La précocité intellectuelle : comment réagir ?
La précocité, pas une rareté !
La précocité intellectuelle fait souvent « sortir du lot » les enfants concernés ; mais en réalité, elle n’est pas vraiment rare. On estime que 400 000 enfants de 4 à 16 ans actuellement scolarisés sont concernés, soit environ 4 % de la population. Contrairement à une autre idée reçue, les enfants précoces ne sont pas plus nombreux qu’avant ; simplement, les techniques de dépistage et les modes de prise en charge sont aujourd’hui plus efficaces. Par ailleurs, l’information autour de la précocité, de ses signes et de ses caractéristiques ont été largement diffusés par les médias, entre autres ; parents, enseignant.e.s et professionnels de l’enfance et de la santé sont davantage informés.
Quand détecter une précocité ?
Difficile d’établir la précocité intellectuelle d’un enfant avant trois ans, soit avant l’entrée à l’école ! Cependant, certains signes peuvent vous mettre la puce à l’oreille : un enfant de 2 ans très demandeur d’apprentissages, comme la lecture, présentant une excellente mémoire ou manifestant un intérêt profond pour des sujets complexes (préhistoire, civilisations antiques, espace, zoologie…) évoque une situation de précocité.
Mais c’est à l’école que les signes les plus probants seront détectés ; même si les enseignant.e.s ne sont pas toujours suffisamment formé.e.s à la détection de la précocité, ils peuvent vous alerter sur des comportements qui ne trompent pas. Si votre enfant utilise un vocabulaire très riche et précis dès la petite section, qu’il.elle recherche surtout la compagnie des plus grands et des adultes, qu’il.elle s’isole, ou encore si le graphisme semble poser problème (typiquement, l’enfant est brillant et pertinent à l’oral mais ne parvient pas à colorier sans déborder ou à tenir correctement son crayon), il faut lancer des investigations pour en avoir le cœur net.
Précocité : qui consulter ?
En premier lieu, un rendez-vous avec l’enseignant.e s’impose pour recueillir son avis. Il.elle pourra vous aiguiller, le cas échéant, vers le bon professionnel.
Mais le parcours traditionnel consiste à écarter, tout d’abord, tout problème physiologique ; ainsi, des bilans ophtalmologiques, auditifs et orthophoniques permettront d’écarter tout souci annexe. Si votre enfant présente des difficultés en matière de graphisme et de motricité (équilibre, jeux de balles et de ballons, maladresse générale), faire le point avec un.e psychomotricien.ne et mettre en place une rééducation peut être utile. Pas de panique : un problème d’ordre psychomoteur peut se résoudre rapidement.
Prenez ensuite contact avec le.la psychologue scolaire pour envisager un bilan. Celui-ci comporte en général une évaluation du fonctionnement intellectuel, à l’aide d’une échelle d’intelligence générale (WISC, WPPSI, WAIS, K-ABC) qui permet au praticien d’en savoir plus sur les points forts et les points faibles de votre enfant. D’autres tests complémentaires peuvent venir en renfort. Les résultats dégagent un profil psychologique qui va servir de base à d’éventuelles actions : remédiations, adaptations à l’école, saut de classe, changement d’établissement… Le Q.I (Quotient Intellectuel) est évoqué, bien sûr, mais il n’est qu’un des éléments du bilan ; en tant que tel, il n’est pas très utile…
A savoir : ces tests peuvent aussi être pratiqués par un.e psychologue en libéral.
Mon enfant est précoce : et ensuite ?
Savoir qu’il est précoce, qu’est-ce que ça change ? Tout d’abord, cela soulage tout le monde : mettre un mot sur sa différence permet à votre enfant de savoir que tout va bien et de se sentir reconnu et pris en compte. De votre côté, cela peut apaiser certaines inquiétudes et enfin, côté école, cela peut expliquer des comportements et permettre la mise en place d’adaptations si besoin.
Tout dépend aussi de l’étendue de cette précocité : votre enfant sera-t-il en mesure de suivre dans son école et de rester avec ses camarades sans ennui, ou bien faut-il envisager un saut de classe ? Les pistes dégagées par le.la psychologue vous orienteront aussi vers d’éventuels professionnels : graphothérapeute, psychomotricien.ne, suivi psychologique…
Les comportements des enfants précoces suscitent parfois des inquiétudes pour les parents : sera-t-il.elle capable de s’adapter au système scolaire ? Risque-t-il.elle l’échec ? Parviendra-t-il.elle à s’intégrer ? A toutes ces questions, il n’y a que votre enfant pour répondre ; mais en l’accompagnant de votre mieux, vous maximisez ses chances de bien vivre ce « petit truc en plus » et d’en tirer le meilleur !