20 octobre 2007
Le matin en allant chercher des croissants du coté du marché
je perdais mon téléphone... La journée commençait bien! Mais monsieur le
marchand de couteaux avec son drole d'accent l'avait gentiment récupéré,
ouf! Et puis le marchand de fruits m'a aussi gentiment offert du raisin
quand il a vu mon gros ventre... Du positif, du sympa pour commencer cette drole de journée, entamée sur les chapeaux de roues...
Fin de matinée je crois, (zut le souvenir s'estompe déjà...) j'ai pas mal de
contractions,comme d'habitude, sauf qu'elles tirent un peu plus que
d'ordinaire. Je post sur le forum à ce sujet, j'ai ma soeur au téléphone et
je la questionne sur son accouchement. Dans ma tete je me dis que c'est bien possible qu'aujourd'hui soit LE jour... Mais ça reste theorique et abstrait, je n'y crois pas vraiment. La journée passe, les contractions restent, toujours de meme intensité. Je passe mon aprem tranquille avec mon homme, à la maison. Je passe pas mal de temps sur internet, les fesses sur mon ballon bleu.
Vers 21h, je lui dis de noter les heures de chaque contraction. Elles sont plus ou moins regulières, ça oscille entre 4 et 8 minutes... Il me dit qu'il pense que c'est pour cette nuit. Je décide de prendre un bain chaud (bon c'etait tiede, yavait plus beaucoup d'eau chaude!), les contractions ne passent pas. Ah oui aussi toute la journée j'avais encore enormément de pertes comme de l'eau. Fin de soirée, vers minuit je sais plus trop, mon homme commence à fatiguer (et en a marre de noter les heures...!) Je le laisse aller se coucher, je reste un peu sur internet puis je le rejoins. Vers 20, 21h les contractions avaient commencé a etre un peu plus genantes, un peu douloureuses... Et vers minuit on peut dire qu'elles étaient douloureuses. C'est venu progressivement. J'avais toujours cette idée que ça pouvait etre un "faux travail", car je m'attendais a bien pire!! Mais une fois au lit ça a commencé a etre suffisamment douloureux pour m'empecher de dormir.
Vers une heure et demi 2h je me relève, je continuais toujours à écrire les heures, ça n'était pas regulier à la minute près, mais ça tournait autour de 4- 5 minutes. Je retourne devant l'ordinateur sur mon ballon, je papote, et j'ai l'impression que les contractions s'espacent un peu. Je retourne me coucher en pensant que tout est en train de s'arreter...et que ca n'est pas pour cette nuit!. Je reussis a dormir un peu, enfin j'ai au moins somnolé je crois.
Et puis... 3h15...contraction... "Clac" Je sens quelque chose qui se rompt, eclate, pendant la contraction, en une seconde je sens le liquide amniotique couler le long de mes cuisses, sous mes fesses, c'est chaud, c'est impressionnant, en un instant, ça y est je le sais, ma fille va naitre. Je suis un peu desorientée, je reveille mon homme "mon amour, ça y est, j'ai pedu les eaux!"" ?? ha?? bon,ok, je me lève!" Je me leve à mon tour, je sens comme une angoisse m'envahir, le liquide chaud coule, la contraction devient vraiment douloureuse. Je me sens un peu paniquée et faible pendant les contractions, je ne sais pas pourquoi...je sais que je vais accoucher, tout simplement. Mon homme se prend un petit dejeuner express pendant que je prépare ce qu'il nous faut pour filer à la maternité, et tenir le coup jusqu'à l'accouchement.. J'ai mal, je respire. On y va. "Non attend mon amour j'ai une contraction". Ca passe, on y va vraiment cette fois...
