Venue au monde de Soa
Ta naissance est prévue pour le 14 mars 2007
Le 3 mars : il est 9 h 30. Avec ton père on se réveille tranquillement. On papote, on rigole. Il te parle. J’aimerais bien flâner mais j’ai envie de faire pipi depuis un petit moment. A quatre pattes sur la mezzanine, oup’s, je sens quelque chose qui coule mais pas à l’extérieur. C’est rigolo. On en parle avec papa et on en rigole encore. Aux toilettes : une tâche marron pas très glop. Ton père me dit d’appeler la maternité (il a senti le coup venir). J’appelle et on me dit de venir pour vérification. Je ne pense qu’à une chose : manger avant de partir (on ne sait jamais même si je n’y crois pas). Une cuillère de crumble, deux cuillères de crumble, trois cuillères de crumble. Ah ben non je n’ai pas si faim que ça. Direction la douche. Papa me dit qu’il prend la valise pour la salle d’accouchement. Mouais…
En 7 minutes, nous sommes à la maternité. On sonne comme on nous l’a expliqué à la visite guidée et on attend. J’explique mon cas. On me dit qu’il y a beaucoup de monde et que si ça ne m’embête pas il faudra attendre un peu. OK d’ac, on attend. Tiens là j’ai un peul mal au dos. J’ai du dormir dans une mauvaise position… Ho ho mais je regarde l’horloge digitale à gros chiffres rouges et … il me semble que ce mal de dos revient régulièrement. Papa regarde : effectivement j’ai mal toutes les 4 minutes ! Ca y est on vient de comprendre que j’ai des contractions. Au bout de quelques minutes, je suis accroupie entre les jambes de papa, question de mettre en pratique ce que j’ai appris aux cours d’accouchement. V’lan v’la les SF qui débarquent affolées, croyant que tu vas sortir. Tout sourire, je leur explique que tout va bien.
Salle d’examen : vient le moment où enfin, on va voir ce qu’il en est. Faut que je m’habille en conséquence, que je fasse un pipi pour test. Ok d’ac. Même le temps de faire un popo. (toujours ça qui n’ira pas sur la table d’accouchement !). Poche des eaux bel et bien rompue, (du marron ? on ne me dit rien et je ne demande rien) et je suis à 2 doigts.
Salle de travail : papa et moi, on s’installe. Oh, le ballon ! Chouette ! Oh, un coussin d’allaitement ! Cool ! Si je ne suis pas bien avec tout ça ! Ah ben, non ça va pas bien. Allez, on va arpenter les couloirs. Déserts, ils sont. Rien que pour moi, ils sont. On marche. Aïe, ce mal au dos. Flûte alors. Papa me gaze un peu avec le « « V’la que ça me fait mal même dans la cuisse droite. Rhaaaaaa, ça c’est pô cool. Je ne peux plus marcher. Zou, au ballon. Ca fait du bien. Non, finalement pas mieux. Au lit, alors. Les SF et puèr passent et me regardent avec de drôles de têtes. C’est sûr, je ne suis pas très glam’ là. Deux minutes de répit. Et mince, crotte, zut, ça fait mal. Je me souviens bien de comment accompagner la douleur. Mais je n’y arrive pas. En théorie, toujours aussi forte. En pratique, toujours aussi nulle.
Papa n’en peut plus. Il appelle la SF et demande la péridurale. Je ne fais plus la maligne. Je suis épuisée, pas envie de discutailler sur ma peur de la péri.
Direction salle d’accouchement : une SF m’accompagne en me tenant la main et en me frottant le dos. Elle me regarde avec un sourire compatissant et me dit que depuis le temps qu’elle me voit, elle se demandait quand j’allais me décider pour la péri. Papa lui explique que ta mère est une flippée de la péri. Hmmm, mon dieu que c’est bon. Haaa, affolement général : on n’entend plus ton coeur et maman a une tension trop basse. J’ai froid, très froid. Une petite couverture ne fait pas l’affaire. Une couette ? Hmm moui. C’est bon. Le travail reprend. Ouf, je vais pouvoir me reposer et papa va pouvoir aller manger, sortir le chien…etc. Il est 15 h 30.
