Bonjour à toutes,
Certaines l’avaient sans doute remarqué, j’ai été absente du forum ces derniers mois. Le temps pour moi… de finir de fabriquer et de mettre au monde mon premier bébé !
C’est délibérément que je n’ai pas souhaité partager ces quelques mois sur le forum, histoire de ne pas mélanger les genres, le privé et le professionnel… Mais après plus de 3 ans passés à vous lire, à m’émouvoir de vos récits et à en apprendre toujours plus sur la maternité au sens large grâce à vous, je me suis dit que je ne pourrai pas y couper…Voici donc le récit de la naissance d’Edgar.
Pour planter le décor : une grossesse plutôt facile et sans complication MAIS une future maman du genre flipette. C’est le deuxième effet Kiss Cool du boulot sur les forums : on apprend plein de choses mais on ne retient que le pire. Trop d’information tue l’information et je peux vous assurer que je me suis auto-enguirlandée un paquet de fois, étant donné que je me suis souvent exprimée ici sur le mode "[i:d7da025871]Ouiiii, ce n’est qu’un forum, il ne faut pas trop y venir quand on est angoissée de nature, blablaaaa… [/i:d7da025871]". Dans le genre "[i:d7da025871]Faites ce que je dis mais faites pas ce que je fais[/i:d7da025871]" :roll: …
21/02 : Je suis une petite baleine inquiète. Edgar doit arriver le 01/03, j’ai appris tout récemment que je n’aurai sans doute pas la péri que je souhaitais, la faute à une vieille cicatrice au niveau des lombaires :what:. Je n’ai jamais envisagé de me passer d’analgésie, les naissances "naturelles", ça ne me parle pas. J’ai beaucoup de respect pour celles qui font ce choix mais ce n’est pas le mien :cry: …
Bref, après m’être prise cette nouvelle dans les gencives par une anesthésiste qui fera beaucoup pour les progrès de la relation humaine en milieu hospitalier, rencontrée entre deux portes :gr: , je cogite, je m’agite. Ce « léger imprévu », ajouté à mes doutes et à ma nature d’agitée du bocal, me rend particulièrement, uh, "facile à vivre" :? …
22/02, 02h du matin : De quoi de quoi ? Une gastro ? Manquait plus que ça ! Je m’en vais ronchonner aux toilettes, pour rien en plus. PAS UNE SECONDE je n’envisage que ces petites crampes intestinales pourraient éventuellement annoncer autre chose (indigestion de Danette ? Angoisse du choix ("[i:d7da025871]demain, Dr House ou intégrale Friends?[/i:d7da025871]")?... Accouchement imminent peut-être? Non.) :roll:.
03h du matin : [b:d7da025871]LA[/b:d7da025871] révélation divine tombe sur moi avec la suite des crampounettes. Izad, un esprit vif :hum: ...
Ensuite, jusqu’à 5 heures, je me déplace chez moi en roulant sur mon gros ballon de gym, je cherche désespérément un plan à la bonne hauteur pour pouvoir continuer à rouler du bassin tout en surfant (les tables sont trop hautes, ou trop basses, je peste :gr: ). Je note la fréquence de mes contractions, je prends deux douches qui ne servent à rien d’autre qu’à me réveiller… Je ne peux pas dire que j’ai mal ; lors de ma dernière visite à l’hôpital une semaine plus tôt, j’étais déjà à 1,5, presque 2, mais je m’interdis de spéculer sur l’avancée du travail (Ok, je mens :mrgreen: : en réalité, je psychote à fond et j’imagine déjà une arrivée triomphale à la maternité, moi fraîche comme une rose et les SF épatée de découvrir une future maman si zen déjà à 7 ou 8… *la honte m’envahit :oops: *.). Bref, je me sens l’âme d’une warrior, et je ne pense plus pour le moment au problème "péri".
Je réveille l’homme, lui annonce qu’il n’ira pas bosser aujourd’hui (il se rendort, l’ingrat :gr: ). Il est à peu près 06h, j’ai envie d’un petit déj (ce qui n’a pas du m’arriver depuis le 18 décembre 1983) : des Figolu, un smoothie? Mon estomac me rappelle alors que ce n’est pas exactement la fête et qu’il se passe autre chose, là. Du coup, je capitule. J’aurai faim tout le long de mon accouchement.
