Le vendredi 20 avril : Interruption Médicale de Grossesse
8 heures : je suis rentré a l hôpital avec ton papa, on nous a installés dans une chambre seule, loin des mamans comblées et des pleurs des bébés.
On m'a administré des médicaments afin de déclencher les contractions, 10 min après, elles sont arrivées, mais pas assez fortes pour t’expulser mon amour. C’est dur de parler ainsi de toi, mais c’est la dure réalité.
11 heures : la sage femme m’a donné d’autres médicaments à prendre, les contractions étaient plus fortes, mais le col n'était pas assez ouvert, la sage femme m'a transfusé avec du sucre, car j'avais mal au ventre tellement j'avais faim aussi…
13 heures 30 : après une très forte contraction, j’ai perdu un peu de liquide amniotique, j'ai appelé la sage femme pour la prévenir, elle m'a examinée et m a dit que tu étais pratiquement expulsé, mais malicieux comme tu es, tu as trouvé le moyen de rester coincé dans mon col, je parle de toi comme si à ce moment là, tu vivais encore en moi, mais je sais que tu n’a pas survécu à toutes les contractions subies…
J’ai mal de t’avoir enlevé la vie, mais au fond de moi, c’était la meilleure décision à prendre.
La sage femme qui nous a accompagnée cette journée était vraiment formidable, elle nous a laissé tous les trois dans cette chambre. Nous n’étions pas en salle de travail, ou le milieu médical est tellement présent et angoissant. Je me sentais sereine et forte en même temps !
La sage femme m'a proposé d’accoucher dans mon lit, j'ai trouvé ça tellement rassurant et intime !
14 heures : j’ai repris d’autres comprimés étant donné que je réagissais plutôt bien avec. Mais pourtant, pas de fortes contractions, c’est comme si elles commençaient, puis s’arrêtaient.
J’ai perdu la totalité du liquide amniotique et un peu de sang.
Nous avons bipé à nouveau la sage femme, elle m’a dit que c’était un peu juste pour la péridurale, j’ai alors refusé étant donné que je supportais bien les contractions…
Me connaissant, je n’en reviens pas, tellement douillette, comme je suis…
La sage femme a téléphoné à mon gynécologue afin de l’informer de la situation.
15 heures 30 : elle est revenue me voir en disant que le mieux à faire était de m’envoyer au bloc pour une anesthésie générale de 5 min pour qu’il t’arrache à mon corps, et fasse la révision utérine.
On m’a envoyé au bloc, ton papa ne pouvait pas venir, il est donc parti faire un tour et récupérer ton frère.
Arrivé au bloc, j’étais angoissé, je n’aime pas cet environnement, ça me terrifiait !
On m’a mis un masque d’oxygène sur le visage, et introduit le produit anesthésiant dans ma perfusion.
16 heures : J’ai ouvert les yeux en salle de réveil, on m’a ramené dans ma chambre, j’ai téléphoné à ton papa pour lui dire que c’était terminé, il est arrivé 20 min après, le temps d’aller chercher ton frère à la crèche.
ton frère ne comprenait pas trop ce que je faisais dans un lit d’hôpital, je lui dis que maman avait « bobo ».
J’ai mal en bas du ventre comme des grosses douleurs de règles, j’ai mal à la gorge aussi étant donné que j’ai été intubée durant l’anesthésie, mais J’AI SURTOUT MAL DE T’AVOIR PERDU….
Je me sens vide et seule à la fois, tu faisais tellement partie de moi, de ma vie, de notre vie.
Celle-ci est vraiment injuste !
18 heures 20 : papa et ton frère s’en vont, je ressent un sentiment profond de solitude…on frappe à la porte, une aide soignante m’apporte mon premier repas de la journée, je le dévore, même si ce n’est pas terrible : potage, hachis de courgettes, pain, fromage, banane. Je téléphone à ma famille, et amis proches.
20 heures : ton frère m’appelle, ça me fait du bien de l’entendre, c’est une des premières fois que je ne suis pas avec lui pour lui faire un câlin avant qu’il aille se coucher ! Mais, je sais que papa se débrouillera et gérera la situation, car ton grand frère est un vrai petit monstre quand il s’y met…
23 heures : je me sens fatiguée et tendue en même temps, j’ai mal au ventre, mais j’ai besoin de dormir, j’appelle ton papa pour lui souhaiter une bonne nuit, et lui dire que je l’aime, il à vraiment été présent durant cette douloureuse journée ! Et je le remercie pour ça !
Le lendemain :
7 heures 30 : on m’envoie mon petit déjeuner.
8 heures 30 : le gynécologue passe me voir, je lui demande comment ça s’est passé hier, il me dit que « tout s’est bien passé, tu as été extrait rapidement, en même temps que le placenta »
10 heures : papa me téléphone, il passe me prendre, et nous rentrons chez nous, mais seulement tous les trois, il manque un petit être…mon ange…