Parents épuisés : les nounous de nuit
Les nounous de nuit, c'est quoi ?
L'arrivée d'un bébé, on le sait bien, est un challenge de plus dans la vie d'un couple. Ajoutez à cela, les injonctions de la société : être un parent parfait, travailler beaucoup, faire du sport, prendre soin de soi, etc. Et réussir à jongler entre tout ça demande de dormir pour recharger ses batteries.
Seulement, un nouveau-né, ne dort pas beaucoup. Et certains bébés mettent des mois et des mois avant de faire leur nuit. Certains jeunes parents se sentent donc épuisés, au bord du burn-out parental.
C'est en partant de ce constat que plusieurs entreprises proposent désormais un nouveau service, les nounous de nuit.
Le principe ? Une professionnelle de la petite enfance vient chez vous, s'occuper de votre bébé pendant que vous dormez du sommeil du sage.
Nurses de nuit : Un budget relativement important
Faire appel à une nounou de nuit pour pouvoir se reposer a un coût. Selon les entreprises, il faut compter entre 95 et 160 euros la nuit. Des crédits d'impôts sont tout de même possible avec ce type de garde. L'avantage ? Les entreprises spécialisées dans les nounous de nuit, Ma bonne fée ou Nounou Décalée par exemple, proposent aux parents des nounous qualifiées, assistantes maternelles et spécialistes de la petite enfance.
Il ne s'agit donc pas forcément de gardiennage mais également de recevoir des conseils, et une relation de confiance, qui permet vraiment aux parents de dormir sur leurs deux oreilles.
Qu'en pensent les spécialistes de la petite enfance ?
Le recours à des nounous de nuit, plutôt réservées à des parents urbains, avec un fort pouvoir d'achat, pose des questions aux psychologues et aux pédiatres, spécialistes de la petite enfance.
Interrogée par l'Obs, Sarah Bursaux, pédiatre est, par exemple, opposée à cette pratique : « Le recours à des nounous de nuit, je trouve ça assez délirant parce que ça a quelque chose de très déshumanisant. Soit on considère son bébé comme un objet qui peut être gardé et éduqué par quelqu'un d'autre, soit on s'approprie la relation qu'on a avec lui et on lui apprend à dormir ».
De plus, les pédiatres sont assez unanimes sur le besoin qu'a un nouveau-né de passer de temps avec sa mère.
Cependant, parfois, les situations sont complexes, et pour les parents le recours à une nounou de nuit quelques nuits de temps en temps est une nécessité. Les mamans solos, les parents avec des horaires décalés, les parents de jumeaux ou de triplés se sentent parfois seuls et débordés et ont besoin d'aide.
C'est ce qu'explique Delphine Cochet, cofondatrice de Ma bonne fée, à Libération : « Aujourd'hui nous comptons plus de 200 couples : des mamans sorties trop tôt de la maternité, des parents épuisés qui n'arrivent pas à remonter la pente, la famille qui fait un cadeau de naissance - 5 % de nos réservations -, les parents qui souhaitent de l'aide professionnelle et des conseils. Il y a souvent aussi le cas des pères qui sont débordés de travail ou encore des parents de jumeaux ou triplés, et ceux qui ont déjà des fratries ».
Des congés maternité trop courts ?
Cette augmentation du recours à des aides de nuit, est peut-être le symptôme d'un dysfonctionnement des congés parentaux.
Les mamans ont aujourd'hui, en France, ont 16 semaines de congé maternité répartit comme suit : 6 semaines de prénatal et 10 semaines post-accouchement.
Or, un accouchement n'est pas un acte anodin. Il faut au minimum 6 semaines pour que le corps d'une femme se remette. Ajoutez le fait d'allaiter par exemple, qui demande une énergie supplémentaire au corps, les nuits segmentées...les mamans ont souvent l'impression, même plus d'un an après la naissance de leurs enfants, qu'elles sont épuisées...A ce jour, pourtant, les politiques, malgré de rapports favorables, n'ont pas allongé la durée de ce congé maternité.
Idem pour le congé paternité, qui permet au jeune papa de soutenir sa compagne. Il est actuellement de 11 jours...Autant dire rien du tout.
La place des femmes dans la société
Autre problème, être une femme aujourd'hui. Les nounous de nuit se multiplient également parce que les femmes qui ont des postes à responsabilité ont peur de perdre en crédibilité en ne reprenant pas le travail assez vite.
C'est ce qu'explique Geneviève Fraisse, philosophe et historienne à L'Obs : « On comprend que les femmes paniquent et aient envie de revenir au travail rapidement après leur grossesse et leur maternité. Et ce n'est pas parce qu'elles ne s'intéressent qu'à leur métier. Pendant qu'elles sont arrêtées, elles subissent des revers et des coups bas. On leur subtilise des dossiers ou des responsabilités. Elles constatent que les hommes se vengent du pouvoir qu'elles ont pris ».
Ajoutez à cela l'isolement des parents parfois, avec des grands-parents loin géographiquement et/ou qui sont encore actifs et on comprend vite pourquoi la nuit les nounous veillent sur les bébés, et que les parents ont besoin d'un peu de sommeil...