J'ai longtemps hésité, mais je vais me lancer, en essayant de ne rien oublier.
Tout a commencé le jeudi 15 janvier, quand vers 19h30 je commence à avoir des contractions plus douloureuses que d'habitude. Cela fait déjà 3 semaines que mon col est ouvert à 2cm, que la gynéco me dit qu'il va arriver avant l'heure prévue, (enfin elle l'avait prédit pour le week-end d'avant.. ;) ) bref j'attends de voir. Les contractions sont espacées d'une dizaine de minutes, je laisse le temps faire les choses, c'est douloureux mais ça va encore, en gigotant sur mon siège de bureau j'arrive à encaisser sans trop de mal. Vers minuit ça devient à peine supportable, il me faut me déplacer pour pouvoir encaisser, le mieux que j'ai trouvé c'était monter les escaliers, ça me soulageait pas mal ; ce qui est idiot c'est que descendre les escaliers par contre ça m'aidait pas! :roll:
Je commence à regarder quand même plus précisément le temps entres chaque contraction... 5 minutes.. bien, j'attends encore, la gynéco a dit quand c'est toutes les 3 minutes depuis 1h, de l'appeler ou d'aller directement à la clinique. A 2h du matin, c'est toujours toutes les 5 minutes, et toujours aussi douloureux, j'ai pris un bain sans que rien ne change.. Je préviens mon homme qu'on va peut-être y aller quand même parce que bon ça devient long...
Le temps de réunir nos affaires, il est 2h30, et le temps entre mes contractions commence à s'espacer : 7 minutes.. 8 minutes..
Mon homme étant fatigué, je lui dis d'aller se coucher, que si ça revient je le réveillerais de toutes façons, et je continue à faire les 100 pas chez moi, en tournant en rond dans mon salon et en essayant de "nouveaux truc" pour essayer de moins ressentir les contractions.
Le jour se lève, on est vendredi 16 maintenant, et les contractions se sont espacées toutes les 12 minutes, je monte me coucher car je suis crevée, j'ai bien plus mal allongée mais j'arrive à dormir à moitié entres deux contractions. Du moins suffisamment pour être à peu prés réveillée 2h après.
La journée de vendredi, les contractions resteront espacées entre 10 et 6 minutes, jamais 5. Le jour se passe trop lentement à mon goût, on bouge faire quelques courses pour que le temps passe plus vite du moins qu'on en ait l'impression, mais vers 15h on décide d'aller voir la gynéco avant qu'elle ne parte en "vacances" pour 1 semaine. Je passe un monito durant 1h, les contractions sont toutes les 10 minutes, comme à la maison, elle m'annonce donc un faux travail pour toute la nuit, puis vérifie quand même mon col, 4 cm. Finalement elle dit qu'il y avait sûrement un début de vrai travail mais qu'il s'est ensuite changé en vrai travail, et que la prochaine fois, je n'attende pas 2h de contractions à 5 minutes, qu'au bout d'1h je vienne pour qu'on voit ce qui ne fonctionne plus ensuite ou au mieux que j'accouche.
Le vendredi soir nous sortons avec des amis, comme tous les vendredis ou presque, repas sympathique toujours ponctué de contractions toutes les 10 minutes mais largement supportables par rapport à celles de la nuit précédentes. Le soir tombe les contractions reprennent en vigueur vers 2h du matin, encore une nuit "court", 2h de sommeil...encore.
Une fois de plus je me retrouve en bas à faire passer les contractions en discutant avec ma maman sur msn (habitant à gmt -5 ce n'était pas la nuit pour elle, qui vit en France), je ne lui dirais que quelques jours plus tard mais ça m'a bien aidé de pouvoir discuter avec elle ; je ne voulais pas réveiller mon mari pour "rien" mais endurer seule c'était un peu dur.
Samedi arrive, avec son lot de contractions toutes les 6 minutes.. jamais 5. La journée se passe et encore une fois vers 15h je tiens plus, c'est de plus en plus douloureux, je m'en fiche si ça ne fait pas de contractions toutes les 5 minutes, ça fait 2 jours que ça dure et je n'en peux plus j'ai pas vraiment dormi depuis trop longtemps ..! On va donc à la clinique avec mon mari, une fois sur place, les contractions n'accélèrent ni ne s'espacent, on m'installe au triage en me donnant une blouse, je remplis des papiers (ils interdiront à mon mari de les remplir à ma place, c'est "Mon" accouchement pour eux, il ne peut intervenir même à ma demande c'était un peu spécial), une infirmière arrive, elle m'annonce qu'on va faire un monito mais que d'abord elle vérifie que la poche des eaux n'est pas fissurée. Elle utilise donc un petit bout de papier et me dit donc qu'elle est fissurée ou que j'ai même perdu les eaux. Je lui dis que c'est pas possible j'ai jamais eu mon slip mouillé ou ne serait-ce qu'humide, je l'aurais su tout de même. Elle insiste en disant que son test ne peut pas être faux, et que de plus mon col est à 5 cm.
