Interruption médicale de grossesse (IMG) : Une jeune femme raconte son traumatisme
Perdre un enfant. Voici la chose la pire au monde. C'est ce qu'a vécu Sherifa en 2017. La jeune femme tombe enceinte de son premier enfant. La grossesse se passe bien. Jusqu'au 7eme mois de grossesse. Alors qu'elle fait une échographie de contrôle, la sage-femme lui annonce que quelque chose ne va pas.
Son enfant à naître a une maladie génétique. Il ne pourra pas survivre. Cette nouvelle est confirmée par un spécialiste.
« Je suis arrivée en état de choc à la maternité »
La jeune femme raconte ensuite sur Europe 1, le calvaire qu'elle a vécu à l'hôpital : « Il s'agissait de mon premier enfant-, on appelle ça être une primipare, j'étais complètement novice en la matière -, et je suis arrivée en état de choc à la maternité pour pratiquer un fœticide, le nom précis de l'opération. On m'a fait signer un papier qui était titré "IMG" et je ne savais pas ce que cet acronyme voulait dire. On m'a expliqué qu'on allait mettre fin à sa vie dans mon ventre ».
Ensuite tout empire. Sherifa raconte que la veille de l'IMG, un étudiant en médecine, non expérimenté s'occupe de préparer son corps à l'accouchement, elle raconte la douleur de cette première journée.
Elle poursuit : « Le lendemain matin, j'ai été emmenée dans une salle stérile et on m'a allongée sur le ventre. J'ai alors compris qu'on allait piquer mon ventre, comme ça, pour tuer mon enfant. J'ai commencé à paniquer totalement et je leur ai demandé en pleurant si des anxiolytiques ou une péridurale étaient prévus pour m'aider ».
L'anesthésiste lui refuse tout médicament ainsi que la péridurale. Après un travail de 15 heures, Sherifa met au monde son enfant mort-né. Elle ne peut passer que quelques minutes avec sa petite fille pour lui dire au revoir, et ne peut même pas récupérer le petit bonnet, parce que celui-ci appartient à l'hôpital.
Aucun suivi psychologique
Mais son calvaire continu. Alors qu'elle demande un soutien psychologique, elle reçoit à nouveau une fin de non-recevoir de l'hôpital leur psychologue étant en vacances.
48 heures après avoir été hospitalisée, elle ressort donc seule, ne pouvant compter sur le père de sa fille et sa famille.
Quelques mois plus tard, Sherifa décide d'écrire à l'hôpital pour leur reprocher ce qu'elle a dû endurer. Elle reçoit des excuses, mais qui ne suffisent, bien entendu pas, à l'aider à faire son deuil.
Elle aurait voulu, et cela aurait été on ne peut plus normal, que sa douleur soit prise en compte par le personnel hospitalier : « Ce qui m'a le plus blessée et choquée, au-delà de perdre mon enfant, c'est l'absence de prise en compte de l'immense souffrance de la mère à ce moment-là. J'ai vraiment été traitée comme on traite une appendicite alors que mon enfant allait mourir et que j'étais actrice dans sa mort »...