06h30 : hop hop hop, on y va. L’homme prépare son kit de survie (pain d’épice, eau citronnée, smartphone "[i:d7da025871]pour si jamais [il] s’ennuie[/i:d7da025871]") et zou, direction la maternité.
Presque 7h ce lundi, Paris est quasi désert … La Répu, la Bastille, les gens qui vont bosser… Comme c’est loin tout ça…
On arrive à la maternité. L’homme met des heures à se garer, je ronchonne en l’attendant :gr: .
[b:d7da025871][i:d7da025871]
Note pour plus tard : je suis une personne habituellement facile, mais apparemment faut pas trop me chercher quand je suis sur le point d’accoucher. [/i:d7da025871][/b:d7da025871]
Arrivée aux admissions : "[i:d7da025871]Bonjour-c’est-pour-un-accouchement-je-contracte-régulièrement-depuis-5 heures[/i:d7da025871]" (j’avais longuement préparé cette phrase d’une originalité échevelée).
- "[i:d7da025871]Vous contractez ?[/i:d7da025871]"
- "[i:d7da025871]Oui depuis 5 heures[/i:d7da025871]" (tu m’écoutes oué triple buse :gr: :gr: ?)
- "[i:d7da025871]Ah ben c’est une bonne idée[/i:d7da025871]"
- "… :zen: "
Salle d’attente, puis on vient nous chercher pour le monitoring. Je gère toujours, je suis étonnée que ce soit si "facile". La sensation n’est certes pas agréable mais totalement supportable une fois qu’on a bien calée sa respiration… Je m’auto-congratule :lol: .
Examen : je suis à 3. Moui, bon. On est loin de mes rêves de gloire. Je passe pour une dingue auprès de tous les intervenants que je rencontre : "[i:d7da025871]On vous a dit pour ma péri ? Vous avez vu mon dossier ??[/i:d7da025871]". Évidemment, personne n’est au courant, et ça n’a pas l’air de les inquiéter :gr: .
[b:d7da025871][i:d7da025871]Note pour plus tard : apparemment, quand je suis sur le point d’accoucher, le monde se doit de tourner autour de mon nombril. [/i:d7da025871][/b:d7da025871]
Monitoring…On attend…
…Quand soudain, j’ai le bas du corps pris dans un piège à loup :choc:. J’apprécie modérément cette petite blague. La contraction durera une bonne minute, le plateau n’en finit pas. Je tabasse sauvagement la pauvre table d’examen qui accueille mon auguste popotin, tout en étant très grossière :gr: :gr:. La SF revient, m’examine : je viens de passer à 4.
- "[i:d7da025871]Vous avez vu, ça va vite hein ?[/i:d7da025871]"
- "[i:d7da025871]Oui oui j’ai bien vu là :langue:!![/i:d7da025871]".
Après, les choses reviennent à la normale mais j’ai eu le temps de me rendre compte que je suis dans de sales draps. Je n’arriverai pas à gérer. Je vais m’épuiser et du coup ça va être très long. Bébé va se fatiguer aussi. Il faudra sans doute l’aider, voire aller le chercher. Ça va se finir au bloc. OMG. Appelez-moi Madame Optimisme :cpavre:.
Après, c’est un peu flou : on vient nous chercher pour aller en salle de naissance. Petit arrêt "pose de perf", ça me fait un mal de chien, mais l’infirmière est sympa, je lui raconte mes gros malheurs, elle me parle de sa fille qui n’a pas eu le temps pour la péri. Mais c’est super, trop merci :top: :gr:.
Après, on se retrouve en salle de naissance, j’ai revêtu la seyante chemise en non tissé siglée AP-HP (bref, je suis à poil :mdr:), une jeune élève SF toute douce qui sera là tout du long me prévient : " [i:d7da025871]L’anesthésiste arrive[/i:d7da025871]", et je ne percute même pas. De toute façon je n’ai pas le temps, le voilà qui débarque avec son chariot et l’obstétricienne. Je recommence à radoter sur "mon dossier" et elle me répond que "[i:d7da025871]Meuh non, avec nous ça le fait ![/i:d7da025871]". Ah bon ben si "ça le fait" alors :mdr:... L’anesthésiste se présente, c’est un médecin africain venu faire un stage à l’hôpital. Il prend le temps de m’expliquer le déroulement de ce qu’il va me faire et me précise qu’il repassera par la suite voir si tout va bien. A savoir : il le fera, et compte tenu de la réputation pas toujours au top des anesthésistes, je pense qu’il faut le souligner :top:.