On me donne une chambre et une autre infirmière vient nous voir, elle se présente, nous explique comment cela va se passer. Ma gynéco étant en vacances, ce sera le médecin de garde qui m'accouchera, pas de problème pour nous. Je les avertis que j'ai besoin d'antibiotique car étant porteuse de strep B (vu que c'était le week-end ils n'auront pas réussi à récupérer mon dossier auprès du cabinet associé à l'hôpital mais ne nous le diront que 3 jours après, s'ils l'avaient fait avant j'aurais pu leur donner la copie que j'avais sur moi.. mais bref!).
Perfusion installée, prise de sang faite en cas de demande de péridurale mais pour l'instant je ne la demande pas. Mes contractions ne sont pas agréable allongée mais j'arrive à endurer pour l'instant. Elle me prévient que je ne pourrais plus rien mangé à partir de maintenant, et tiens puisqu'elle en parle je réfléchis et je n'ai rien mangé depuis la veille au soir, je commence à avoir faim et surtout soif, elle nous propose une glace à l'eau ou des morceaux de glace pilée, je prendrais la glace à l'eau (enfin j'en prendrais 4 en tout sur la durée de l'accouchement et de la glace pilée vers la fin quand j'aurais vraiment trop trop soif).
La perf de pénicilline me file un peu mal au bras et la main glacée mais ça ne durera qu'1h30, ensuite ça ira mieux. Monito branché, je n'ai pas le droit de quitter mon lit mais on fait avec, sur le coté j'ai moins mal, je me tourne donc, débranchant de temps en temps les sondes que l'infirmière revient mettre assez vite. Les heures passent tranquillement, à 21h le médecin de garde arrive, tirant une tête de 15 m de long, visiblement, elle aurait preferé dormir, c'est le 2 ème soir qu'elle est de garde et qu'un accouchement survient, elle semble être agacée mais ça.. on y est pour rien nous! Elle propose d'accélérer les choses pour que d'ici 1h, 1h30 ce soit terminé! Avec mon mari on se regarde comme pour se consulter et on finit par lui répondre que non, ça ira, on est pas pressé nous. Je leur demanderai quand même, si sans péridurale c'est encaissable leur produit accélérant, la réponse est qu'ils me déconseillent fortement de le prendre si je n'ai pas de péridurale, pour moi le choix est fait, on refuse donc. Du moins on leur dit qu'on aimerait attendre de voir si le travail continue ou non. Mes contractions ne sont toujours pas régulières mais après vérifications mon col est à 8cm, c'est donc que ça avance toujours.
A 22h, mon col est à 10 cm, je me redresse sur le lit, presque assise en tailleur car ça fait vraiment mal d'un coup, l'infirmière me demande si je sens l'envie de pousser, je lui réponds que non. Elle regarde le col et me demande de faire un essai de poussée quand même au cas où, j'exécute sa demande, je ne sais pas si c'était la position ou non mais elle semble d'un coup persuadée que le bébé sera là d'une minute à l'autre!
D'un coup la chambre se remplit (ah oui, on est toujours dans notre chambre depuis le début), le lit est monté pour être à bonne hauteur de quelqu'un d'assis, la partie inférieure du lit s'ouvre, et deux étriers sortent le reste s'entrouvre pour laisser le champ libre, l'anesthésiste arrive, le médecin de garde aussi (qui fait toujours la tête), une puéricultrice ainsi qu'un homme dont je ne connaîtrais pas trop l'utilité (mais il sera le seul dans la pièce à me filer une couverture quand je serais toute tremblante à dire que j'ai froid et qu'on me répondra que non ce sont les hormones et que j'ai pas vraiment froid en fait).