En voiture, j'ai mal mais je gère. On grille un ou deux feux rouges... 4h environ.On arrive a l'hopital. J'attends peu de temps, je fais un petit pipi pour faire plaisir a la dame (que je connais soit dit en passant, c'est mon ancienne voisine!) Une sage femme me reçoit, la contraction m'empeche de grimper sur cette maudite table d'auscultation... Ca y est on y va. Je suis a 2cm. Moi: "c'est tout?". Je lui fais part de mon désir d'accouchement
naturel. Je le saurai plus tard, mais ça tombe bien, c'est son truc. Salle de travail, j'ai clandestinement apporté une bouteille d'eau, et mes
barres et gels energetiques (que j'ai commencé a prendre a la maison). J'ai vraiment mal le temps que je trouve la bonne positions, et que mon homme aille faire les papiers. Je cherche. Je me colle aux murs, je marche, je tourne en rond. Allongée? Non je ne peux pas, c'est atroce, j'ai trop mal sur ce lit. Nulle part où m'accrocher, me suspendre. Mon homme revient et je suis derrière la porte, les bras ecartés d'un mur a l'autre dans l'entrée. Je souffre, je ne sais pas comment me mettre, je ne trouve pas. La sage femme me ramène un ballon, une blouse, de grosses serviettes hygieniques, le monitoring. Elle allume le chauffage, il fait froid dans cette piece. Je m'assois sur le ballon, elle pose les electrodes. "C'est dingue ce qu'elles montent vite ces contractions, je n'ai pas le temps de les voir arriver et la douleur est intense des le début! C'est normal?" "Oui chez certaines femmes c'est comme ça".Elle m'aide a respirer, grande inspiration, je souffle doucement, pas jusqu'au bout, je reprend de l air, je ressouffle doucement... Ca va mieux. Merci madame. Le ballon aussi me soulage, je reprend le controle. Ouf. "La contraction n'est pas votre ennemi" me dit-elle. Oui c'est vrai, et j'arrive encore a l'accepter et à m'abandonner à cette douleur, pour m'ouvrir à mon bébé. Mon homme est assis en face de moi, j'enfonce mes doigts dans ses genoux, je regarde le monitoring. Bébé bouge, je suis contente de la sentir en moi. Ce sera bientot fini. On l'entend. Après le monitoring je reste longtemps comme ça. J'ai mal.... Parfois la contraction me submerge, elle arrive trop vite et je suis perdue, noyée sous la douleur. Pas toujours. Parfois j'arrive à accueillir cette contraction, j'en fais le tour, je la laisse passer en moi puis repartir. Je bois de temps en temps, j'ai la bouche sèche. Je laisse mon homme se reposer dans le fauteuil près du lit. Il est épuisé. Moi aussi. Le plus dur à gerer c'est cette fatigue... La douleur immediatement suivie par le sommeil. Je suis dans un état second, je me sens complètement ailleurs, la réalité est différente ici. J'ai l'impression d'etre shootée. Sans doute mes propres hormones. J'ai tellement sommeil que je ne peux pas me lever de ce ballon. Pourtant le lit m'appelle. "Et si je retentais...Peut etre que je pourrais me reposer entre deux contractions si j'etais allongée...." Cette idée m'obsède plusieurs minutes. J'ai trop mal et je suis trop fatiguée pour tout:rester ou m'allonger. Je decide de tenter le lit. Grossiere erreur. La contraction est plus forte que moi, allongée, je suis completement submergée. Je ne gère plus rien. Il doit etre 6h30 environ. Je voudrais retourner sur mon ballon. Mais j'en suis incapable. Après chaque contraction la fatigue est tellement intense et le répit si court que je ne peux pas bouger. Je ne maitrise plus rien ça y est. Au bout de quelques temps, peut etre une demie heure, j'arrive enfin a me decider et je retourne su mon ballon... Mais c'est trop tard, j'ai beau essayer de respirer, de me preparer, je suis dépassée. Tout m'échappe. "Mon amour appelle la sage-femme...Je n'y arrive plus..Si ça continue je ne pourrai plus...Je finirai par demander la peri..." Je parle bizarrement, je ne suis plus moi meme. Une infirmiere arrive "la sage femme va arriver". Elle n'arrive pas. Je re sonne. Elle finit par venir... Je lui dis tout ca, que plus rien ne marche, que tout m'echappe, que finalement je vais peut etre prendre la peridurale. Elle me rappelle pourquoi je n'en voulais pas, je suis si triste... Je finis par lui demander de regarder mon col. Elle ne l'avait fait qu'a mon arrivée, vu que je voulais un accouchement le moins medicalisé possible. Elle me dit "ok je vais regarder, mais vous savez, quand vous etes arrivée, vous étiez en pré-travail" Alors la dans ma tete, c'est le monde qui s ecroule...Je me dis si ça se trouve je ne suis toujours pas en travail... Peut etre qu'il me reste encore 10h comme ça...Je suis ne suis peut etre qu'a 3cm...C'est clair que je ne pourrai pas...Je vais devoir
prendre la peridurale. Je dois retourner sur ce lit de malheur. Je finis par
y arriver. Je me tord de douleur, elle m'ausculte et la:
"Vous etes à 9cm!" <<----- une des nouvelles les plus joyeuses de toute ma vie!