Une heure plus tard, j’ouvre les yeux. J’ai l’impression d’avoir eu une bonne nuit de sommeil tellement c’était réparateur. Ton papa arrive un peu après (avec son journal favori : l’Equipe) et m’annonce qu’à côté une dame accouche. Apparemment elle est très digne : on n’entend que la SF. On reprend nos discussions, on surveille le monito. Ton père est toujours parfait. Il intervient quand il faut, ni trop ni trop peu. La SF vérifie et me dit qu’elle remet un peu de produit pour accélérer le travail. Elle finit à 19 h et aimerait me faire accoucher. Allons-y pour le produit. Vers 17 h 15, je recommence à avoir mal. Au fur et à mesure la douleur se fait de plus en plus violente, je ne maîtrise à nouveau plus mon souffle, papa m’asperge d’eau. Bon, ça ne nous empêche pas de papoter. 18 h 00 : la SF me dit que c’est pour bientôt. Encore 15 minutes et on y va. Et elle s’en va ; A 18 heures 20, je te sens avancer en moi. Je dis à ton père : « elle va sortir, elle va sortir, je sens sa tête » en hurlant. « Appelle la SF ». Papa l’appelle et moi je ne fais que te sentir avancer vers la sortie à chaque contraction. La SF est décontractée, zen. Je suis paniquée, je suis certaine que tu vas sortir avant qu’elle n’ait fini de se préparer et ne se tourne vers moi. Elle se retourne, me sourit et … repart tranquillement. Au secours, mon bébé va sortir ! Quelques secondes plus tard, la puér, le gyncéco et la SF sont là auprès de moi et me demandent de souffler. J’expire l’air de mes joues, une fois puis deux. Je n’ai décidément rien retenu de mes cours de préparation à l’accouchement. Très forte pour la théorie, trop nulle pour la pratique. Le gynéco m’arrête et m’explique qu’il faut que je fasse comme si je voulais aller au fond de l’eau. Ok d’ac j’ai compris. Je pousse une fois. Parfait. Il me dit que cette fois-ci je vais pousser puis m’arrêter dès que la SF me dira « STOP ». Ok. Je pousse et… la SF n’a jamais eu le temps de dire « STOP ». Tu as sorti la tête et les épaules sont passées en même temps ! 2 poussées t’auront suffi à pointer ta petite bouille. Tu es toute marron et toute frisée. La puér te frotte un peu et hoooo tu n’es pas marron), tu n’es pas frisée. Il est 18 h 36 (approximativement car personne n’a vraiment regardé l’horloge).
La SF, toute chamboulée, (c’est son premier accouchement) coupe le cordon sans demander à ton père au préalable et te pose sur mon ventre. J’ai le cœur qui chavire d’un grand plein d’amour qui a émergé en même temps que tu es sortie. Ton père est heureux, a les yeux qui brillent et il te regarde avec des yeux que je ne lui ai jamais vus. Tu es le plus beau cadeau qu’on pouvait espérer 2 ans après notre rencontre. Tu es là, sur mon ventre... et tu finis de lâcher tout le méconium sur ta maman (d’où le marron de ta peau et du liquide amniotique). Bienvenue à toi. Tu pèses 2 kg 520 et tu mesures 49 cm petite crevette.
La puèr te reprend pour te nettoyer. Ton papa la suit à la trace pour te regarder dans tes premiers instants de vie dans notre monde. Tu es à nouveau sur moi avec la petite couverture qu’on a choisie avec amour pour ta venue. Il faut que tu te réchauffes. Quelques minutes plus tard, la puèr prend ta température : toujours pas bon. On s’y reprendra à 3 fois jusqu’à ce qu’elle te dise que sinon c’est la couveuse. Et comme tu comprends déjà tout, tu te réchauffes. Elle t’habille et te met près de moi. Toi mon petit cœur tout frais sorti de moi, tu sais ce qu’il faut faire : tu prends le sein de ta maman et tu tètes en fermant les yeux. Nous, tes parents, te regardons avec émerveillement. Oui, nous sommes parents de toi joli cœur.
C’était il y a 1 an, jour pour jour. Nous n’avons rien oublié de ces doux moments. Pour marquer le coup, toi, mon amour à qui je donnerai tout, tu as fait tes premiers pas.
Des milliers, des millions, des milliards de baisers ne suffiront jamais à te montrer l’étendue de notre amour pour toi Soa.