Posté le : 19-02-2008 à 16:43
voici ce que jai trouvé
http://www.who.int/reproductive-health/publications/French_MSM_96_24/MSM_96_24_chapter2_part1.fr.html
2.3 Nutrition
Les opinions sur la nutrition pendant l'accouchement diffèrent grandement de par le monde. Dans de nombreux pays industrialisés, la crainte de la régurgitation du contenu gastrique pendant une anesthésie générale (syndrome de Mendelson) continue de justifier la règle qui consiste à ne rien donner à manger ou à boire à une femme en travail. Pour la plupart des femmes en travail, le problème de la rétention des aliments ne se pose pas car, de toute façon, elles n'ont pas envie de manger pendant le travail bien que beaucoup d'entre elles aient désespérément besoin de boire. Dans de nombreux pays en développement, des croyances traditionnelles liées à la culture interdisent aux femmes de manger ou de boire pendant le travail.
La crainte qu'en mangeant ou en buvant pendant l'accouchement une femme s'expose au risque de régurgitation du contenu gastrique lors d'une anesthésie est réelle et sérieuse. Toutefois, ce n'est pas en interdisant les aliments et les boissons pendant l'accouchement qu'on aura la certitude que le contenu gastrique est réduit (Crawford 1956, Taylor et Pryse-Davies 1966, Roberts and Shirley 1976, Tettambel 1983, Mc Kay et Mahan 1988). Plusieurs essais ont été faits pour réduire le contenu gastrique ou l'acidité du contenu, par des moyens pharmacologiques ou en interdisant la consommation d'aliments ou de boissons, mais aucune méthode ne s'est révélée efficace à 100 %. Etant donné l'éventail des niveaux de pH observés, un chercheur a conclu que l'administration systématique d'antacides pendant le travail ne pouvait prévenir avec certitude le syndrome de Mendelson ni modifier le volume du contenu gastrique.
Le risque de régurgitation est associé aux risques de l'anesthésie générale. Comme il n'est pas possible de prévenir avec certitude le syndrome de Mendelson, l'approche correcte pour un accouchement normal doit inclure une appréciation des risques liés à l'anesthésie générale. Une fois l'évaluation faite, l'accouchement à faible risque peut être pris en charge sans administration d'antacides.
Le travail requiert une formidable énergie. Comme il n'est pas possible de prévoir la durée du travail et de l'accouchement, il est important de refaire le plein d'énergie pour assurer le bien-être du foetus et de la mère. L'interdiction rigoureuse de toute alimentation par voie orale peut provoquer une déshydratation et une cétose. Le traitement courant consiste à infuser par voie intraveineuse du glucose et des liquides. Les effets de ce traitement sur la mère ont été évalués au moyen d'un certain nombre d'essais randomisés (Lucas et al. 1980, Rutter et al. 1980, Tarnow-Mordi et al. 1981, Lawrence et al. 1982). L'élévation du glucose sérique moyen semble s'accompagner d'une augmentation de l'insuline maternelle (et d'une réduction des niveaux moyens de 3-hydroxybutyrate). Elle se traduit aussi par une élévation du glucose plasmatique chez le bébé et peut entraîner une baisse du pH sanguin de l'artère ombilicale. Un hyperinsulinisme peut se produire chez le foetus lorsque la mère reçoit plus de 25 grammes de glucose par voie intraveineuse pendant le travail. Il s'ensuit une hypoglycémie néonatale et une augmentation du lactate sanguin. L'utilisation excessive de solutés intraveineux non salins peut entraîner une hyponatrémie chez la mère et chez l'enfant.
Les complications mentionnées ci-dessus, spécialement la déshydratation et la cétose, peuvent être prévenues en faisant boire la mère pendant le travail et en lui donnant un peu à manger. Les infusions intraveineuses systématiques gènent le processus naturel et empèchent la femme de bouger librement. Même la pose systématique d'une canule intraveineuse à titre prophylactique peut encourager les interventions superflues.
Dans le cas de l'accouchement à domicile, aucun traitement particulier n'est administré, aucun antacide n'est utilisé et la femme est libre de manger et de boire. Parfois, les femmes sont prévenues que si elles mangent ou si elles boivent pendant le travail, elles peuvent avoir des nausées mais puisqu'elles sont chez elles, personne ne peut surveiller ce qu'elles mangent ou ce qu'elles boivent. Lorsqu'une femme décide de manger, elle se limite généralement à des aliments légers, faciles à digérer. Intuitivement, elle évite les aliments et les boissons riches. On peut dire sans risque d'erreur que pour l'accouchement normal à faible risque, quel que soit le cadre, il n'est pas nécessaire d'interdire la consommation d'aliments. Toutefois, il convient de se demander sérieusement si les effets d'une ingérence dans la nutrition maternelle pendant l'accouchement ne sont pas pires que les risques de syndrome de Mendelson. Et de nombreuses questions restent posées, ainsi : existe-t-il des recherches sur le travail avec un estomac plein ? Y a-t-il une différence entre boire et manger un peu et pas du tout ? Existe-t-il des données sur les effets de l'interdiction de manger et de boire pendant l'accouchement dans les pays en développement où on ne dispose d'aucun moyen pour pallier la perte d'énergie en cas de travail prolongé ?
En conclusion, la nutrition est un sujet d'une grande importance, qui revêt en même temps des formes très diverses. L'approche correcte semble consister à ne pas aller à l'encontre du souhait de la femme de manger ou de boire pendant le travail et l'accouchement car, pendant un accouchement normal, il faut une raison valable pour intervenir dans le processus naturel. Il existe cependant de nombreuses craintes et des habitudes dont il est difficile de se défaire dans le monde entier et chacune doit être traitée de façon différente.