"Vous etes sure que vous n'avez pas envie de pousser?" Et bien
maintenant que vous le dites... Oui je vais accoucher. J'ai envie de
pousser. Je ne peux pas rejoindre le bloc a pieds. On fait rouler mon lit
jusque la bas. La douleur est au maximum. "On va vous soulager" "Non!!" "Si on va vous passer le masque" Moi: "Le gaz hilarant? Non, non!" la SF :"Mais enfin vous ne voulez pas qu'on vous aide???" dit-elle ahurie "Non je veux juste accoucher!!! Je ne veux pas shooter mon bébé..." On arrive. Je dois passer sur le lit d accouchement. Comment faire? Je me releve un peu, je passe a droite et j'arrive a quattre patte sur ce lit. Je ne peux plus bouger. Impossible. Il faut que je pousse. Mon corps entier me demande de pousser comme ca, maintenant, à quattre pattes. Je pousse. On me demande de me mettre sur le coté. Je ne veux pas. La sage femme me dit qu elle ne pourra pas m'aider comme ca. Mais moi je m'en fiche je ne veux pas qu'elle m'aide. "C est pas grave" dis-je a la sage femme! Je sais comment faire, mon corps reflechit a a ma place. Je ne suis plus une femme, je suis un animal, un mammifère, je vais mettre au monde mon petit. Negociation, mon copain finit par me demander de l'ecouter...Je cede. Je me mets sur le coté. Je pousse de droles de cris, de gemissements,je n'avais jamais fait ça avant. Ca vient du fond de mon ventre, de mes entrailles. La sage femme me dit qu'elle va mettre un peu de vaseline pour faciliter le passage. Ok. Je commence a pousser meme si je n'en ai pas grande envie. Je sens qu'on me touche la vulve. Ca brule. Je crie. "Arretez de me toucher!!!!!!!!" "Me touchez paaaaaaaaassssss!!! La tete arrive, je sens que quelque chose passe, legerement. Mon copain me dit qu'il a vu ses cheveux! Je demande si elle va bien. On ne me repond pas. Il ne faut plus trainer maintenant. Une autre contraction arrive, je pousse en soufflant, je me dis qu'il faut que je m'ouvre completement pour la laisser passer. J'ai les bras aggrippés a la tete de mon lit, ca me bouche les oreilles. Je suis coupée du monde, de toute facon le monde n'existe plus. On m'appelle, j'entends mon prénom. Ma fille arrive il faut que j'aille la chercher. Je vois un bras entre mes cuisses. Je tends mes mains maladroites, je saisis quelque chose de chaud et doux, si doux, moite, ça y elle sort completement. Elle pousse un joli cri, qui n'est pas un cris de douleur ni de protestation. Il est 8h15. Eden est sur mon ventre. Qu'elle est douce et chaude. Mon Dieu. Ca y est. Ma princesse. Le cordon est très court et on me dit qu'il faut le couper tout de suite, je ne veux pas mais je n'ai plus l'ascendant sur ce qui se passe ici. Et puis je vois qu'elle respire très bien. L'equipe donne les ciseaux a mon homme, qui comme moi n'est pas plus motivé que ça pour le faire. Mais bon l'equipe insiste un peu. Il le fait, mais en trois fois, ça gicle! Moi je ne vois rien. Le cordon est coupé. On me la remonte sur ma poitrine.Je ne vois pas le visage de ma fille mais je ballade mes mains sur son petit corps, sous la couverture. Je finis par rencontrer son visage.
Elle belle.Vraiment magnifique. Toute rose. Joli petite princesse tu es enfin la. Elle rampe sur mon corps. Je ses ses petites jambes glisser sur ma peau.
Quel délice. C'est trop beau.
La mes souvenirs sont un peu flous, on la dirige vers mon sein gauche, elle tete. Elle tete vraiment cette petite! Super reflexe de sucion. Elle ne lachera le sein que pour les soins (que j aurais voulu repousser a plus tard, je ne veux pas etre separee d elle, mais je n ai plus assez de courage pour gagner contre l equipe medicale... Expulsion du placenta juste a temps pour eviter l'anesthesie generale... Ouf. Je demande a le voir. C'est rigolo on se croirait chez mon boucher, un beau foie de veau...lol.
Les soins. Je ne veux pas d aspiration du nez. Par contre la SF veut vraiment passer une sonde dans sa bouche, pour verifier que l'estomac n'est pas fermé je crois. Elle me dit que ca n'est pas douloureux. Je ne veux pas mais je n'ai pas le choix. Et je ne pourrai pas assister aux soins malgré ma demande. Tant pis. Tout va bien. Son papa y va. Elle n'a pas vraiment pleuré. Il a fait du peau a peau, moi aussi, re tetée... Puis on est montés a la maternité, l'accouchement était terminé...
Eden est née le 21 octobre 2007 a 8h15 du matin. Magique.