous stressez et ça bloque l’effet des contractions, elles sont moins fortes et votre col s’ouvre moins vite. Il faut arrêter de stresser !! pourquoi vous faites ça ? »
Moi : « je stresse parce que j’ai mal et que j’en peux plus ! je veux mourir j’y arriverai jamais ! »
Elle : « la douleur est subjective et le seuil de tolérance est différent d’une femme à l’autre. S’il y en a qui arrivent à accoucher sans péridurale, vous pouvez supporter les contractions ! »
Super, je me sens comme la dernière des nulles.
L’anesthésiste fait des aller-retours dans ma chambre, il injecte des trucs qui me font une sensation de froid dans le dos, mais toujours aucune anesthésie.
Je commence à avoir la fameuse envie de pousser, sauf que j’ai l’impression que mon bébé va sortir par l’anus ! il appuie dessus c’est vraiment bizarre.
La valse des sage-femmes continue…. « mais pourquoi vous stressez ? respirez !! vous bloquez les contractions là !! c’est votre faute si ça avance plus ! »
18h00, le col est ouvert à 6 depuis 2 heures et ne s’ouvre plus. Je m’en prends plein la tête par les sage-femmes et maintenant par le gynéco de garde qui m’engueule. Un tas de personnes entrent et sortent, j’arrive plus à suivre qui est qui, j’ai trop mal je les hais tous ! ils me culpabilisent tous un par un. J’en peux plus, je hurle toujours, je meurs de soif, je suis à bout de forces au point de m’endormir pendant les quelques secondes où je ne souffre pas trop entre deux contractions. Je veux mourir !
Mon homme essaie de me calmer, il regarde le monito et me fait croire que les contractions sont fortes et efficaces pour me remonter le moral (il m’a avoué quelques jours après que même si j’avais de plus en plus mal, elles diminuaient en intensité).
Toujours cette envie de pousser et toujours cette impression que bébé va sortir par derrière ! j’ai droit à un énième toucher vaginal et pendant les contractions en plus… je suis toujours à 6, ça n’avance plus. La sage-femme me dit d’un air étonné que le bébé semble être dans le mauvais sens ! du coup elle appelle le gynéco de garde, même avis. Petite échographie pour vérifier, c’est bien ça ! bébé est tête en bas mais sa colonne est contre la mienne, il regarde vers le plafond.
Tout le monde sort, et 30 minutes plus tard la décision tombe, il est 20h00 :
Le col étant ouvert à 6 depuis des heures, bébé dans le mauvais sens et un peu trop gros, une césarienne va être faite. Le gynéco me dit sur un ton dédaigneux : « ben voilà vous allez être contente, on va vous faire une césarienne, comme ça vous ne crierez plus, vous n’aurez plus de contractions ! »
Encore une fois on me fait passer pour une chochotte.
Je suis soulagée de cette décision malgré les réflexions qu’on me fait, je me dis que je vais enfin en finir, et en plus sans douleur, le rêve quoi !!!
Tout se passe très vite, la sage-femme qui s’occupe de moi depuis le début tente de me mettre une sonde urinaire. Je suis à deux doigts de tourner de l’œil quand je vois l’épaisseur du tuyau qu’elle veut mettre dans l’urètre.
Comme depuis le début c’est une journée chaotique, ça ne marche pas ! elle a beau forcer (ça fait mal !!!) la sonde ne remonte pas jusque dans la vessie. Ses collègues viennent lui donner un coup de main, rien à faire. 3 sondes y passent, rien à faire. Au bout de 30 minutes d’acharnement l’équipe tente un bricolage avec une autre sonde, ça finit par passer.
On met mon homme dehors et on m’emmène en salle d’opération. Attachée comme Jésus sur la croix, on m’anesthésie le bas du ventre.
Personne ne me parle ou ne m’explique ce qu’il se passe. Je ne sais pas ce qu’ils font mais ils jettent des petits trucs sur le champ qui me couvre la tête ! c’est stressant et je sens qu’on me bouge les tripes mais ça fait pas mal donc ça va.
21h40, j’entends un ouin ouin… enfin ! quelques minutes plus tard on me le montre, je suis un peu dans les choux je réalise pas du tout.
C’est là que les ennuis commencent ! l’anesthésie ne fait plus effet. Les deux anesthésistes qui sont près de ma tête papotent de pêche et de surf et ne me prêtent aucune attention. J’appelle mais rien à faire. Je commence à avoir vraiment mal, je sens qu’on me tripote l’intérieur du ventre jusqu’à la colonne, c’est horrible. Je supplie qu’on m’aide, je me mets à crier de douleur, on m’ignore royalement !! je hurle toujours plus fort, on me crie dessus pour que j’arrête de bouger pendant qu’on me recoud. Je sens chaque coup d’aiguille, et pour finir chaque coup d’agrafe sur la peau du ventre. Je crie tellement qu’ils râlent et me collent un masque sur la figure avec de la morphine. ça ne m’anesthésie pas du tout mais ça me donne l’impression d’être saoule.
Du coup ça me rend dingue et je crie encore plus, je crois même que je les ai insulté.
