[b:4f61826d84]Alors voilà, après cette longue absence, je prends enfin le temps de revenir parmi vous pour vous raconter mon accouchement et la naissance de mon fils Maël. j'espère ensuite continuer à vous retrouver plus régulièrement sur les autres sujets!
Donc...
DPA prévue le 6/10/2008... Mais le 2 à 6h du matin une douleur aiguë, différentes des maux que j’ai ressenti jusqu’ici, me réveille. Je suis pas toute à fait réveillée car je dors très mal depuis quelques semaines, je reste dans un demi-sommeil. Je me demande quand même si je dois laisser Ben partir au boulot, puis quand il ouvre la porte pour partir, je ne dis rien, ce n‘est qu‘une douleur après tout…
La matinée passe, les douleurs se précisent, se régularisent. Je suis pas certaine que ce soit un vrai travail, rien à voir avec les douleurs de menstruations, comme je l’ai si souvent entendu raconter. C’est une douleur plus vive, crue, aigue quoiqu’encore supportable à ce stade. Je tente de joindre Anne-Christine (ma SF libérale) mais pas de réponse. J’appelle la maternité, la sage-femme me dit que ça ressemble à un début de travail mais d’attendre encore, même si je suis à 50km.
Ben revient vers 13h, et on se prépare, douches, on rassemble les sacs. A cet instant je n’ai pas peur, on est sereins tous les deux, j’ai répété ces moments cent fois dans ma tête…
16h30, c’est le départ. Je me concentre sur mes contractions espacées de 10 minutes. Je sens que le trajet en voiture fait son œuvre…
17h30, arrivée à la clinique, on est pris en charge de suite. La SF m‘examine, le col de mon utérus est effacé et dilaté à 3/4. « ça va aller vite à ce train là » qu’elle me dit!
Mon gygy passe un moment après et en remet une couche « on se voit bientôt là! »
Le monitoring enregistre mes contractions et le rythme cardiaque de mon bébé. On me dit que mes résultats sanguins pour l’anesthésie sont trop vieux, alors on doit me refaire une prise de sang pour être sûr qu’il n’y a aucune contre-indication à la péridurale. La SF me dit avec un air détaché qu’elle espère recevoir les résultats à temps pour appeler l‘anesthésiste. Avec le recul, je me rends compte à cet instant précis que j’accoucherais naturellement.
Ca n’a pas manqué! Une heure après Je suis à 6/7 de dilatation, la SF me dit que ça avance très vite et qu’on m’emmènera bientôt en salle d’accouchement.
Cette heure écoulée m’a éprouvé, je m’épuise vite, aussi vite que le travail avance dirait-on. Je tâche de ne pas lutter contre les contractions comme on me l’a appris durant la préparation. Je me mets dans ma bulle, visualisant le vent dans les feuilles et le soleil qui filtre au travers. Je visualise la finalité de tout ça, mon fils faisant son entrée dans la vie, le moment où nous serions trois, enfin…
Les contractions montent en intensité, et je n’arrive plus à me détendre entre deux, parfois mon courage me quitte un peu. La SF vient mettre une poche à ma perf et peu après je me sens vaseuse, je me sens un peu partir. C’est un dérivé de morphine, pour que je puisse me relâcher un peu.
On me conduit en salle d’accouchement. Les résultats ne sont toujours pas là. Tout va si vite, à peine 3 heures que je suis là…
La « morphine » faisant de plus en plus effet, je perds un peu la notion du temps, par contre ça n’a rien d’un anti-douleur!
Les contractions étant redevenues un peu chaotiques, la SF décide de me percer la poche des eaux pour que ça redevienne un peu constructif. Aucune douleur, juste une drôle de sensation. Le bain dans lequel flottait mon bébé s’est juste vidé…
Donc entre 19h30 et minuit, s’en suivent contractions, sons, cris, gémissements, mouvements, ça travaille dur.
Je pense à Ben à côté de moi, je me dis que ça doit être assez impressionnant pour lui. Je crie beaucoup, je souffre, inutile de dire le contraire, mais il est là, il fait de son mieux et ça me va bien. J’ai beaucoup les yeux fermés, je ne les ouvre que lorsqu’il s’absente pour sortir respirer un peu, curieusement.
Puis c’est le tourbillon, contractions, temps de pause pendant lesquels je m’endors (!!!). J’entends qu’on m’encourage, qu’on me rassure. Je tente de regarder l’heure de temps en temps mais connaître l’heure ne m’aide pas. Ca n’a aucun sens, aucune utilité quand on accouche.
Christian (mon gygy) arrive, et là je me dis que ça rigole plus. S’il est là c’est que ça y est presque, c’est du sérieux.
Puis Maël pousse fort, depuis un moment. C’est une force incroyable, complètement indépendante de ma volonté, il m’est commandé de pousser, alors je pousse.
On m’encourage, deux poussées par contraction, je dois aider mon fils à arriver.
Quand Christian me dit que la tête est là, je ne le crois pas, je demande à toucher. Là je sens ses cheveux et le sommet de son petit crâne.
Un peu plus d’une heure et quart. C’est le temps que j’ai passé à pousser; C’était long.
J’ai senti trois « piqûres », l’épisiotomie était en route.
Quelques poussées après, je sens la tête de Maël glisser, je me resserre sur son cou, puis je tente de pousser pour faire passer le reste de son corps mais Christian me dit que c’est inutile. Je le sens manipuler mon bébé et les épaules puis tout le reste se retrouve hors de moi.
On me le pose sur le ventre. Il est chaud, silencieux. Il sent bon, il est d’une douceur incroyable, je refreine une envie animale de le lécher, de toute façon j’ai à peine la force de lever la tête à présent. Il ouvre ses yeux, deux billes noires qui scrutent ses parents et , croyez-le ou non, il sourit…C’est comme un rêve! C’est un moment parfait.
Mais on ne me le laisse pas longtemps. Je saurais plus tard qu’il était cyanosé, il avait besoin d’un coup de pouce pour dégager ses voies respiratoires. Je sais que c’est nécessaire mais je suis frustrée de cette séparation. J’aurais voulu qu’on me le rapporte, nu, et qu’on le laisse trouver son refuge sur mon corps. A charge de revanche…
…Expulsion du placenta, suture de l’épisio…Silence absolu juste entrecoupé des félicitations de mon gygy :« j’ai rarement vu des poussées de si bonne qualité, quel courage, bravo »
Ben revient avec notre petit ange dans ses bras, tout habillé bien au chaud.
On nous ramène tous les trois en salle de pré-travail, histoire me surveiller de près pendant une paire d’heures. C’est la première mise au sein, magique! Il trouve de suite l’endroit d’où jaillira le lait pendant de longs mois encore. Il ne tète pas longtemps, il est bien trop fatigué.
On nous remonte en chambre, où nous nous laissons glisser tous les trois dans un sommeil irréel entrecoupé de spasmes pour moi, de ronflements pour papa.
Maël est là, nous sommes trois, je suis mère, enfin…
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