Commence la poussée... mais une fois dans la position donnée par le lit, et l'infirmière, je ne sens toujours pas l'envie de poussée dont ils parlent tous, je pousse comme je peux, mais on dirait que rien n'avance. Et ça dure... 1h, le médecin prévient que ça n'avance pas assez vite et qu'il reviendra quand l'infirmière saura enfin juger de quand y a urgence ou non. (on apprendra qu'elle est donc partie dormir en attendant, mais pas plus mal, j'en avais marre de la voir faire la tête et des commentaires désagréables)
Avec l'aide d'une sage-femme un peu plus entraînante, les poussées dureront comme ça pendant 3h45 environ, ensuite je leur dis que finalement j'en veux bien de leur produit qui file des contractions parce que je ne sens pas toujours les contractions, le manque de sommeil me fait m'endormir durant les moins fortes et surtout elles sont toujours espacées parfois de 10 à 12 minutes parfois de 5 (jamais moins).
Vers 2h le produit fait effet et je le sens, je ne sens pas de douleurs contrairement à ce qu'ils m'avaient annoncé, je sens ENFIN quelque chose bouger, pousser, et j'accompagne donc les contractions au lieu de devoir les "créer" pour faire sortir mon petit bonhomme.
On est dimanche 18 janvier, il est 2h12, il est là! Après 4h de poussée.. donc la quasi totalité inefficace! Il cri tout de suite, il fait 3k360 (pour un bébé à terme c'est pas beaucoup précise la puéricultrice) mesure 48,5 cm, il a des yeux très foncés, presque noirs et la peau légèrement mate.
Au final le médecin n'est revenu que lorsque la tête du bébé commençait à sortir, elle m'a anesthésiée localement, m'a fait une épisiotomie a sorti Gabriel, l'a passé à la puéricultrice m'a fait drôlement mal en m'appuyant sur le ventre pour expulser le placenta, puis a refermé et s'en est allé sans au revoir ou autre, et bon débarras.
Gabriel recevra des soins avant que je ne puisse le toucher et j'en serais un peu chagrinée mais bon, finalement ils lui enfilent une brassière et l'enroule dans une couverture pendant que je tremble comme une feuille sur mon lit, de froid essentiellement. La fatigue a disparu, j'ai qu'une hâte c'est de l'avoir contre moi.
Après quelques minutes, on me le donne enfin, il a les yeux grands ouverts et ne pleure pas, il semble se demande ce qu'il fabrique ici et moi aussi par moment! Le médecin est parti toute la clique aussi.
La sage-femme qui sera venue aidée reste un peu avec nous, elle nous prévient que Gabriel va devoir aller faire une prise de sang, puisque la poche des eaux s'est rompue on ne sait pas quand, et que je suis porteuse de strep B, normalement les antibiotiques ont du faire leur effet mais on ne prend pas de risque, nous sommes d'accord, mais pas de suite, il reste un peu avec nous. Elle nous propose d'aller nous trouver un truc à manger, et à boire, on accepte, je suis affamée, plus si fatiguée que cela, c'est impressionnant comme j'ai la forme même d'un coup!
Gabriel ne voudra pas téter cette nuit là, on passera quand même prés d'une demi-heure tranquille à 3, avec le papa dont j'ai oublié de mentionner les efforts pour me soutenir durant les 4h de poussée où je trouvais que rien n'avançait quand la force me quitter pour pousser, que je me voyais déjà avec une césarienne car je trouvais vraiment que rien n'avançait, il m'annonça qu'il voyait des cheveux, et qu'il voyait la tête même, et qu'il fallait continuer etc. Vraiment un grand merci à lui, je crois que sans lui je ne serais pas allée aussi loin, je n'aurais pas tenu la moitié de tout ça.
Une fois Gabriel parti pour sa prise de sang, l'infirmière qui prenait la relève me fait couler un bain, dans la salle de bain de la chambre, y a une baignoire, et c'est chouette, elle met en route les jets d'air en précisant que ça me fera du bien et que c'est bon pour moi, ça aide l'utérus à se contracter pour reprendre sa place! Un vrai plaisir! Peu après Gabriel revient, on m'apporte à manger, tout se bouscule un peu, mon mari prend soin de Gabriel le temps que j'avale un truc, il ne veut toujours pas téter et semble s'endormir, il dormira avec moi dans le lit, il est 6h du matin, ce fut une longue journée ou plutôt de longues journées que nous avons passées lui comme moi, on dormira tranquillement (ou presque, des allées et venues me réveillant souvent mais pas lui) jusqu'à midi presque.
Un vrai pavé je ne sais pas si vous aurez le courage de tout lire mais bon! Ça fait du bien de tout mettre par écrit. ;)
Je n'aurais qu'un regret, que ma gynéco fut en vacances. Sinon j'aurais eu mon accouchement sans péridurale, avec des glaces à l'eau à la cerise, et un bon bain bouillonnant à la fin en plus du plus beau des petits bouts de choux!