Je m’assieds au bord du lit, fais le dos rond… La jeune future SF me tient les mains, et je l’en remercie, parce que j’ai beau ne pas en revenir de finalement obtenir ma péri, je n’en mène pas large :?.
Je n’ai RIEN senti, ni l’anesthésie locale, ni la pose du cathéter. On m’informe que je dispose d’une pompe pour réinjecter su produit si je veux. Je suis un peu sonnée, mais si euphorique que j’en oublie de pourrir l’infâme bonne femme qui m’a balancé il y a 15 jours que "[i:d7da025871]pas grand monde ne se risquerait à vous piquer[/i:d7da025871]" (je me suis rattrapée depuis. Bourrique va :gr: :bou:.) !
La suite, elle est connue de beaucoup d’entre vous : on attend. J’ai les jambes légèrement engourdies, je continue de sentir la pulsation des contractions sans la douleur, signe pour moi d’une péri idéalement dosée. Des tas de gens rentrent et sortent de la salle pour se présenter : c’est un hôpital universitaire, ce sont des internes pour la plupart. Je me sens toute vieille d’un coup :? : tout le monde est si jeune ! La SF qui va s’occuper de moi n’a peut-être pas 10 ans de moins que moi, mais pas loin…
9h, 10h, 11h,…C’est le rush, il y a plein d’accouchements en même temps. Par moment, on entend des cris (l’homme est tout blanc :?), on apprendra ensuite qu’il y a eu 4 accouchements "compliqués" en simultané, arf :?!
Du côté de chez nous, c’est cool. Sauf que j’ai faim. Et soif. Et droit à rien. Et ça commence à m’agacer :8 .
[b:d7da025871][i:d7da025871]Note pour plus tard : bon, je crois que c’est clair, quand j’accouche je suis infecte. [/i:d7da025871][/b:d7da025871]
Je gobe mes granules homéo tous les ¼ d’heure, scrupuleusement préparées par l’homme, distributeur officiel de granules (c’est bien pratique).
13h : je suis presque à 10. Ma mère m’appelle :
- [i:d7da025871]"Comment ça va aujourd’hui ?"
- "Ben bien, je suis à St Antoine là"
- "Ah oui, tu avais un RV aujourd’hui ?"
- "Ben si on veut, disons que je suis à 10 là" (je me marre comme une bossue)
- "Et tu comptais éventuellement me prévenir :gr: ??"[/i:d7da025871]
Bébé étant toujours très haut, on va attendre 3 heures de plus. A un moment on me perce la poche : je vois que le liquide est teinté :?. Mais comme on ne me dit rien et que je suis défoncée aux hormones, je ne m’inquiète même pas :zen:. Je plane, pendant que l’homme geint ("[i:d7da025871]J’ai mal à la tête, ça pue l’hôpital, les bruit y font peur, c’est long, j’ai chaud, je m’ennuie, j’ai faim, j’ai l’air *bip* avec la charlotte[/i:d7da025871]" : M.Izad, 8 ans et demi :mdr:).
16h : "[i:d7da025871]Allez, on va faire un test, on pousse[/i:d7da025871]". Gloups et même arf, ça se précise. Au cours de prépa sur la poussée, j’ai été nulle nulle nulle, alors bon… J’y vais, je me donne à fond, J’ai l’impression de passer un examen et qu’on va me noter (n’importe quoi :roll:). Bébé n’a pas tourné sa tête comme il faut, il regarde vers le bas, malgré les tentatives de la SF pour le remettre dans le droit chemin. Tant pis. La SF s’installe, l’infirmière (une élève adorable) est ready, allez c’est parti ! Je pousse 3 fois sur 3 contractions, en reprenant mon souffle très fort comme une noyée. Je ne vois plus l’homme, il a battu en retraite derrière moi, j’espère juste qu’il a survécu à cette vision d’horreur d’un heu… superbe champ chirurgical vert :lol:. Je pousse, je pousse… A un moment je m’inquiète de l’état de mon périnée (j’ai beau avoir voulu un certain degré de médicalisation pour mon accouchement, s’il y a un truc que je déteste, c’est l’épisio "vite faite bien faite" :x) : j’en fais part à la SF qui me dit que ça va et qu’à titre perso elle n’est "[i:d7da025871]pas fan[/i:d7da025871]" de ce geste. Bonne nouvelle :D.