J’ai vraiment l’impression de vivre un film d’horreur !!! le genre de film où des docteurs fous vous étripent à vif en ricanant sauf que là personne ne ricanait.
22h20, enfin on me libère de ma séance de torture !! L’anesthésiste me dit « et ben dis-donc, depuis que je vous ai vu ce matin vous ne faites que pleurer ! vous allez peut-être arrêter maintenant ?! »
Je me console en me disant qu’au moins ils ont donné mon bébé à mon homme pour faire du peau à peau en m’attendant.
Mais non ! on me met dans le coin d’un couloir pas éclairé, mon homme est seul, il me dit qu’il a passé des heures à user le sol du couloir sans qu’on lui donne aucune nouvelle ! et le bébé ? on nous l’amène, il est en couveuse alors qu’il se porte à merveille (en plus il est loin d’être faible, il fait 3,830kgs !) et que mon homme aurait très bien pu le réchauffer contre lui.
L’effet de la morphine se dissipe, je reprends peu à peu mes esprits et quand l’anesthésiste vient me voir je lui dis ce que je pense de sa morphine !
On passe 2 longues heures à regarder notre bébé dans la couveuse, c’est interminable.
On finit enfin par nous amener dans la chambre.
Je garde mon intra-veineuse et ma sonde urinaire pendant 2 jours, donc impossible de mettre une culotte ni aucun vêtement. Je passe 2 longs jours assise sur une serviette hygiénique, les fesses collées par la transpiration à une alèse en plastique. Chaque fois que mon bébé a faim, je dois appeler une sage-femme pour qu’elle me donne mon bébé et qu’elle me le mette au sein. Super pour créer un lien… Elles me tirent le sein comme si j’étais une vache et elle lui colle la tête contre avec une brutalité choquante. Aucun amour là-dedans, c’est animal. En plus ça marche mal, mon bébé tête très fort donc il me fait très mal et m’ouvre les tétons, ça saigne, et puis il n’arrive pas bien à prendre, donc elles redoublent de brutalité pour le « connecter » au sein, il hurle, il meurt de faim, ça me brise le cœur de le voir souffrir de la faim comme ça.
En plus elles sont sensées passer pour changer sa couche mais elles l’oublient donc le pauvre passent de longues heures avec sa couche sale.
L’allaitement marche mal, même après qu’on m’ait libérée de mes fils. Rien à faire il a toujours faim. Je me fais engueuler pour pas changer, on me dit que je ne bois pas assez, que je le tiens mal, etc etc.. en gros je fais tout de travers.
Mon bébé est inconsolable, il ne fait que pleurer, normal il a faim !
Les rares minutes où on arrive à faire du peau à peau dans le calme et à essayer de créer un lien on est dérangés par une sage-femme ou une puéricultrice qui entre en trombe dans la chambre. De jour comme de nuit, impossible de dormir tranquillement et de se reposer.
Les sage-femmes me grondent parce que je suis trop fatiguée et que je dors pas en journée, mais comment faire ? toutes les 10 minutes quelqu’un entre !
En plus toutes les heures quelqu’un vient m’appuyer de toutes ses forces sur le ventre, à l’endroit où on m’a recousu pour voir si je saigne quand on appuie. La douleur est à couper le souffle…
Le moral chute en flèche, je suis au fond du trou. Le jeudi 26 août, mon bébé a 4 jours, il est faible et n’a pas réussi à prendre le sein sans hurler et se débattre depuis plus de 7h ! je m’inquiète vraiment pour sa santé, je suis à bout nerveusement, cette fois-ci c’est décidé j’arrête l’allaitement ! jusque là chaque fois que je voulais arrêter une sage-femme profitait de ma faiblesse pour me faire continuer, mais cette fois-ci c’est décidé.
J’appelle pour avoir des biberons, et là c’est un véritable miracle, bébé tête tout de suite son biberon en 2 minutes chrono ! il s’endort paisiblement, ne pleure plus, ce n’est plus le même !
On a appris il y a 3 jours à peine en allant chez une ostéo que mon bébé a un petit problème au palais et ne peut pas téter au sein !!! avec sa langue il ne peut pas attraper le sein comme il le devrait !! donc ce n’est pas ma faute si ça n’a pas marché, c’est juste un problème physique, tout bêtement ! un gros poids sur mes épaules s’est envolé quand j’ai appris ça !
Depuis on est sortis mon fils et moi et on essaie de rattraper ce retard qu’on a eu pour se créer notre lien à nous.
Des tas de pensées noires m’ont traversé l’esprit mais petit à petit ça va mieux.
Je commence à ne plus cauchemarder de l’accouchement et à ne plus culpabiliser pour mon bébé.
Je suis toujours dégoûtée de la grossesse et je ne sais pas si un jour je pourrai envisager de donner un frère ou une sœur à mon loulou mais pour l’instant il en est hors de question.
Je doute que quelqu’un ait eu le courage de tout lire mais ça m’a fait du bien de l’écrire en tout cas.
Merci à celles qui ont pris le temps d’arriver jusque là.