Sur la dernière poussée, j’ai une sensation très étrange : je perds le contrôle. Jusqu’à présent je ne me suis jamais autorisée à me laisser aller, d’autant moins avec la péri qui m’a permis de gérer. Je n’ai toujours pas mal, même si je sens tout (sensation extraordinaire !), mais je me lâche complètement. C’est le dernier effort, je le sens, et Edgar sort de moi sur un éclat de rire qui vient du fond des tripes, sans jeu de mot gore : MOUAHAHAHA !! J’ai un sentiment de libération, de légèreté extrême, c’est indescriptible, c’est "tripal" ! Tout de suite j’ai mon petit loup sur moi, il est tout propre, tout poilu, même sur les oreilles. Temps suspendu…Il est 16h18.
Ensuite, on me demande de pousser doucement. La délivrance. Sauf que d’un coup je vois tout gris, ça tourne… L’infirmière me "pompe" sur le ventre, je pige ce qu’il se passe :
[i:d7da025871]- "Je saigne là, non ?"
- "Non non"[/i:d7da025871] (Dis donc, grosse menteuse :P!).
Ce n’est pas le grand vent de panique mais on sent comme une légère fébrilité. Moi je suis un peu molle, mais le glucose est mon ami. On fait sortir les garçons (bouh !), l’obstétricienne "qui le fait" revient avec un interne : [i:d7da025871]"Bon ben on va vous réviser !"[/i:d7da025871]. Elle se marre tout le temps, je la trouve complètement incongrue mais rigolote.
Après, je ne vois pas bien ce qu’on me fait, je sens des trucs, je comprends que la délivrance a été incomplète, que j’ai fait une hémorragie (l’infirmière éponge par terre, amies du gore bonjour :?). [i:d7da025871]" Je vous recouds"[/i:d7da025871] dit l’interne ; quoi quoi ? Il a fallu couper :gr: ? Réponse réflexe : [i:d7da025871]"Ah non hein :evil: !!"[/i:d7da025871]. En fait, j’ai juste une petite déchirure superficielle, avec un point. Contente je suis :mrgreen:!
Retour des hommes : le petit, 3,530 kg, 52 cm :love: :love:, en pleine forme. Le grand, qui craque, la larme encore à l’œil :love:…
Je remonterai en chambre après les 2 heures rituelles de découverte et reniflage de bébé tout neuf. Je suis survoltée, sur le trajet je remercie tout le monde, et même sans doute des gens qui n’ont aucune idée de qui je suis :oops:. Je recroise l’obstétricienne loufoque : [i:d7da025871]"ça va ? Vous kiffez ?"[/i:d7da025871] Un peu que je kiffe ma grande :mdr:!
La suite ne mérite pas qu’on s’y attarde (séjour mouvementé, tout sauf calme, nourriture beurk mais on n’est pas au Relais&Châteaux non plus, personnel à l’humeur irrégulière, immense fatigue, petites misères…). Le plus important, c’est que nous sommes trois !
Gros merci à la toute jeune équipe de l’hôpital Saint-Antoine, big up à l’obstétricienne (tu roxxx cousine :top: :mdr:!), et une couche caca sur la face de l’anesthésiste de la consultation prénatale : tu m’as parlé comme à un chien, fait flipper 15 jours pour rien, ma vengeance sera terrible :gr: :gr: .
Pas de photo parce que je fais partie de la secte des paranos, en revanche, je vous renouvelle mes remerciements ; la maternité, l’accouchement n’étaient pas des choses évidentes pour moi. Je sais que ça peut paraître étonnant compte tenu du boulot que j’exerce… Vous lire m’a servi à la fois de thérapie, de source d’infos très précieuse, ça m’a ouvert les yeux… ça m’a aidé à "avoir envie" !
:wink: